la compagnie Mécanique Vivante ...

mardi 21 août 2007 11:40 par Anne-Marie CHAPELAN    Alès

... et ses sirènes marient musique et technologie.

La compagnie Mécanique Vivante, basée dans les Cévennes près d'Alès, a transformé des sirènes d'alerte habituellement plantées sur les toits des mairies en surprenants instruments de musique acoustique, très demandés à l'étranger mais encore peu connus en France.
Ces sirènes musicales ont fait sensation le 15 août au Pont du Gard : dans ce site grandiose qui sert d'écrin au pont romain, le public a découvert le "chant" inattendu de quatre sirènes suspendues sous des arches de l'édifice.
Gantées de lycra, leurs pavillons illuminés, les sirènes - deux alto, une ténor, une basse - ont produit un chant puissant, tour à tour planant ou rythmé.

En juillet, les sirènes avaient accompagné un spectacle de fado portugais, au Festival Imaginarius à Santa Maria de Feira (Portugal).
Le 16 septembre, elles seront embarquées sur un remorqueur aux allures de bateau pirate pour accueillir le paquebot transatlantique Queen Elizabeth II à Newcastle (Grande-Bretagne) avec deux sonneurs, Andy May (cornemuse) et Jean-Louis Le Vallegant (bombarde). Elles seront ensuite au Festival de la Loire le 19 septembre à Orléans, et trois jours plus tard, aux Nuits Blanches de Madrid (Espagne).
"Je suis tombé par hasard en 1996 sur une sirène d'alerte chez un collectionneur. Depuis deux ans, je cherchais à développer un instrument de musique acoustique dédié au plein air. Je l'ai démontée et j'ai travaillé sur la compression de l'air sur les membranes", explique Franz Clochard, l'homme orchestre de Mécanique Vivante, co-fondateur en 1985 du cirque Archaos.
Reliées à un "Sirénium", sorte de contrebasse branchée sur ordinateur et dotée d'un curseur que l'on fait coulisser sur les trois octaves du manche, les sirènes forment un orchestre polyphonique aux sonorités inédites.
"Grâce au Sirénium, je peux maîtriser le volume, la hauteur des notes, les effets - vibrato, glissando, tremolo -", explique M. Clochard, ancien étudiant au conservatoire national de Chartres et créateur de l'appareil, désormais breveté.
Avec les sirènes, "mon but est de rencontrer d'autres cultures, de mélanger les styles", dit cet inventeur.
"Les sirènes, au son large, fort et doux à la fois, évoquent le voyage en mer, les bateaux, la nostalgie, une certaine lenteur", souligne Benoît Louette, l'un des huit membres de la compagnie. Ce musicien souhaite à présent développer "un orchestre plus important avec d'autres sirènes plus véloces pour des mélodies plus rapides".
Les quatre sirènes dont la portée va jusqu'à 5 km, d'origine italienne française et allemande, ont un répertoire d'une cinquantaine de morceaux.
Mécanique Vivante n'en est pas à son coup d'essai. Son "usine" de Champclauson (Gard) est un véritable chaudron à inventions : sur 2.300 m2, s'élabore toute une machinerie. "Tout est fait maison", insiste Franz Clochard, passionné de scénographie.

De ces ateliers où plieuses de métal, perceuses et fraiseuses se côtoient, sont déjà sorties d'étranges machines : la "toupie" pour conte musical urbain, le "piano à poules" où de vraies poules enfoncent les touches en picorant du grain, le "bar aérien" installé dans un autobus ou le "bras de fer mécanique" conçu pour mesurer "son quotient d'intelligence musculaire".
"Dans tous les domaines, on est sur un terrain neuf, affirme Franz Clochard. On veut faire rêver les gens, les embarquer dans quelque chose qu'ils n'ont jamais vu ou entendu. Si l'herbe a déjà été foulée, je n'y vais pas".

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