quelle image pour aujourd’hui et demain ?

vendredi 29 août 2008 08:45 par JPJ & AD    Metz

Les entrepreneurs : que tout le monde se bouge !

Réunis à la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle en partenariat avec La Semaine, cinq acteurs du monde de l’entreprise ont dressé un diagnostic du déficit d’image dont souffre notre région  et  ont préconisé des solutions visant à lui redonner son attractivité.

Dans le cadre de ses rencontres autour du thème de l’image, La Semaine a réuni lundi matin,  à l’invitation de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle, cinq entrepreneurs de la région. Représentants de secteurs clefs - habitat, industrie, équipement, nouvelles technologies et petites entreprises – ils ont dressé un constat réaliste des problèmes d’image de tout notre secteur. Ils ont également mis en avant des solutions visant à redorer le blason de la région en terme d’économie et de compétitivité.

Le bilan dressé par les acteurs paraît sévère. « La Région Lorraine donne une très mauvaise image à l’extérieur » s’inquiète Didier Baumgarten, patron de l’entreprise d’ameublement Saint-Louis et vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle. Il fait référence aux divisions devenues mythiques entre Metz et Nancy, les querelles entre droite et gauche. Pourtant, les acteurs présents s’accordent sur le fait que la région dispose d’atouts considérables dans la compétition internationale.

« Etre en Moselle n’est pas un handicap, mais un avantage car nous sommes près des frontières » affirme Raymond Neiter, patron de l’entreprise Thermo-Est, un des leaders dans la fabrication d’appareils de mesure de température. La vocation industrielle de la Moselle est une vraie chance. Pour sa part, Christian Morainville, du groupe Batigère, insiste sur la nécessité de faire connaître la qualité des axes de communication, véritable outil de la vie quotidienne dans nos régions : « Une région accessible est une région où l’on a envie d’aller ». De même, faisant référence à l’implantation d’IKEA à Metz, Didier Baumgarten continue « Ils sont très contents de la main d’œuvre ». Autant de points forts qui mériteraient d’être mieux exploités : « ça marche et personne ne le sait », résume t-il. L’image négative de la Lorraine ne coïncide donc pas avec les potentialités du territoire.

Afin de répondre à ce paradoxe, les acteurs mettent en avant plusieurs pistes. « Remettons-nous tous  en mouvement » demande avant tout Hervé Obed à l’ensemble des acteurs publics et économiques  locaux. Afin de rétablir l’image de la région, il convient, pour le patron de l’entreprise Pro-Consultant Informatique, spécialisée dans la conception de progiciels destinés aux chaînes de télévision, d’« amener les gens à travailler, à créer de la valeur ».
Faisant référence à l’émoi causé par les réductions de forces militaires en Lorraine, il continue : « Ceux qui vont gagner demain, ce sont ceux qui ont arrêté de se plaindre ». Il convient pour lui de renverser la logique traditionnelle : « Il ne faut pas attendre une idée géniale tombée du ciel, c’est le mouvement qui crée les idées ». Et celles-ci seront à même d’améliorer la perception de la région.
Pour les acteurs réunis à la Chambre de Commerce et d’Industrie, il convient ainsi de fédérer les énergies entre politiques et entrepreneurs. Ils attendent des élus qu’ils « prennent leurs responsabilités » comme le demande Didier Baumgarten, c'est-à-dire jouent le rôle de « ciment », ne dispersent leurs efforts en fonction des clivages politiques Gauche – Droite ou de la rivalité Metz – Nancy. Les participants attendent « une continuité de l’action », comme l’affirme Christian Morainville. Même et surtout au niveau de l’Etat.
Les acteurs économiques eux-mêmes sont conscients de leur implication dans ce processus de redynamisation de l’image de la région comme terre de compétitivité. Ils demandent ainsi une « cohérence des organes consultatifs » permettant un dialogue de qualité et l’émergence d’idées neuves entre le milieu de l’entreprise, les élus locaux et la Chambre de Commerce et d’Industrie.

Ce développement du dialogue doit également se traduire par l’émergence de réseaux reliant les entreprises. Ainsi, Hervé Obed, souligne la nécessité de « chasser en meute », c'est-à-dire de mettre en commun des informations et des compétences des entreprises locales selon des logiques transversales (sur des projets spécifiques, des secteurs d’activités). « C’est quand les patrons de labos se parlent que les meilleures idées émergent », indique t-il, faisant référence à une récente visite à Georgia Tech.
Dans l’optique d’attirer des investisseurs, il convient d’insister sur le plus que représente la qualité du travail des hommes. « Le contact direct avec le client est positif », indique Jacques Wetzel, patron de l’entreprise Equipelec et président du CONSUEL (organisme national de certification électrique). La qualité de l’offre et la compétence des entreprises jouent selon lui un rôle moteur. « Il faut remonter le niveau des techniciens », affirme t-il. « N’avoir que le prix comme atout ne peut pas être une stratégie viable pour un territoire européen.» Un effort particulier doit être mené dans la formation et l’apprentissage afin d’améliorer la qualité des services fournis par les entreprises locales. Avec Christian Morainville, il a également insisté sur la nécessité d’exploiter l’avance du département dans des domaines tels que le développement durable ou la prise en charge des personnes âgées à domicile. Enfin, les entrepreneurs souhaitent que leur rôle soit plus largement reconnu comme créateur de richesse.

Même si l’économie de l’intelligence et du service représente une solution d’avenir, d’autres pistes sont explorées. « On ne donne pas une image assez forte de l’industrie » s’inquiète Raymond Neiter. Hervé Obed  lui emboîte le pas en souhaitant sortir des idées reçues et insiste sur le fait que ce secteur n’est pas un « handicap ».  Au contraire, il s’agit une « opportunité » pour la Lorraine, insiste t’il en se fondant sur le fait que de nombreuses PME lorraines s’imposent comme des acteurs respectés sur l’échiquier mondial.

Didier Baumgarten a résumé la rencontre en affirmant : « il n’y a pas de fatalité, mais il faut que chacun prenne ses responsabilités ».