anorexie

mercredi 26 septembre 2007 12:43 par la Semaine Numérique    

la jeune anorexique photographiée veut alerter sur le danger de la maigreur.

La jeune femme photographiée nue par Oliviero Toscani pour une campagne contre l'anorexie parrainée par la marque de vêtements italiens "No-l-ita", Isabelle Caro, a expliqué mardi sur plusieurs médias français avoir voulu "faire passer un message" sur la maigreur et "le danger vers lequel elle mène", "la mort".

"J'ai entendu dire que Toscani cherchait une jeune fille qui soit réellement anorexique pour faire une campagne contre cette maladie par l'intermédiaire d'une photo. Je me suis tout de suite sentie concernée parce que j'en souffre moi-même depuis l'âge de 13 ans. J'ai pensé que ce serait peut-être l'occasion de mettre à profit cette souffrance pour faire passer un message et enfin mettre une image sur ce que représente la maigreur et le danger vers lequel elle mène - vers la mort", a déclaré Isabelle Caro sur RTL.

La jeune comédienne a précisé qu'elle pesait actuellement 32 kilos pour 1,65 mètre contre 30 au moment de la photo et 25 il y a un an.

"J'ai accepté tout simplement pour que ça fasse réagir les gens, pour que les jeunes filles qui voient ça se disent: +ah bon, en fait c'est ça qu'il y a derrière ces belles parures, ces belles coiffures, ce qu'on représente de la mode+", a-t-elle ajouté. "La maigreur, ça engendre la mort et c'est tout sauf la beauté, c'est tout le contraire".

Participer à cette campagne, était "comme un besoin pour moi de crier ma souffrance, de crier à quel point c'était grave et à quel point il fallait réagir", a ajouté Isabelle Caro.
Interrogée par France 3, elle a précisé le processus de l'anorexie. "Au départ, on ne se rend pas compte, on est dans une grande euphorie. On a l'impression de tout maîtriser, tout contrôler, et puis petit à petit, on tombe dans la spirale de l'enfer, la spirale de la mort aussi".

Elle a précisé que son quotidien "a été des comas, des hospitalisations à plusieurs reprises" et qu'il reste "un combat de tous les jours".

La jeune femme a vivement critiqué les blogs pro-anorexie qui la "scandalisent". L'anorexie, "c'est une véritable maladie et non un mode de vie", a-t-elle souligné.

l'avis du BVP
Le Bureau de vérification de la publicité (BVP), organe d'autorégulation de la profession, a "totalement déconseillé" aux afficheurs français de placarder les photographies d'une jeune femme anorexique nue, actuellement utilisées en Italie dans une campagne de publicité.

Cette campagne contre l'anorexie, parrainée par la marque de vêtements italiens "No-l-ita" et dont les photographies ont été réalisées par Oliviero Toscani, vient de susciter la polémique en Italie, en pleine semaine de la mode. Les photos sont publiées sur une double page dans la presse et affichées sur des panneaux géants dans les villes italiennes.

"En France, il n'y a pas d'interdiction possible pour une communication quelle qu'elle soit. A priori ça n'existe pas. Ca s'appelle de la censure et la censure n'existe plus en France depuis le Second Empire"
, a déclaré hier à l'AFP le directeur général du BVP, Joseph Besnaïnou.

Mais le BVP "a totalement déconseillé" aux afficheurs d'utiliser les deux "visuels" de la campagne "dans la mesure où il n'est pas recommandé de mettre, surtout sur des affiches - un média très fort -, une personne souffrant manifestement d'une pathologie", a-t-il ajouté.

Le BVP a estimé par ailleurs que les photos étaient "de nature à choquer le public en général, les publics les plus sensibles en particulier au regard de la déontologie publicitaire adoptée par tous les publicitaires français qui prévoit qu'on ne peut pas attenter à la dignité humaine".

M. Besnaïnou a rappelé que les publicitaires participaient au groupe de travail sur l'image du corps mis en place sous le précédent gouvernement. "Nous avons pris à l'époque l'engagement de ne pas accélérer ce mouvement" en faveur de l'anorexie et de ne pas "montrer ce genres de choses", a-t-il déclaré.

Selon lui, la campagne de publicité a été présentée au BVP "comme une campagne pour des vêtements. Aujourd'hui, on nous dit que c'est une campagne contre l'anorexie. Ca, jamais personne n'en a parlé", affirme-t-il.

"On se serait peut-être posé une autre question si on nous avait dit +c'est une campagne contre l'anorexie payée par le ministère de la Santé+"
, a-t-il ajouté.
"Quand il s'agit d'une grande cause (...), c'est une chose. La publicité marchande, ce n'est pas la même chose".