mélodie en sous-sol

jeudi 24 juillet 2008 10:00 par MV    

A la rentrée 2007, Sarkozy nous avait promis que cela allait tanguer. Il ne nous a pas déçus, ouvrant parfois frénétiquement un chantier après l'autre, plongeant dans les rouages de la société française pour en modifier le mécanisme. Le rythme infernal des réformes sera encore d'actualité de longs mois, avec l'espoir d'en récolter les fruits, au risque de faire dérailler cette machine lancée à pleine vitesse.
Un train d'enfer dans une France qui s'écrit de plus en plus dans une économie mondiale, toujours plus de dépendances, toujours plus de dommages collatéraux. Dans un contexte pareil, pas forcément évident pour la Lorraine de tracer son chemin. Hier, Texas français aux cheminées d'usines et à l'aristocratie ouvrière, avec des dizaines de milliers de mineurs et une tonalité industrielle affichée.
Mais demain ? Et si, pour la Lorraine, l'histoire passait une nouvelle fois sous son sol... Trois exemples captés ces dernières semaines, d'enjeux variables, d'incidences diverses, sont porteurs d'espoirs.
C'est tout d'abord ce forage installé à Folschviller, en contrebas de l'ancienne cité minière. L'équipe d'EGL, société australienne, s'affaire pour mettre au point une extraction à grande échelle du méthane emprisonné dans les veines de charbon. A 1 000 m sous nos pieds, un potentiel extraordinaire. Rien n'est encore gagné. Les résultats  seront connus à la fin de l'année. A observer cette équipe aux différentes nationalités, la haute technicité du chantier, pourquoi ne pas imaginer que la Lorraine peut être une terre d'innovations mais aussi attractive.
Second exemple, recueilli il y a quelques semaines auprès de l'un des responsables syndicaux reçus à deux reprises à l'Elysée pour le dossier Gandrange. Il raconte fort bien l'ambiance générale et les négociations puis s'enthousiasme au détour d'une phrase. « Si nous réussissons à ce que Florange soit le site pilote pour le stockage du CO2 dans le sous-sol, nous sauverons la sidérurgie lorraine pour trente ans.» Une échéance d'autant plus appréciable alors que les cycles économiques se raccourcissent. Evoquée en parallèle de la réduction d'effectif à Gandrange, la réflexion vise à injecter sous terre une partie du CO2 produit par les hauts-fourneaux. Le site de Florange se trouve sur les rangs pour cette compétition qui se joue à l'échelle européenne. Bémol majeur, ce projet s'inscrit dans un contexte de réduction d'effectif.
Dernier exemple, avec le projet d'origine hollandaise Minewater. Le principe est celui de la géothermie. A savoir, aller puiser l'eau au fond des anciennes galeries de mine pour alimenter des pompes à chaleur puis le chauffage urbain. Avec leurs puits foncés jusqu'à 1 200 m, les anciennes mines du Bassin houiller font actuellement l'objet d'une étude assez poussée. L'eau qui circule au fond avoisine les 50°C. Comme l'explique l'un des acteurs de ce dossier, « Il suffirait de descendre des canalisations puis d'installer une pompe en surface pour effectuer l'échange de chaleur... » Certes l'explication a un côté Yakafaukon. Mais le projet progresse et pourrait voir le jour à Forbach ou à Freyming-Merlebach. Exemple d'innovation pour laquelle la Lorraine se trouve en tête.
Trois idées, trois projets... Et des raisons de se dire que la région peut croire encore en son potentiel. Qu'en cette période estivale où la chaleur arrive enfin en Lorraine, un signe de fraîcheur arrive de son sous-sol.

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