les 10 ans du Conservatoire

jeudi 24 avril 2008 12:50 par Jacky Denger    Metz

des broderies de Lunéville

Les créations du grand couturier Christian Lacroix et celles du maître bottier Raymond Massaro seront représentées à l'occasion  des 10 ans du Conservatoire de la broderie de Lunéville, installé dans le château du même nom. Vernissage le 25 avril d'une exposition  très au point ... de Lunéville.



On connaît Lunéville pour son château, construit pour Léopold Ier de Lorraine et embelli par Stanislas Lezczynski. Ce " petit Versailles lorrain " a été partiellement détruit par un incendie dans la nuit du 2 au 3 janvier 2003. Les flammes ont gravement endommagé la chapelle, le musée et ses collections et les anciens appartements ducaux, occupés par le cercle des officiers du 53e régiment de transmission. Sur les quatre salles que comptait le musée, les collections de deux d'entre elles ont été détruites. Elles comprenaient des faïences, des peintures, des œuvres d'arts graphiques et d'arts décoratifs datant du XVIIIe siècle ou relatives à l'histoire du château, des ducs de Lorraine et du roi Stanislas Lezczsynki. Ce château abritait aussi, depuis 1988, le Conservatoire des Broderies de Lunéville, un endroit unique qui fait la part belle à une ancienne technique de broderie, fierté de cette ville. Un conservatoire qui fête cette année ses 10 ans. " Nous avons connu quelques moments difficiles après la tempête de 1999, Nous avions d'abord été relogés sous une tente, l'année suivante dans une cave, puis dans une salle pas vraiment commode " se rappelle Maryvonne François-Rémy, la créatrice de ce conservatoire. Puis il y a eu cet incendie de 2003. " Nos collections n'ont heureusement pas souffert. "

pour le roi de Rome
Car si Lunéville a vu naître le baba au rhum inventé par une cuisinière de Stanislas, elle a aussi connu son heure de gloire avec la broderie perlée et pailletée, qui a succédé au fameux " Point de Lunéville ". Cette première technique est apparue à Lunéville vers 1810. Dans l'idée d'imiter, par un procédé de broderie, certaines dentelles comme Venise, Bruges, Valenciennes, Lunéville s'était spécialisée dans une technique de broderie sur tulle de coton, étoffe très légère, fabriquée initialement par les Anglais.
D'abord travaillant à l'aiguille, on fit rapidement usage du crochet. L'ingéniosité et la souplesse de main des ouvrières de Lunéville se firent vite apprécier. En effet ce fut à elles que l'on confia le soin de broder par exemple le voile de baptême du roi de Rome en 1811, exécuté par les demoiselles Gazotte.
La particularité, qui du reste perdurera fort longtemps, puisque encore d'actualité dans les années 1990, était le travail à domicile. C'est aussi cela qui a permis à cette activité de broderie d'être extrêmement populaire.

les techniques du métier
Ainsi, Lunéville a produit pendant près d'un siècle de nombreux effets liturgiques (surplis, nappes d'autel), mais aussi des napperons, des robes de baptême, châles et robes de dames, bonnets et bavoirs, châles. Puis le point de Lunéville a amorcé son déclin, talonné par la montée en puissance de la broderie perlée à la fin du XIXe. La seconde guerre a mis un terme à cette production jusqu'à ce que une poignée de bénévoles se battent à coups d'aiguilles et de crochets pour mettre en place ce conservatoire. Et redonner à cette broderie son rang de haute valeur patrimoniale et artistique. Dirigé aujourd'hui par Aude Rémy, 28 ans, ce Conservatoire est un musée, mais aussi une école où des stagiaires viennent du monde entier apprendre les techniques sur un… métier (le métier étant le tambour sur lequel les brodeuses tendent leur toile.)

Des générations de petites mains se sont usées les doigts et les yeux pour donner au point de Lunéville puis à la broderie perlée et pailletée les lettres de noblesse. Cet art continue de faire merveille en haute couture. " C'est pour rendre hommage aux anciennes sans lesquelles il n'y aurait pas de patrimoine, donc pas de conservatoire que nous organisons cette exposition spéciale " souligne Aude Remy, qui œuvre avec une dizaine de dames dont la plus âgée a 84 ans. Si vous êtes un habitué du salon Creativa de Metz, sans doute aurez-vous déjà aussi rencontré sœur Françoise-Marie, une religieuse de 79 ans qui continue à perpétuer l'enseignement de cette technique très... au point. Plusieurs grands noms comme Christian Lacroix, Raymond Massaro, Baccarat et le Moulin Rouge s'associent à cet anniversaire et cette exposition inaugurée ce vendredi 25 avril, mais que l'on pourra voir jusqu'à début novembre.

A la prochaine semaine ...