Battle for Haditha

mercredi 30 janvier 2008 09:40 par Fernand-Joseph Meyer    

de Nick Broomfield
avec Elliot Ruiz, Eric Mehalacopoulos, Yasmine Hanani, Falah Flayeh.

Haditha est une ville-carrefour située sur l’Euphrate, entre Bagdad et la frontière syrienne, et entièrement contrôlée par la rebellion proche des talibans. Le 19 novembre 2005, un convoi de marines est pris pour cible par des insurgés irakiens.
Un caporal meurt, deux soldats sont blessés. C’est suffisant pour appliquer la loi du talion et déclencher des représailles effroyables.

Les soldats américains attaquent les habitants du périmètre, faisant 24 morts, hommes, femmes et enfants. Ce qui est assimilé par les autorités militaires américaines à un événement ordinaire pour temps de guerre devient l’affaire de “la tuerie d’Haditha”.

Une histoire de bavure. Des témoignages filmés ou oraux commencent à être diffusés. Les médias s’en mêlent. Les enquêtes militaires ne parviennent guère à minorer l’ampleur du massacre et les responsabilités.

Lorsque Nick Broomfield, le documentariste britannique commence le tournage du film - sa première œuvre de fiction- l’affaire de la tuerie d’Hadhita n’est pas bouclée.
Le film est terminé début 2007.
Il est découvert et primé aux festivals de Toronto et de San Sebastian. Film de guerre ou film de paix ? C’est d’abord un spectacle saisissant sans stars. Ni tics stylistiques. Ni effets spéciaux gonflants. La patte du documentariste (“Kurt & Courtney” sur le groupe Nirvana, c’était de lui) est frappante. Irakiens, rebelles ou marines sont filmés de façon équitable.Les plans courts et rapprochés échappent à la complaisance et au manichéisme des productions guerrières ordinaires.

D’autres plans frontaux restituent l’enfer vécu par les marines. Joués par des ex-marines, Elliot Ruiz et Eric Mehalacopoulos, le caporal Ramirez et le sergent Ross expriment avec force le bourbier dans lequel ils sont immergés. La vie quotidienne de quelques familles irakiennes est restituée avec autant de réalisme et on oublie qu’il s’agit de comédiens (non-professionnels pour la plupart d’entre eux). Voilà un film absolument nécessaire. Sa brieveté amplifie sa force de persuasion.
La main que Ramirez tend à la femme irakienne qui pleure son époux abattu, ajoute juste ce qu’il faut de lumière et d’espoir. “Battle for Hadhita” n’est pas un film “guerrier”, ni un film “pacifiste”.

C’est avant tout un efficace film de dénonciation. On relativise ainsi tous ces récents films hollywoodiens (“Jarhead” ou “Dans la vallée d’Elah”) qui s’en prennent à la politique de Bush.