après lui

vendredi 1er juin 2007 15:40 par Fernand-Joseph Meyer    

de Gaël Morel avec Catherine Deneuve, Thomas Dumerchez, Guy Marchand, Elodie Bouchez, Adrien Jolivet, Luis Rego.

Camille libraire, vit seule à Lyon. Divorcée, elle focalise presque toute sa vie sur son fils. Sa fille aînée est sagement mariée et enceinte. Un jour, Camille est brisée à tout jamais : son fils meurt dans un accident de voiture. Inconsolable, elle surprend tous ceux qui l’entourent. Elle accomplit le travail de son deuil en s’attachant à Franck, le meilleur ami de son fils qui conduisait la voiture et qui est le responsable de l’accident. Elle le console, le guide et l’aide.

L’attachement se mue en passion. A la réprobation générale s’ajoute le vide que Camille crée autour d’elle. Franck, d’une classe sociale moins florissante, s’accomode de cette situation jusqu’au jour où il comprend que cette liaison ambiguë pourrait basculer...

C’est une chronique presque ordinaire qui, sans s’appesantir sur l’aspect tranche-de-vie, va à l’essentiel : la passion d’une femme solitaire qui balaie convenances et tabous et cultive une obsession magnifique comme si elle attisait un brasier annoncé. Gaël Morel, révélé comme comédien par André Téchiné dans « Les Roseaux sauvages », poursuit son travail de cinéaste avec détermination. Après « Le Clan » qui décortiquait le désir masculin, il change son fusil d’épaule tout en restant fidèle à ses thèmes de prédilection : passion jusqu’au-boutiste, polysémie du désir, violence sociale. « Après lui » écrit avec Christophe Honoré (lire ci-contre) montre d’abord une femme précipitée dans le deuil qui, par son attitude fébrile, frôle l’irréparable et parvient cependant à retrouver la lumière. L’ultime séquence qui conduit Camille au Portugal pour retrouver Franck, constitue le point d’orgue d’un film dense auquel on s’attache d’emblée. A la lumière retrouvée face au corps de Franck endormi s’opposent la frénésie et la stridence du restant du film. Grâce à Catherine Deneuve, omniprésente et anti-glamoureuse à souhait, Gaël Morel réussit à nous capter et à adopter les tourments de Camille. La caméra l’ausculte et l’éprouve afin de la singulariser au mieux. Quand elle pousse le scooter dans les rues de Lyon, quand elle marche à côté d’un étudiant ou quand elle s’immisce dans un concert rock, on sent comment l’anime  une obsession paradoxalement chaleureuse. Hormis quelques poussières naturalistes chassées par une photographie sobre et un son idoine, « Après lui » confirme un cinéaste.
On attend la suite.