fissure dans un diamant noir

jeudi 23 octobre 2008 08:00 par JPJ    Metz

Un éclat, comme un ébrèchement, comme une fissure. Rachida Dati est revenue pour la quatrième fois en un peu plus d’un an à Metz. Non pas cette fois pour entourer de sa sollicitude et soutenir de son indignation un magistrat agressé ( si ce n’est par elle)  mais pour tenter de renouer le dialogue avec les  femmes et les hommes dont le devoir est de rendre la justice. Et cela ne s’est pas bien passé. Parodie de réunion, couloirs encombrés, forêt de panneaux réclamant une justice sereine et ayant les moyens de l’être. Comme un diamant noir, comme un animal à la fois craintif et hargneux, la garde des Sceaux a perdu une demi-journée à traverser deux fois une salle des pas perdus et du contact égaré. Elle est repartie avec  cette posture d’incompréhension qu’ont souvent nos responsables politiques quand on ne rentre pas dans leur jeu. Refusant de comprendre que parfois la vraie vie s’accommode mal de la représentation qu’ils  en ont  acquise ou qu’ils essayent d’en  donner.  

Après avoir patienté un instant à quelques centaines de mètres  de là, le temps que le chargé de communication  tente de négocier une présence des photographes sur le seul perron du palais de justice, le cortège des 607 arrive. Rachida Dati sort de la première. La portière reste ouverte, le sac à main est sur la banquette arrière comme pour une évacuation. Déjà  la ministre est happée par les journalistes et magistrats qui l’attendent. Bien décidée à ne pas s’arrêter elle s’enfonce dans la foule en direction de la porte. La presse devait rester dehors ? Elle rentrera dans ce lieu public. La garde des Sceaux s’en offusque au moment où elle emprunte, entre une double haie de réprobation constituée par des magistrats affichant leur mécontentement, le couloir qui mène à une salle d’audience. Il n’y aura pas d’audience, pas de dialogue. Du moins pas vraiment. La hiérarchie est là. Les magistrats sont dehors. Mécontents d’avoir été prévenus en dernière minute de ce qu’ils considèrent comme une manipulation. « Hérissés » par la manière de faire de Rachida Dati, par cette « politique à l’emporte-pièce ». Par cette affaire des réactions et interprétations à la suite d’un suicide en prison . Ulcérés devant cette « politique du fait accompli déjà illustrée par la reforme de la carte judiciaire »…

Hier comme aujourd’hui Rachida Dati fait du Sarkozy, allume et éteint à tour de bras mais avec moins de chance ou de réussite actuellement  que son modèle. Mauvaise passe  ou effondrement… Toujours ce regard qui avait illuminé la campagne de Sarkozy, tant que Rachida était dans le staff. Il semble exprimer aujourd’hui l’incompréhension d’une jeune femme à l’itinéraire jusque-là étincelant. Heureusement la vie la raménera bientôt à d’autres joies et d’autres pouvoirs bien plus magiques. La justice quant à elle en sort groggy et voudrait bien voir les législateurs et les politiques accoucher d’autre chose que du fruit de leurs émois et de leur ego.

retrouver les précédents édito ...

outous les éditos ...