Dimanche de puces à Metz. 17h 00. Certains brocanteurs ont des fourmis dans les jambes… furieuse envie de remballer.  Dans le hall numéro 4, un de ces espaces hexagonaux si caractéristiques du parc des expo de Metz Grigy, ceux qui sont le plus près des portes font mouvement, avec discrétion. Dans le hall 5 au contraire règne encore, dans toute son impalpable et pourtant réelle épaisseur, l'atmosphère des puces… Ce face à face mille fois répété entre un visiteur et un objet, avec le vendeur pour témoin. Un doigt qui désigne, une main qui hésite d'abord à saisir ou à parcourir et enfin ce regard en point d'interrogation qui signifie c'est quoi, ou c'est combien ?
Sur une table sept ou huit  grosses cafetières en métal argenté se poussent du col.  Ballet d'anses et festival de couvercles…cette concentration de becs suscite la curiosité…Majestueuses elles sont encore toutes noires d'oxydation. L'inscription gravée sur leur flanc ne se révèle qu'à l'observation plus attentive… " Buffet de Metz "…Juste à côté, dans une caisse à cloisonnements des centaines de couverts sont proposés plus ou moins en vrac… " Buffet de Metz ",  là aussi… les cuillères sont si profondes qu'on devait s'y reprendre à deux fois pour les vider !
Buffet de Metz.….le Buffet de la Gare… Une foule de souvenirs afflue. Une enseigne en néon bleu, des voilages et un bouquet de roses oublié, les fresques au plafond et surtout l'évocation d'un rayonnement….A quelques mois de l'arrivée du TGV,  l'évocation de ce bon vieux buffet de la gare exhale soudain le parfum d'un prestige, d'une ambiance qui ont eu largement le temps de se dissiper…Hippopotamus a mis les pieds dans le plat il y a quelques années, sans grand succès malgré une véranda subtilement rénovée… C'est le Grand Comptoir qui nous y attendra dès septembre disent les affiches….
Le buffet de Metz….à un euro la fourchette, ce dimanche… Presque trop peu  pour un souvenir…mais certainement une invitation à remettre le couvert. A l'heure où Metz se cherche avec plus ou moins de bonheur une identité festive, le souvenir de l'ouverture 365 jours par an et 24h sur 24 de cette brasserie, la joie de vivre ou les désespoirs partagés qu'il traduisait apparaissent comme une invitation au panache et à l'insouciance.… Il suffit parfois d'un détail pour changer une image ou une réalité. Même aujourd'hui !
La preuve : un communiqué de la SNCF annonçait il y a quelques jours que le TGV à vitesse lente desservirait dès le 28 août Paris-Nancy-Strasbourg comme il le fait depuis juin pour Paris-Metz-Luxembourg. En attendant bien sûr le grand jour de la grande vitesse, le 10 juin 2007. Ce texte se terminait par une statistique pour le moins surprenante. La comparaison entre les chiffres 2005 et 2006 pour la même période d'été fait apparaître une augmentation du trafic de 71 % entre Luxembourg et Paris… Pour un TGV qui n'avance pas plus vite ! Ils vont finir par nous faire prendre les Luxo pour des indiens ( encore que depuis Mittal…). En tous cas cela montre bien qu'il suffit parfois de pas grand-chose !