municipales à Rombas

vendredi 14 mars 2008

Ennemis pour la vie.

Y a de la rumba dans l'air. Le jeu de mots est facile mais colle tellement bien aux municipales à Rombas. La campagne avait déjà une saveur particulière faite de règlements de comptes, de coups bas, d'attaques personnelles. Tracts de l'un dénonçant les malversations de l'autre. Attaqué : le maire sortant Lionel Fournier. Attaquant : Alphonse Monaco, conseiller municipal. Motif : un maire qui aurait tendance à utiliser l'argent de la mairie à mauvais escient. Du coup, il régnait une ambiance électrique dimanche soir, tout aussi électrique que vos commentaires à notre précédent article, à l'heure où l'on allait enfin voir comment les Rombasiens avaient réagi à tout ça. De l'électricité et déjà les premiers murmures d'alliance. Poursuivis, infirmés puis aboutis les jours suivants.

C'est là qu'il faut être, ce dimanche un peu particulier puisque jour du premier tour des élections municipales, à l'hôtel de ville de Rombas, bureau de vote et point de centralisation des résultats. Là et un peu au centre social Jean Burger. Ils sont d'ailleurs nombreux à faire la navette entre " en haut " et ici à la mairie, Pleine comme un œuf, du monde partout jusque sur la place. Pour voir, au fil des heures, le tableau des résultats se remplir. Pour voir aussi, les réactions des candidats. Victor Villa et Gilles Meyer sont arrivés tôt. Villa et son imperméable beige, Meyer et son écharpe rouge, c'est facile pour les repérer. Manque encore quelques ingrédients pour que tout y soit. Notamment que les deux autres candidats, Alphonse Monaco et Lionel Fournier, pointent le bout de leur nez.

Mais il faudra encore attendre pour les voir débarquer. " Je viens de voir Fournier devant chez lui, au volant de sa voiture ", lance un habitant. Alphonse Monaco ne devrait plus tarder. C'est sa nièce qui le dit et ajoute un ton en dessous " il est un peu stressé ".  Stressé car il sent bien que tout ne se passe pas comme il l'avait idéalement prévu.  Lui qui se voyait même l'emporter dès le premier tour, qui n'imaginait pas une seconde que les Rombasiens puissent redonner leur confiance à un homme " qui les a trompés, qui leur a menti. " Lui qui a même annoncé son retrait de la vie politique si Lionel Fournier venait à être réélu.  

Quand il arrive à la mairie sur les coups de huit heures, Alphonse Monaco n'a pas l'air franchement détendu. Un sourire de surface certes qui s'efface dès que les appareils photos ou les regards se détournent de lui. La démarche rapide, l'ancien adjoint à la culture, fend la foule direction le tableau d'affichage des résultats. Costume noir, chemise blanche, classique. Comme s'il avait flairé quelque chose, il arrive au moment où est inscrit le deuxième résultat, celui du foyer social. Signe du destin ou simple hasard, c'est le bureau de vote où il a obtenu le plus de voix, 44% contre 35% pour Lionel Fournier. Mais cela ne suffit pas à le dérider. Ni ça ni les mots que son entourage lui glisse à l'oreille: " Ici, t'as un peu d'avance ".

Pas facile à vivre ce moment. " Je m'attendais à faire un meilleur résultat. Ce genre de surprise fait partie de l'imprévu d'un scrutin électoral. Mais quand même, je suis déçu, je ne comprends pas le vote des Rombasiens. Je ne pensais pas que Lionel Fournier ferait un aussi bon score. Je ne pensais pas non plus que Gilles Meyer s'en sortirait aussi honorablement. Mais bon il reste un tour ", lance-t-il comme pour s'encourager.

Dernier à arriver pour que tous les éléments soient en place : Lionel Fournier. On l'aperçoit très vite car il est grand et que la mairie s'agite quand sa carcasse se glisse dans le couloir d'entrée. Il est au téléphone, porte un costume noir, une chemise bleue et une cravate rouge floquée de chevaux. Le col du manteau est relevé. Y a pas à dire, il impressionne. Lui-aussi se dirige assez rapidement vers le tableau des résultats et se retrouve donc à quelques mètres de son principal adversaire, Alphonse Monaco. Ces deux-là ne s'aiment pas. Pas besoin d'être un fin psychologue pour s'en apercevoir. Leurs regards s'évitent. Bien sûr , dès que l'un a le dos tourné l'autre le regarde en coin, mine de rien.
Alphonse Monaco sourit toujours même si le cœur n'y est pas. Lionel Fournier ne sourit pas mais téléphone. Quelques gouttes de sueur perlent sur son front. Il fait très chaud. Quand il voit les pourcentages définitifs s'affichaient, il tape du pied, rageur. 39,67% pour lui, 39,36% pour son adversaire. Quatorze voix les séparent. " Je ne veux pas parler ", commence Fournier. Il suffit de le pousser un peu pour qu'il dévoile ce qu'il a sur le cœur. " On est dans le final ce que certains semblaient ne pas penser possible. Mais rien n'est fait. Comme un marathonien, tant que nous n'avons pas passé la ligne, nous n'avons pas gagné. " Arrivé en tête au premier tour est tout de même une première victoire ? " Pas une victoire, le début d'un autre combat ".

Le début des tractations aussi ? " Pas nous " se défend Lionel Fournier en levant les mains en l'air pour se disculper. Il attendra lundi 17h pour réunir ses colistiers et décider de la marche à suivre. " C'eût été une erreur de décider dès le soir du premier tour. Il ne faut jamais agir à chaud ", souligne Lionel Fournier qui est finalement arrivé à la conclusion " qu'il faut rassembler pour arriver à gouverner ". Et le rassemblement passe par une alliance avec Victor Villa, l'homme aux 8%, qui depuis dimanche soir est  terriblement intéressant. " Au premier tour, on voit combien on pèse, au deuxième, on rassemble. C'est ça le principe des élections ", poursuit Lionel Fournier. Un rassemblement de programmes et de projets. Lionel Fournier et Victor Villa y tiennent. " Je n'ai pas regardé les personnes mais leur programme ", souligne ce dernier qui voit donc le nom de trois noms de ses colistiers s'ajoutaient au sien sur la liste du maire sortant déposée mardi après-midi à la préfecture.
Villa a préféré dire oui à Fournier plutôt qu'à Monaco qui lui aurait également fait des appels du pied... mais dès dimanche soir. " C'est faux ", se défend Alphonse Monaco. " Je n'ai jamais voulu fusionner et n'ai jamais rien demandé à Victor Villa. J'ai commencé avec une équipe, je finis avec cette équipe ". Victor Villa soutient le contraire. Lequel des deux dit vrai ? Cela restera dans les secrets, déjà nombreux, de cette élection.

Toujours est-il qu'ils seront bien trois en piste dimanche puisque. Dès lundi,  Gilles Meyer avait déposé sa liste. Il sera donc au second tour, seul, armé de ses 12% de voix.

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