Metz impérial

mercredi 30 avril 2008 08:00 par JPJ    Metz

Ce n’est pas précisément de football que je veux vous parler, vous l’aurez compris. Ou alors juste en quelques lignes. Le temps de vous dire que les Messins ont à nouveau perdu samedi devant Saint-Étienne. La culture suicidaire de la malchance, de l’impuissance collective et de la maladresse technique qui les accompagne depuis le début de la saison semble les poursuivre même après la mort sportive, c'est-à-dire la relégation. Nous étions là, quelques milliers encore, à ne pas vouloir nous résigner à ne plus aller au match ; comme si, à cette Bérézina 2008, nous ne voulions pas ajouter le sentiment de les avoir laissés tomber en cours de route. Plus vraiment pour le foot... et cela fait quelques années que cela dure ! Mais jamais à l’abri d’une bonne surprise pourtant comme cette image captée après le match en passant devant la boutique du club, sous la tribune côté Nord. Dans cette boutique donc, des papas et des mamans, peut être un tonton de temps en temps, font la queue devant le comptoir en tenant un mioche par la main. Histoire de régler le maillot ou l’accessoire grenat qui fait briller les yeux du petit et qu’il vient de choisir. Un seul de ces regards-là vous fait comprendre que les lumières ne sont jamais totalement éteintes. Que les clubs vivent dans les yeux des enfants au moins autant que dans le fichier client des VIP. Quand j’étais petit, le dimanche matin à la messe, je priais que pour le FC Metz gagne l’après midi...
Metz impérial ce n’est pas donc du foot pour le moment. C’est un quartier. Celui de la gare et de la nouvelle ville pour rester simple. Celui construit à l’instigation des empereurs prussiens lors de l’annexion au tournant du XXè siècle afin de répondre à la fois à la révolution industrielle et des transports, à la croissance et à la défense de la cité, mais aussi à leur propre rêve d’une ville allemande idéale. Une ville qui n’existait pas, même chez eux.
Cette notion de quartier impérial de Metz pourrait un jour être reconnue par un label de l’Unesco au même titre que d’autres œuvres ou sites remarquables. Du mont Saint Michel à la place Stan en passant par la veille ville de Lyon. Le dossier de candidature a été solennellement déposé l’an dernier lors de la fête célébrant l’arrivée du TGV. Une fusée dont on espère quelle n’aura pas été transformée en pétard mouillé par les trombes de pluie tombées ce jour-là.
Sans attendre cette reconnaissance internationale, Metz impérial c’est déjà un état d’esprit. Et il s’est exprimé jeudi soir au conseil municipal de Metz lors de la première réunion normale de la mandature Gros. Le sujet ne figurait pas à l’ordre du jour. C’est un cavalier, c'est-à-dire une façon pour certains élus (d’opposition le plus souvent, mais cela ne date pas d’hier) de passer du coq à l’âne, qui a permis à Dominique Gros de développer son point de vue sur ce dossier. « Cette affaire est plus importante qu’une question de patrimoine. C’est une question d’identité de Metz » dira-t-il avec une émotion qu’il hésite de moins en moins à laisser transparaître. « Ce sont les paradoxes de notre histoire, tout comme ce quartier, traduction du rêve impérial d’une ville allemande, que nous sommes à présent en mesure de nous approprier culturellement ». Adjoint sortant à la culture et figurant parmi les initiateurs de cette démarche, Patrick Thil se réjouira de ces propos et de la mise en exergue de la dimension franco-allemande. « La richesse architecturale et urbanistique du quartier tout comme cette caractéristique à la fois coloniale et supra nationale donnent un caractère exemplaire et sans doute unique à notre dossier. Si je peux vous aider, je le ferai ».
Sans tomber dans une « grolâtrie » qui serait aussi primaire que prématurée, et en se souvenant que par le passé déjà toute une série de décisions, de Pompidou à l’UEM en passant par le fameux classement à l’Unesco, avaient elles aussi été prises à l’unanimité, force était de reconnaître qu’il flottait l’autre soir autour de la table du conseil municipal de Metz un parfum un peu nouveau : celui des bonnes volontés mutuelles exprimées. Peut être une nouvelle forme de culture qu’il fallait tout simplement expérimenter... En espérant qu’elle permette ensuite de mieux conquérir les quartiers de noblesse dont Metz a tant besoin.

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