sportswear chic

jeudi 31 juillet 2008 09:10 par JPJ    Metz

la stratégie gagnante d'une entreprise messine.

Dans un secteur d'activité caractérisé à la fois par les délocalisations et la mondialisation une entreprise textile messine a réussi à tirer son épingle du jeu. Créée il y a près de 50 ans, Callithéa a joué délibérément la carte des marques et du savoir-faire. C'est ainsi que « Nuni », un de ses fleurons est parti à la conquête des terrains de golf du monde mais aussi plus largement des endroits chics et des loisirs !

Les collections Nuni de l'été 2009 sont prêtes à être expédiées aux différents représentants de la marque en France mais également  aux Etats-Unis, au Japon, en Espagne, en Corée ou à Singapour. Comme autant de brochettes de chamallows  aux couleurs douces et toniques à la fois, ces séries  de vêtements s'alignent sur des  rails-portants dans le grand hall logistique de Callithéa. L'entreprise est installée rue des Drapiers (la bien nommée) sur l'Actipôle de Metz-Borny. Dans une demi-heure une équipe allemande viendra prendre livraison de la sienne pour une première approche du marché outre-Rhin. C'est ainsi que, de  saison en saison depuis 2002, les quatre petites balles et la fine signature arrondie "Nuni" ont entrepris de faire  leur trou dans le monde du golf en particulier puis dans celui, bien plus large, du sportswear en général. Aujourd'hui des boutiques "Nuni" se sont ouvertes à Paris, Cannes, au Touquet, Rennes, La Rochelle, Lille, Saint-Jean-de-Luz et Tokyo.

le jupier du Sablon
Au coeur de cette aventure, la rencontre entre une championne, Sandrine Mendiburu, longtemps figure de proue du golf féminin français, bien implantée dans le paysage médiatique et golfique, et les responsables d'une entreprise textiles messine. « Un ami parisien nous avait  dit que Sandrine Mendiburu cherchait un partenaire pour créer une collection de textile spécifiques pour les golfeurs. Cela nous a intéressés car il nous semblait y avoir un créneau jusque-là peu exploité. Nous sommes très vite parvenus à un accord ». Pour Jean-François et  Philippe Levy, les patrons de Callithéa cette opportunité venait rejoindre leur propre réflexion sur l'avenir de leur entreprise.  Créée en 1959 à Metz par leur père André Lévy, (un proche de l'équipe historique des dirigeants du FC Metz des années 60-70, Carlo Molinari, Albin Cavada et Roger Carpi),  Callithéa avait  d'abord été un "jupier", c'est-à-dire un fabricant exclusif de jupes installé rue Marie-Anne-de-Bovet au Sablon puis rue de Bouteiller à Metz Sainte-Thérèse.  Ensuite  sur l'actipôle de Metz-Borny  à un moment où  l'avenir paraissait déjà moins inscrit dans le marbre. Les révolutions de la distribution et de la fabrication, les délocalisations et la mondialisation constituaient un horizon pour le moins complexe et qui sera fatal à  de très nombreux groupes. « Je me souviens avoir dit à mon père qu'il valait mieux construire trois bâtiments proches les uns des autres qu'un seul beaucoup plus grand se souvient Jean-François Levy. Dans un univers incertain c'était plus sûr en cas de revente ».  

Callithéa, qui était devenu multi-produit en fabriquant aussi des pantalons et des vestes, avait pris l'habitude de travailler en réseau avec d'autres entreprises en France puis à l'étranger en fonction des savoir-faire et des prix de revient locaux (Maroc et Bulgarie). « Nous étions petits mais nous avions réussi à nous adapter.»

pari en cours
« Pour autant, nous savions que cela ne suffirait pas confient les frères Levy. Face à la levée des quotas d'importation qui était programmée, il fallait réagir en ayant une production plus spécifique, en jouant une politique de marques ». Cela a failli se faire par croissance externe, en achetant une marque connue. Cela s'est finalement réalisé en créant « Nuni » avec Sandrine Mendiburu. Une triple pertinence apparaît.

La première est que  le vêtement sportif constitue une carte idéale pour l'ouverture à  l'international.  La deuxième est liée au fait que le textile autour du golf n'est pas encore systématiquement défriché.  La troisième réside dans le fait que le sportswear de week-end est essentiellement le domaine de marques pour hommes . « Notre savoir-faire étant plutôt féminin jusque-là nous avons joué cette carte-là... pour revenir ensuite aussi à l'homme ».
Aujourd'hui les ventes de Nuni se répartissent à moitié-moitié entre golfeurs et non-golfeurs  dans les pro-shop des clubs de golf, les enseignes spécialisées et  les boutiques de la marque. Un réseau qui s'étend par capillarité. « Ce sont des gens qui viennent vers la marque». Alors, pari gagné pour la PME messine ? « Pas encore tout à fait. Cela reste un pari, commente Jean-François. On continue à investir, mais ça prend ! ».
       
Nuni soit... qui bien y pense
Nuni comme Bruni, c'est-à-dire à l'italienne ? que nenni ! Nuni, diminutif du prénom de la petite-fille du fondateur ? Rien à voir !

Nuni, ce sont tout simplement les initiales d'une formule anglo-saxonne dont les golfeurs ne vous diront jamais assez à quel point elle incarne le destin mutuel de la balle et du trou : never up, never in. C'est-à-dire que si vous ne passez pas au dessus du trou, vous n'avez aucune chance d'y entrer !
En clair, il faut attaquer. D'où ce commentaire cinglant infligé le plus souvent par les profs de golf aux joueurs que l'approche du trou rend timides où qui jouent petit bras : never up, never in.

autrement dit N.u.n.i.
Bon, maintenant que vous avez le nom, reste à comprendre le logo : les quatre pastilles de couleur. Quatre  balles de golf ? Elémentaire là aussi, et tout aussi faux mon cher Watson ! Sur les premiers vêtements "Nuni" il s'agissait d'équipements techniques, et plus précisément de pressions destinées à permettre aux golfeurs d'accrocher leur gant plutôt que de le fourrer dans la poche...
Et voilà.