Charlotte et Jane

jeudi 22 mars 2007 16:00 par JPJ    Metz

Allez, on en profite. Le temps que Ségolène nous peaufine sa sixième République, le temps que Sarkozy retrouve le contact avec les jeunes, que Jacques nous dise qu'il est très bien ce Nicolas et qu'il va le faire remplacer en attendant que peut-être ce dernier le remplace lui-même, le temps que François range ses tracteurs professionnels, le temps que José se remette de ses émotions en croquant un mac do je vous propose de parler encore un peu d'autre chose.
Pas du TGV rassurez-vous. Il y a eu un soupçon d'overdose. On se rend compte qu'on n'y comprendra vraiment quelque chose que lorsqu'il sera là. On verra bien à ce moment là dans quelle direction il part, d 'où et à quelle heure. Pour Paris ? C'est simple. Pour Strasbourg, euh, c'est simple aussi mais faut que je vous explique… Vous ne préférez pas Lille ? On saura aussi à quel prix. Les artifices de l'autre soir ont mis un point lumineux à la ligne. Les lorrains ont vu ça de loin ou à la télé. Les invités au raout de Pont-à-Mousson aussi. Mais ils y étaient, ne se rendant compte de leur privilège relatif que le lendemain en voyant la tête de ceux qui n'y avaient pas été invités.
Pas de la journée des femmes non plus. Le dernier numéro était plein d'articles sur ce sujet. Des reportages et des comptes rendus. Le papier d'humeur de Fabrice Barbian sur un colloque à la Région a chagriné ses organisatrices. Ce n'était pas le but. Mais bon, les meilleures intentions, chez nous comme chez elles, ne font pas forcément les meilleurs actes et certains tics finissent par faire toc. Désolé les filles écrivait-il. Nos excuses mesdames ai-je envie d'ajouter …

Point de tout cela donc. J'ai envie de vous parler de Charlotte Gainsbourg. Il faisait un temps dimanche à regarder Drucker. Et comme Drucker regardait Charlotte j'ai eu envie de rester avec lui.
Charlotte Gainsbourg. Une force ou une fragilité étrange, un charme particulier semblent émaner de cette jeune femme. Sans qu'elle ait à trop en dire ou trop en faire. Plutôt économe de ses mots elle a les yeux et le sourire qui sonnent juste. Elle chante aussi mais c'est à peine si on l'entend. On la regarde. On se dit que cela ne doit pas être évident d'encaisser sans arrêt toutes les évocations de son père, de ce talent fou et de cette suite de  situations à l'odeur de soufre, d'ambiguïté permanente. Et pourtant elle est là, comme un millefeuille de sentiments mêlés dégageant un parfum d'harmonie, de sérénité incandescente.
En la voyant dimanche je me suis souvenu d'une interview de Jane Birkin sa mère, à la radio il y a une bonne vingtaine d'années. C'était un dimanche aussi, sur RTL. Une journaliste à la voix chaude dont le nom ne me revient plus avait avec Jane Birkin une de ces conversations qui vous donnent envie de vous arrêter quelques minutes quand vous êtes au volant. Jane, exprimant l'amour qu'elle porte à ses enfants avait eu cette image à la fois audacieuse et étouffante. " La seule chose qui m'attriste disait-elle, c'est de savoir que je ne serai probablement pas au côté de mes filles lorsqu'elles mourront pour leur prendre la main, pour les aider dans ce moment le plus difficile de leur vie ". C'était un tel renversement des chronologies que cela m'avait ému et fait penser qu'en effet, cela pouvait être une beauté que de survivre aux autres.
Voir cette jeune femme dimanche me faisait penser qu'elle était chargée de cette force-là, de ce bagage là. Alors, si vous avez envie d'aimer ne vous retenez pas. Cela vous fera du bien et ça aide les autres.