naissance

jeudi 25 décembre 2008

Cette « nouvelle » d’ Anny Marzolin, une de nos lectrices, nous a semblé dire beaucoup de choses très simplement. En quelques touches. Alors nous lui avons fait une place.                                        

« Je les peindrais tous les trois peu de temps après la naissance. Je les peindrais sur une toile de faibles dimensions pour souligner leur faiblesse, un rectangle horizontal d’harmonieuses proportions pour souligner leur harmonie. Je les représenterais en bloc, à gauche du tableau.

Le bébé aurait un véritable air de bébé, pas un enfant prématurément vieilli, pas un faux adulte en réduction, un vrai bébé, avec une bouche qui chercherait son pouce et ne l’aurait pas trouvé, ce pouce encore emprisonné par les autres doigts. Il serait dans un berceau en osier, un berceau que l’on peut balancer doucement pour calmer un enfant. Il aurait les yeux grand ouverts, sans qu’on sache encore si c’est sur le monde ou sur une vision intérieure. Il ne serait ni beau ni laid, un bébé qui sonne vrai.

La mère serait assise à côté. Elle aurait un air fatigué du voyage et de l’accouchement. Plus une gamine, pas encore une femme mûre, elle regarderait l’enfant avec le regard éternel de la femme qui s’émerveille de ce qui est sorti d’elle. Elle non plus ne serait ni belle ni laide, mais dense, vraie, intense. Prête à tout endurer.

Lui, l’homme, le père, serait debout à côté de la femme, la main droite sur son épaule, comme pour la protéger de tout ce qu’il pressentirait ; il serait légèrement penché, la main gauche sur la tête de l’enfant, de son enfant. Ce serait un homme qui ne s’arrête pas à une blessure d’amour-propre, un homme travailleur, solide et aimant, qui honore ses propres parents et ne harcèle pas ses enfants, mais qui les mène fermement, en s’effaçant, vers leur avenir singulier et irremplaçable.
Ce petit groupe serait léger et grave à la fois, ceint d’un halo invisible, les adultes à l’aube d’un mystère, le petit tout en devenir avant que d’être responsabilité, douleur et adoration.

Il n’y aurait pas de putti joufflus, pas de décor de théâtre, seulement un âne et un bœuf, pour la chaleur, tout près derrière eux.

Le reste du tableau serait l’humanité en attente. Les hommes regarderaient dans la même direction, vers la gauche du tableau. Tendus par l’espoir que leurs enfants apaiseront la faim de leur corps et celle de leur esprit. Portés par la lumière qui émanerait de cette naissance. Fiers d’avoir été aimés les premiers, ils sembleraient se mettre en marche....
Dommage que je ne sache pas peindre ».  

retrouver les précédents édito ...

outous les éditos ...  

    soyez le premier à réagir à cette information.
Ajouter un commentaire
 
Objet:
   
Nom:
E-mail:
Site Web:
 
(pas d'HTML - les liens sont convertis si ils sont préfixés par http://)
 
se souvenir?