mairie de Metz

lundi 31 mars 2008 18:20 par JPJ    Metz

Dominique Gros prend la main.

Des milliers de fois en 25 ans au cours des conseils municipaux, il a levé le bras pour demander la parole. Presque toujours depuis les rangs de l'opposition, c'est-à-dire ces quelques places enserrées entre les tables de la majorité. Le milieu du fer à cheval d'où il faut se pencher si l'on veut être vu par le maire.
Se contorsionner si on veut le regarder tout en parlant.

Ce vendredi matin dernier, Dominique Gros lève le bras une nouvelle fois. Mais cette fois, c'est pour dire qu'il est candidat à la fonction de maire. Dix minutes  plus tard, après un tour de scrutin sans surprise, il est déclaré élu. Jean-Marie Rausch, maire sortant mais aussi doyen d'âge et à ce titre président de la séance, le félicite. Il lui cède la place et quitte la salle. Dominique Gros l'accompagne jusqu'à la porte  puis revient s'installer. La transition est faite...


quelque chose de nous
Metz ville italienne ? Patrick Thil, l'architecture et l'histoire le disent. Metz qui parle avec les mains ? La caricature est un peu forte pour nos amis transalpins. N'empêche que ce sont les mains et leurs applaudissements qui résument le mieux ce qui s'est passé  vendredi dernier à Metz. Un matin de mars à ne pas mettre un nouvel élu dehors. Mais peut-être comme les mariages, les " mairages " pluvieux sont-ils les plus heureux !
Les mains donc. Elles  battent et éclatent en applaudissements lorsque le vote des conseillers fait de Dominique Gros le nouveau maire de Metz. Des travées du public comme des rangs des élus de son équipe. Une salve chaleureuse qui semble ne pas vouloir s'arrêter,  dont le crépitement  se transforme en battements rythmés comme à l'opéra. Mais ici il n'est pas question de rappels. Juste de félicitations et d'espoirs.
Applaudissements encore quelques minutes plus tard quand Jean-Marie Rausch quitte la salle. Après avoir présidé l'élection du maire, il  a choisi de ne pas venir s'asseoir au rang de simple conseiller. Pas cette fois du moins. Probablement jamais. Ses coéquipiers sont debout pour lui rendre hommage. D'autres mains, nombreuses même si elles sont plus discrètes, s'y joignent aussi. Pas pour un rappel, là non plus. Mais pour dire qu'on n'a pas fini de se souvenir de lui. Que quelque chose de nous, quelque chose de chaque Messin, part à ce moment là avec lui.

je sais d'où je viens
" Pas de longs discours " prévient le nouveau maire. Après l'élection en un seul tour de scrutin de la liste des 19 adjoints (15 classiques plus 4 de quartiers) Dominique Gros prend la parole pendant quelques minutes. Le temps d'évoquer à la fois la nécessité d'une vie démocratique plus forte et la volonté  de faire briller Metz au niveau régional mais aussi européen. Le temps encore de faire partager sa perception du monument aux morts de Metz où il propose de se rendre en un premier voyage symbolique.  

Ce monument délibérément dépouillé de tout insigne ou symbole guerrier pour ne garder que la douleur d'une mère. " Ici on ne sait jamais qui est mort et pour qui. C'est la conséquence de notre histoire complexe, c'est à la fois notre fierté et notre handicap " dira Dominique Gros.
Pas un mot à propos de son prédécesseur... ce que les colistiers de ce dernier prendront pour  une provocation. Plus probablement une absence de formalisme pour ne laisser place qu'à une expression plus spontanée. " Je sais d'où je viens ;  je mesure l'honneur qui m'échoit. Je sais que l'histoire de la ville déborde largement celle de ses maires et de ses échevins. Nous nous inscrivons dans une continuité qui nous dépasse ".

tous responsables
L'importance de l'abstention à Metz, ce déficit démocratique dont il s'est si souvent fait l'écho, Dominique Gros ne pouvait  l'oublier en ce jour d'arrivée au pouvoir  même si le taux de participation pour cette élection a été un peu moins consternant  que le précédent (48 % d'abstention contre 53 % en 2001). " Nous restons la grande ville de France où l'on s'abstient le plus. Nous en sommes tous responsables. Nous devons réagir. Nous ferons tout pour que l'opposition puisse travailler. Je veux que ce mandat soit celui de la démocratie retrouvée  et de la proximité ".  Les quatre adjoints supplémentaires aux quartiers sont censés donner une chance supplémentaire à cette proximité. " Les élus doivent être dans la rue et au contact des Messins, ils doivent les regarder dans les yeux " dira en conclusion Dominique Gros.  Ce à quoi les élus de l'opposition rauschiste  répondront dès le lendemain  que cela fait quand même quatre postes de plus qu'avant... et que la dérive commence.  A voir à l'usage !