BA 128 : témoignage d’une femme de militaire

dimanche 26 octobre 2008 12:15 par AS    Metz

« Une mutation est forcément problématique ».

20 ans, six bases militaires, 3 enfants. A Metz depuis août 2007. Il est parfois facile de résumer la vie des gens en chiffres. Trop facile.
Marie est une épouse d’officier. Choquée par les lignes écrites dans notre dernière édition de la semaine dernière. En colère. Il y était question du départ des militaires et des conséquences qu’elles provoquent sur eux et sur leur vie. François Aulbach, chargé de communication à la BA 128 nous avait expliqués que bouger était un fondement du métier de militaire et que de fait leur départ de Metz ne provoquait pas chez eux d’amertume particulière.

Marie ressent les choses différemment. Cette épouse d’officier a passé les 20 dernières années de sa vie à “collectionner” les bases militaires. Dernier point de chute : Metz en août 2007. Marie et son époux espèrent trouver à Metz un peu plus de stabilité. Une partie de l’Etat-major doit être basé ici, c’est pour cela que la famille a accepté de venir. « C’était un moyen de rester plus longtemps que d’habitude, cinq voire six ans. Seulement voilà « le 24 juillet nous avons reçu la douche froide… glaciale. On ne peut pas faire venir des gens à un endroit sans leur dire qu’il peut fermer. C’est immoral à défaut d’être illégal ».

Marie ne se ment pas. Elle savait et sait ce que signifie être la femme d’un officier.  
« La vie d’officier, c’est ça. Certes on sait qu’on va être muté mais une mutation n’est jamais prise à la légère. Elle est forcément problématique », explique-t-elle.

Problématique pour le logement. Quand il ont su que le mari était muté le couple a fait le voyage à Metz. Trois jours pour acheter une maison. Leur départ de Metz impliquerait de la revendre ce qui s’avérera certainement difficile. « Normalement, une mutation entraîne un chassé-croisé. Ceux qui partent vendent leur maison à ceux qui arrivent », explique Marie. Seulement là, personne ne va venir. S’ils ne parviennent pas à vendre leur maison, le couple a déjà fait son choix : le mari partira tout seul. « On deviendra lorrain » ironise Marie.

Problématique pour les enfants. Marie a trois enfants dont un qui était scolarisé en Terminale S quand ils sont arrivés . « Quand nous sommes partis de notre dernier lieu d’attachement, les enfants ont été désespérés. La mutation met à mal leur scolarité. Selon les écoles, les professeurs n’ont pas la même manière de travailler. »

Problématique pour les femmes de militaire. La plupart du temps,  elles -aussi travaillent et doivent donc tout recommencer à chaque fois que leur conjoint est muté.
Toutes ces raisons font que quitter Metz est une souffrance pour les militaires et pour leurs familles. « Quand je discute avec les copains de mon mari, ils disent avoir le sentiment d’être pris pour des porte-monnaie ou d’être juste bon pour aller se faire tuer à l’étranger en Afrique ou en Afghanistan ». Marie préfère mettre e,n évidence les apports que constituent les militaires et leurs familles. « Les femmes d’officiers ont du temps libre et s’impliquent donc beaucoup dans la vie associative et dans la ville où elles s’installent. »

Une ville qui selon elle digère trop bien les restructurations militaires . « Je trouve qu’il n’y a aucune solidarité de la part des commerçants voire même des habitants.  Les gens ne se bougent pas. Si j’étais d’ici, je me battrai plus ». D’ici, elle pourrait le devenir. Un peu contrainte et forcée.