la Faille

jeudi 24 mai 2007 13:50 par Fernand-Joseph Meyer    

de Gregory Hoblit avec Ryan Gosling, Anthony Hopkins, Rosamund Pike, David Strathairn.

C'est le genre de film apparemment mineur qui vient de nulle part et que la promotion médiatique n'a guère dopé. C'est un petit film américain qui se contente d'illustrer le fameux " whodunit " hitchcockien : qui a tué ?



En l'occurrence, qui a tué l'épouse de Ted Crawford, un gros requin de l'aéronautique ? Le mari apparemment éploré est inculpé. Derrière l'être froid se cache un manipulateur machiavélique qui déclenche un impitoyable duel avec Willy Meatchum, un jeune procureur connu pour ses prouesses au barreau. Le scénario a plus d'un tour dans son intrigue. On ne fait jamais fausse route. Ted Crawford est à l'image d'une caste qui tente de tirer tous les fils du pouvoir et le procureur détient le pedigree du jeune juriste aux origines modestes qui piaffe d'impatience pour arriver au sommet.  
Voilà que s'immiscent dans l'intrigue une belle blonde presque fatale, un amant de Mrs. Crawford et même une poignée de grains de sable...

Le thriller est bien emballé. Le scénario est finement ciselé et il nous tient constamment  en haleine. Le filmage tout en étant ordinaire est d'abord efficace, sans bavure ni effet m'as-tu-vu comme dans « Zodiac » ou le récent et surestimé « Miami Vice ». On l'avait déjà vérifié avec un autre film de Gregory Hoblit, « Peur primale » avec Edward Norton. Avec « La Faille », il mixe non seulement le thriller tout court et le film de procès mais il épice le tout avec quelques touches métaphysiques qui turbinent sans rumeurs cannoises. Ainsi, Ted Crawford sait analyser à la fois les dysfonctionnements aéronautiques, les crashes existentiels, les fractures (c'est le titre original) de l'âme et autres oedèmes de l'égo. Le cinéaste réussit une telle gageure grâce à ses deux interprètes.  Que dire d'Anthony Hopkins sinon que ses cabotinages postérieurs au « Silence des agneaux » sont souvent lassants ? Ici, il est à son avantage. Son jeu est délectable à souhait. Il tutoie le grandiose grâce à son jeune partenaire Ryan Gosling qui lui concède quelques bémols pour humaniser son personnage.
Sans conteste, c'est Ryan Gosling, la révélation du film. Découvert dans « Calculs meurtriers » (de Barbet Schroeder), il rappelle Matt Damon pour sa blondeur et Adrien Brody pour son anguleuse épaisseur dramatique. Que demander de plus sinon de ne pas louper « La Faille » - malgré la v.f. obligatoire en Moselle... ? Même le dénouement y est surprenant !