" Avec ça, vous n'avez même pas besoin d'un nouveau programme ; il suffira d'ajuster celui qui est en cours ". Au milieu de la boutique de la rue des Clercs qui héberge pour deux mois sa permanence électorale, Jean-Marie Rausch conclut les quelques phrases qui lui ont permis de lancer sa septième campagne électorale municipale. Il s'adresse à ses troupes. La voix un peu blanche au début a retrouvé son assurance. Il parle à ceux qui y seront comme à ceux qui n'y seront peut-être pas. L'affaire est réglée comme un ballet. Les lumières sont intenses, les images belles, le décor soigné. Le buffet aussi. Rien à voir avec les chips-coca ou les bretzels -jus de pomme de la mairie.  
" Metz a encore besoin de vous " lui dit, en guise de propos d'accueil, un animateur qui dirigeait jusqu'ici une tribune qu'on croyait politique et qu'on imaginait irrévérencieuse, sur des ondes locales. Du même, encore : " Vous êtes le pilote d'une équipe jeune et tonique ". On échappe au phénix des hôtes de ces bois mais on en profite pour apprendre que le conducteur du TGV recordman du monde de vitesse sera lui aussi sur la liste du MGD, le maire grande durée. Affaire de com et d'image. Plutôt bien joué. Dans ce domaine JMR a toujours su faire. Et en plus, Noël Jouaville adore. Un peu comme Dominique Schmitt à l'époque mais avec une tendance show-biz plus marquée. Les temps changent.
Et de toutes façons, même s'il y avait par hasard une petite faiblesse, il y a encore du monde autour ! " Quand je me suis lancé au début des années 70, il y avait moins de conseillers en communication sur l'ensemble du pays qu'il n'y en a ce soir dans cette salle " relèvera, d'un air badin, Jean-Marie Rausch. Il évoque le temps où l'un de ces experts lui avait dit que la ville de Metz souffrait d'un stéréotype catastrophique et que la seule solution pour s'en sortir était de le changer. Nous l'avons fait, dira-t-il en substance, il n'y a plus qu'à continuer.
Les autres listes ? " Personne ne peut critiquer de bonne foi les choses importantes que nous avons faites avec les différentes équipes...Dans cette campagne, telle qu'elle est restituée par la presse, on ne parle jusqu'ici que de choses qui ne sont pas essentielles ". Hors JMR, point d'essentiel. Au moins les choses sont-elles claires et le plan de déplacement urbain de même que l'aspiration à une autre forme d'échanges démocratiques sont-ils remis à leur place !
" Situation extravagante " avait dit quelques jours auparavant William Schumann, enseignant en philosophie et  un des civils nouveaux de la liste Dominique Gros en parlant du paysage politique messin. " Une ville baroque " où pour certains " le désir du pouvoir est tel qu'il suscite une crainte mortelle de ne plus pouvoir l'exercer " avait-il rajouté dénonçant certaines proximités avant de conclure : " Le bon gouvernement est celui de ceux qui ne désirent pas précisément gouverner " . " Cette situation me laisse perplexe " commentait ce même lundi Marie-Jo Zimmermann à propos de l'éventualité de voir le directeur général des services de la ville prendre la tête d'une association de préfiguration du Centre Pompidou tout en intégrant la liste de JMR. " C'est de la provocation ou de l'inconscience ". Emmanuel Lebeau avait déjà écrit au préfet dans ce sens. Dominique Gros le fera aussi. Nathalie Griesbeck feindra se s' amuser des intrigues au château et des " cinq ou six types " que le maire voit capables de le remplacer.
En tout cas les choix réalisés ou annoncés de Jean-Marie Rausch apparaissent gonflés et guère soucieux de se préserver du mélange des genres ni du qu'en-dira-t-on ! Une attitude devenue au fil du temps une marque de fabrique. Une prise de risque qui le grise mais s'accompagne le plus souvent de précautions moins visibles, ainsi que d'un réalisme d'une redoutable rigueur. " Je ne fais un pari que lorsque je suis sûr de le gagner " a-t-il l'habitude de dire. Humour ? Certainement. On n'en est jamais vraiment sûr qu'après.