la face cachée

vendredi 28 septembre 2007 16:16 par Fernand-Joseph Meyer    

de et avec Bernard Campan
et aussi Karin Viard, Jean-Hugues Anglade, Olivier Rabourdin.  

François, quadragénaire, broie du noir. Il vit avec Isabelle. C’est un couple ordinaire, des Français moyennement supérieurs, sauf qu’ils ont la sensation de vivre l’un à côté de l’autre. On ne sait rien de leur profession. La voix off de François raconte cette vie en rapportant tout à ses désarrois : « C’est le réveil qui me fait peur, j’ai l’impression que la vie se déroule sans moi, que je passe à côté de tout et que je suis en train d’attendre dans un sas… ». Quand il lui demande presque amoureusement : « Est-ce que tu as envie de me quitter ? », elle lui répond : « Je vais faire des efforts ».  Elle semble cacher plein de choses. Lui discute beaucoup avec Xavier, un ami, qui va épouser une de ses sœurs. François répète un Prélude de Bach pour la cérémonie. Il doute même de sa technique pianistique. Isabelle, elle, l’encourage alors que lui se demande si elle le trompe… 4 week-ends s’écoulent ainsi…

Pour son premier film de réalisateur, Bernard Campan n’a pas choisi la facilité. Inutile donc d’en revenir aux Inconnus cathodiques auxquels il a participé dans une autre vie. Il est plus judicieux de… « Se souvenir des belles choses » ou de « L’Homme de sa vie », les deux films de Zabou Breitman dont il a été l’émouvant interprète. Avec « La Face cachée », Bernard Campan construit une sorte de thriller existentiel que clôt certes un dénouement mais qui nous étonne et nous émeut d’abord par sa rigueur.

Le découpage du film en quatre grandes séquences ponctuées de témoignages brefs de femmes ou d’hommes anonymes ne relève pas du procédé ni d’un exercice appliqué de montage cinématographique. Le cinéaste en tire suffisamment de vigueur et de douceur pour nous faire éprouver ce qui fait tanguer un couple. Il évite de plus les ficelles psychologisantes. A cette cohérence répondent les comédiens à la fois en harmonie et en dissonance.

Karin Viard incarne avec sobriété des souffrances presque muettes face à Bernard Campan qui joue le contrepoint avec un doigté rare  -y compris dans ses maladresses quand il bricole.
A leurs côtés, on retrouve avec bonheur Jean-Hugues Anglade. « La Face cachée », voilà une heureuse  réussite de cinéma qu’il ne s’agit pas de bouder à cause d’un déficit de médiatisation. Il en est de même pour « Tout est pardonné » - déjà à l’affiche à Metz -, « Nos retrouvailles » ou « Le Mariage de Tuya ».