CJD et "l’amour au travail"

dimanche 20 mai 2007 17:10 par la Semaine    Metz

Complications inutiles

Vendredi, plus de 450 personnes ont assisté à la soirée-débat du Centre des jeunes dirigeants (de Metz et Thionville), centré sur les relations affectives en entreprise.
L'affluence s'est révélée moindre qu'il l'attendait, mais le CJD de Thionville a frappé juste. Car avec un parterre d'invités  de qualité et un sujet aussi dérangeant que "l'amour au travail", la soirée-débat-cocktail dînatoire a su captiver, et beaucoup plus que s'il s'était agi de développement durable ou de réseau internet haut-débit.



" Au-delà des rapports formels en entreprise, il y a aussi tout ce que tout le monde voit et sait, même si cela reste secret, voire dénié par le chef d'entreprise ", expliquait d'entrée de jeu Loïck Roche, auteur d'une loi "indicative" selon laquelle les relations intimes se développent dans le cadre professionnel en fonction de l'ancienneté et du nombre de salariés, à partir d'un seuil critique de 200 employés (cf. "Cupidon au travail"). Pince-sans-rire, l'expert ajoutait d'emblée : " Si on reste lucide, ce n'est pas forcément une bonne chose, pour soi, et pour l'entreprise ".
" Triviale et coquine " de temps à autre, la conférence-débat menée par Olivier Pia s'est donc placée d'emblée sous le signe du réalisme. Celui qui veut qu'une personne sur deux ait la probabilité d'avoir une relation intime sur le lieu de travail ; qu'une femme sur deux à le reconnaître l'ait entretenue avec son supérieur hiérarchique ; mais aussi que 80% des relations ne sont le fait que de 40% des salariés/directeurs ! Soupirs amusés dans l'enceinte de Metz-Congrès... Pour tordre le cou au vieux fantasme de la promotion canapé, et inciter son public à reconnaître le harcèlement sexuel comme un phénomène bien à part, L. Roche précisait la nette distinction entre l'homme, " indéfectiblement attiré par l'acte sexuel " et la femme, " qui recherche plus à être écoutée, regardée ".
Dans ces conditions, comment considérer ces mélanges vie privée/vie professionnelle ? Non seulement ils ne sauraient garantir des
" retombées en termes de chiffres d'affaires "
, mais ils sont  aussi annonciateurs de procédures délicates... Le directeur du groupe Peace (650 personnes)  a ainsi reçu le fax d'une de ses collaboratrices sur site, se plaignant de deux de ses collègues à la main baladeuse : " Même si le responsable de cette équipe très masculine a minimisé, j'ai senti que c'était grave et ai demandé l'aide de l'inspectrice du travail. Après enquête, tout le monde était au courant et prenait ça pour un jeu... J'ai finalement décidé de licencier les deux hommes concernés ", a précisé Lionel Laurent, qui s'est empressé de mieux sensibiliser ses managers par la suite : " Si l'on va sur cette pente-là, on perd le respect... ".

Quand ça dérape
Les autres intervenants n'ont pas manqué d'approfondir cette vision  anxiogène de la situation. " La loi sur le harcèlement a été durcie en 2002, encore faut-il la faire appliquer, à l'aide de preuves pas évidentes à réunir ", a précisé posément Marie-Jo Zimmermann, bottant en touche sur le cas d'école qui lui était soumis : "l'amour à l'Assemblée nationale" ! A ses côtés, le sexologue Pr Gellmann détaillait tous les risques (licenciement pour faute grave, prison, etc.) pris par ses patients, du voyeur à l'exhibitionniste... " D'après une enquête menée en France, seuls 25% des répondants étaient satisfaits de leur vie sexuelle... cela étant dû à l'immaturité psychologique de la majorité des Français ", a-t-il dit. Pour autant, l'ambiance était loin d'être morose... La directrice de production Estelle Desanges (ex-actrice de films X) a explicité le nécessaire " détachement à l'égard de tout sentiment d'amour " qu'elle adoptait " pour faire ce travail-là ". Loïck Roche n'a pas manqué de conclure sur un " fantasmer n'est pas tromper ". Preuve en était donnée, au moment de la surprise finale : deux strip-tease, un pour chaque public. Les mieux servis furent bien entendu les jeunes dirigeants "mâles", qui se sont approchés de la scène pour assister, très convaincus, à un striptease intégral.

Le CJD en deux mots
Fondé en 1938, le Centre des jeunes dirigeants s'affirme comme un mouvement porteur d'idées nouvelles (pratiques managériales, etc.). Lors de la présidentielle, le CJD (3000 membres) a avancé 11 propositions (redéploiement des aides publiques, TVA sociale).
Le CJD Lorraine compte 7 sections, dont celles de Thionville (26 membres, présidée par C. Lelièvre) et de Metz (29 mb, représentée par P. Hertzog).