la Nuit nous appartient

mardi 4 décembre 2007 19:25 par Fernand-Joseph Meyer    

de James Gray
avec Joaquin Phoenix, Robert Duvall, Mark Wahlberg, Eva Mendes, Moni Moshonov, Oleg Tratakov.

New York, 1988... La fin d’une époque... A Brooklyn, Bobby Greene gère une boîte de nuit hyper-branchée pour le compte de mafieux russes.
Bobby est en réalité Robert Grunsinsky d’origine géorgienne. Son père, Burt est un haut gradé de la police new-yorkaise, et son frère, Joseph, est déjà capitaine. Bobby est un peu l’électron libre de la famille. Il lui, a choisi  le monde de la nuit, il étend de plus en plus son pouvoir et il espère convoler avec Amada, une superbe beauté porto-ricaine. Les gros trafiquants russes comptent sur lui  pour écouler la came dans sa boîte. Son père et son frère tentent de le manipuler pour court-circuiter les trafiquants. Bobby Greene prend constamment le dessus quand un drame horrible le fait basculer...

Il est vrai qu’on sort juste d’« American Gangster », le superbe film de Ridley Scott. Celui de James Gray n’a rien d’une redite. « La Nuit nous appartient » est son troisième film après « Little Odessa » (1994) et « The Yards » (2000).

C’est déjà une œuvre colossale. James Gray reste fidèle à ce cinéma qu’on qualifie de classique - le film policier- sans qu’il tombe dans l’académisme lisse et convenu.  Au film de genre, il inocule des thèmes qui nous ramènent à Francis Ford Coppola (« Le Parrain ») ou Luchino Visconti (« Rocco et ses frères ») : la lutte fratricide, le fils indigne et le fils prodigue, la loi du père, l’atavisme familial, les liens du sang. Le tout baigne dans une ambiance de tragédie échevelée sans que le cinéaste nous inonde d’hémoglobine, de testostérone ou de pathos.

Film essentiellement nocturne, « La Nuit nous appartient » nous subjugue dès le générique et ses plans en noir et blanc qui racontent le travail nocturne des policiers. Succède un duo chaud sur canapé avec Bobby et Amada qui est coupé par l’ambiance tonitruante de la boîte de nuit. On est déjà au comble du plaisir cinématographique. Le suspense ne faiblit jamais. On retrouve la force des grands : Coppola, Scorsese, Friedkin et De Palma. On ne compte plus les scènes d’anthologie (la chasse à l’homme dans les hautes herbes, le laboratoire clandestin ou la course-poursuite dans la nuit embrumée).

Les comédiens habitent avec maestria le film, à commencer par Mark Wahlberg et Robert Duvall. Que dire de Joaquin Phoenix ? Il s’impose comme jamais dans un rôle tout en nuances.

On ne sort pas indemne d’un film aussi puissant.