l’été meurtrier

jeudi 7 août 2008 08:00 par JPJ    Metz

Un peu  le sentiment que l’on a lorsqu’on s’apprête à arriver sur les lieux d’une catastrophe. Dans ma voiture qui remonte l’ A 7, j’ai à l’esprit les titres de Var Matin sur la place militaire confortée du sud de la France, sur cet essaim de ministres  venu dès les jours  suivants sur place pour confirmer que tout allait bien. Me reviennent aussi  ces papiers du Monde et du Figaro lus sous le soleil du Midi. Cette carte de la France militaire avec une exceptionnelle concentration de points noirs autour de Metz,  ces quelques lignes tirant un trait sur le Deuxième Génie et le régiment médical de Châtel, sur la BA 128 aussi sans que l’on précise s’il s’agissait de la base elle-même ou des commandements qui y étaient abrités. Sur Dieuze et sur Bitche. Comme des avis mortuaires sans fleurs ni couronnes. Sans égards même.
J’ai en tête encore  cette réception du 14 Juillet, la veille de mon départ, dans le jardin du gouverneur de Metz. Ce drôle de défilé de la veille, ces rumeurs qui s’entrecroisaient sur le gazon ou sous les tentes. Elles semblaient, à ce moment-là,  situer le balancier de la menace du côté du moins pire.  La fête et le défilé étaient passés entre les gouttes…les régiments n’auront pas ce bonheur là.
Ce souvenir aussi d’une autre réception, chez le patron des forces aériennes dans la résidence située au  milieu du petit bois d’Augny  au mois de mai. Cette phrase d’un général : « Metz n’a pas conscience de sa chance en matière d’aviation et elle risque de bientôt le regretter ».  Paradoxe me semble-t-il puisque les derniers éléments pour constituer à Metz  le  commandement unique des forces aériennes françaises arriveront en septembre. Qu’il  y a un an, le général d’aviation  Tilly quittait Metz et les armes  avec le sentiment du devoir accompli. Au bout de quatre années d’un travail d’arrache pied ce commandement venait d’être crée à Metz, offrant  à la Lorraine une  place stratégique exceptionnelle.  Jean- Pierre Martin son adjoint lui succédait à sa tête.
«  La piste était trop courte » dira, laconique, le général  gouverneur de Metz devenu inspecteur des armées dans son intervention au lendemain de la publication du plan.  Tiens donc ! Elle avait été assez longue pendant toutes les études préalables à la création du commandement. Toujours est-il que  Metz perd pour l’heure un de ses deux fleurons. Bitche, à l’autre bout du département perd ce qui faisait sa vie et son âme. Ce que Le Nouvel Observateur restituera parfaitement dans son numéro de la semaine suivante.  
Quinze jours après je reviens donc dans cette ville qui a perdu depuis le début du mois de juillet ses espoirs de figurer dans le plan Campus,  son usine des Tabacs, à qui l’on annonce la disparition de la moitié de ses soldats,  l’incapacité de l’autorité sanitaire à assumer comme prévu une part de financement d’un des deux nouveaux hôpitaux… difficile de faire plus sombre!  Et pourtant, il semble que  rien n’a changé...
Etions-nous déjà morts ou sommes nous encore vivants ? C’est l’été, parfois écrasant, parfois désespérant, parfois si doux.  Notre collectivité  en sursis  cherche, sans trop y croire encore, de nouvelles pistes. Les politiques rament et les pagaies s’entrechoquent comme toujours. Pas de vrai capitaine à bord. L’Etat fait de l’équilibrisme…annonce un peu de sous, un peu de préfet spécial et parle même de zone franche sans que l’on sache très bien jusqu’où on pourrait aller et pour quoi. Pour revitaliser une emprise militaire précise ou pour donner véritablement sa chance à l’économie lorraine face à ses voisins du nord ? On parle de manifs et de réunions, de rendez-vous chez Sarko à la fin du mois. Quelle sera l’actu d’ici là, quelle sera notre chance d’être entendus ?
L’été, quoiqu’il en soit, aura été meurtrier.

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