into The Wild

mardi 15 janvier 2008 19:50 par Fernand-Joseph Meyer    

de Sean Penn
avec Emile Hirsch, Marcia Gay Harden, Vince Vaughn, William Hurt, Catherine Keener.

C'est un fait divers américain des années 90.  Christopher Mc Candless, brillant étudiant de 22 ans en lice pour Harvard, quitte sans laisser d'adresse sa famille bien lotie quelque part au fin fond du Colorado. Il rêve de  liberté absolue. Nourri de Jack London, de Léon Tolstoï et de Henry David Thoreau, Chris veut d'abord fuir une civilisation empoisonnée que ses parents symbolisent jusqu'à la caricature. Son but ultime, c'est d'aller se perdre dans la solitude de l'Alaska. Auparavant, il se lance sur la route à la façon des hippies.

Il devient Alexander Supertramp et tient avant tout à être un "esthète voyageur", comme il l'écrit dans ses carnets. Il éprouve d'abord son esprit rebelle à travers les routes de l'Arizona, de l'Oregon, du Nouveau-Mexique, du Nevada, de la Californie. Les rencontres se multiplient : un touchant couple de hippies amortis, un agriculteur déjanté, une adolescente paumée et Ron, un vieil homme sympathique qui voudrait l'adopter. Devant le refus de Chris, Ron l'interroge : « Qu'est-ce que tu fuis à la fin ? »....

Les carnets de Chris sont devenus  un best-seller écrit par le journaliste Jon Krakauer. Le livre-culte ne pouvait qu'emballer Sean Penn. Il en a fait son quatrième film et l'équivalent d'un manifeste politique qui malmène l'"american way of life" avec ses obsessions matérialistes, son besoin de fausse sécurité, sa fascination pour l'argent et le pouvoir sous toutes ses formes. Sean Penn réussit à nous captiver malgré la longueur (150 minutes) et la complexe construction rythmée par des flash-back bouleversants. La voix off de la soeur-narratrice tente d'expliquer la quête de Chris par des souffrances intimes et des révélations familiales. Chris choisit la disparition.

Son odyssée se déploie dans des espaces sans limites dont les lignes de fuite dessinent la liberté tant désirée. On pense à "Gerry", cet autre voyage initiatique qu'a filmé Gus Van Sant. Sean Penn  entre le western crépusculaire et le « road movie » qui en a pris le relais nous concède plus de repères pour nous raconter la géographie de l'exil et de l'idéal. Le cinéaste a trouvé l'acteur rare pour faire vivre Christopher Mc Candless... C'est Emile Hirsch,  constamment présent sur l'écran.
Tel un vagabond céleste, il passe de l'excès à la retenue avec une belle décontraction. Le rebelle Sean Penn ne pouvait trouver meilleur interprète.

Atypique dans la production actuelle, le film doit être vu au plus vite.