" Avoir onze guerriers sur le terrain "

Rassurer et enrayer la spirale de l'échec. C'est visiblement ce qui a motivé le président du FC Metz, Carlo Molinari, en choisissant comme nouvel entraîneur,Yvon Pouliquen. Le Breton, qui a emporté deux Coupes de France avec Strasbourg et Lorient, vient de signer un contrat de deux ans et demi. Il souhaite resserrer le groupe en le ramenant de 40 à 25 joueurs et renouer au plus vite avec la victoire.

Yvon Pouliquen est sans doute l'homme des missions difficiles. Et celle qu'il devra remplir en tant que nouvel entraîneur du FC Metz ne s'annonce pas évidente. Tout à la fois redonner l'envie mais également remettre au carré un onze grenat aujourd'hui désorienté par les défaites mais aussi par la multiplication des expérimentations menées par Francis De Taddeo.

La recette Pouliquen, sans doute un charisme certain mais aussi une réputation d'homme aimant relever les défis. Après son départ forcé de Grenoble à la fin de la saison dernière, le Breton " avait fait le choix de ne pas travailler, d'attendre pour trouver un challenge intéressant à relever. " Et celui qui va être le sien au sein du FC Metz s'annonce clair. Remettre en place la machine de jeu et renouer avec une victoire. " Il faut gagner le plus vite possible. "

Ce qui a notamment motivé Pouliquen, c'est de travailler avec un staff dont il connaît certains membres, comme l'emblématique Michel Ettore, mais aussi entraîner un club " qui a une histoire, un passé, un palmarès. " A son programme, 19 matches à jouer en championnat, 20 au minimum en englobant le premier après la trêve, le 32e de finale de la Coupe de France. Un premier rendez-vous fixé au samedi 5 janvier face à Vesoul. Comme objectif, moins l'illusoire maintien en Ligue 1 que le fait de reconstruire une équipe pour préparer la prochaine saison. " Il s'agit d'engranger le plus de points possibles mais aussi de redonner le sourire aux joueurs, de remettre les jeunes au travail. Qu'ils retrouvent du plaisir à disputer des matches. " Une situation qui présente des similitudes avec celle qu'il avait connue lors de son arrivée à Lorient en janvier 2002. A la fin de la saison, le club avait emporté la Coupe de France mais était descendu en Ligue 2. Une Coupe qui prendra cette année d'autant plus d'importance pour des dirigeants du FC Metz qui ont tardé à prendre la décision cruciale.
Prudent dans ses propos, Yvon Pouliquen se définit comme un entraîneur qui " prône le jeu. J'ai envie de voir une équipe ambitieuse, une équipe qui va de l'avant. Aujourd'hui, le club ira certainement en L2. Mais je suis là pour finir la saison et pour la finir au mieux. "

Groupe jeune
Sa priorité, prendre l'équipe en main, s'inscrire dans un véritable dialogue avec les joueurs. " Je suis quelqu'un de rigoureux et proche de mes joueurs. J'ai senti l'équipe du FC Metz atteinte sur le plan physique. C'est un groupe jeune et perfectible qui subit un contexte lourd pour eux. Je souhaite avoir onze guerriers sur le terrain. A mes yeux, il y a sur le terrain onze capitaines, chacun doit se prendre en charge. "

Alors que le prochain entraînement se déroulera le 31 décembre, l'objectif dans les premières semaines sera de prendre connaissance avec le potentiel de chacun des joueurs afin de " trouver une ossature au plus vite et de tâtonner le moins possible. Je travaillerai avec un groupe de 22 à 25 personnes. " Le nouvel entraîneur ne souhaite pas travailler avec 42 joueurs, comme l'a fait son prédécesseur, mais se fixe comme priorité que les bons éléments restent au club. Quant au recrutement lié au mercato hivernal, " j'ai cru comprendre que le FC Metz économiquement ne pouvait pas faire de miracles. "

Michel Ettorre : Le grand
C'est peu de dire que Michel Ettore fait partie de la maison grenat. Même s'il n'a pas connu le rayonnement international ou populaire d'un Pirès ou d'un Battiston (un de ses copains de Talange) il a incarné pendant de longues saisons, au coeur des années 80, le FC Metz. Avec Philippe Hinschberger, son pote l'instit, le musicien, l'attaquant... il faisait la paire. Un duo intenable dans les bus de joueurs comme dans les chambrées.
 
Gardien des buts et de la flamme Michel Ettore a vécu les finales gagnées de 84 et de 88, les retours glorieux à Metz au lendemain de la victoire contre Barcelone au Nou Camp. Il ne laissait jamais sa part au chien quand il fallait rameuter les troupes, remettre de l'ordre ou créer l'ambiance.
Carlo Molinari et Marcel Husson l'appelaient "le grand". Un hommage à sa taille, à sa prise de balle très sûre, une façon aussi de reconnaître la rapidité avc laquelle il avait pris dans les buts messins le relais d'un autre grand, André Rey.
Sa fidélité à Joël Muller dans le monde des entraîneurs sera elle aussi emblématique.

Carlo Molinari : " Soulever la chape de plomb "
Des mots prononcés avec une certaine prudence. Celle d'un président qui sait qu'une bonne décision est avant tout celle qui engendre les effets escomptés. Et une situation suffisamment brûlante pour que l'annonce soit faite en cette après-midi du 24 décembre, à quelques heures des fêtes de Noël. Le débarquement de Francis De Taddeo ? Pas une surprise tant le FC Metz, affiche, à la trêve un palmarès abyssal. Sept points au compteur, des vestiaires désorientés et des tribunes qui sont au-delà de la colère. Les trois matches de sursis annoncés le 3 décembre se sont soldés par trois défaites, dont la dernière par un 2-0 au stade du Moustoir face à Lorient.
" Nous avions demandé à Francis De Taddeo de trouver une autre dimension à l'équipe, de susciter un nouvel espoir ", a rappelé le président Molinari. Un prolongement de contrat moral qui n'a pu être honoré. Au-delà du score, " Nous n'avons pas constaté de véritable changement de comportement ou de niveau de jeu. "
Le choix d'écarter Francis De Taddeo qui, pour le président du FC Metz, " correspond à une décision qui n'a pas été facile à prendre. Au fil des années, une relation entre un entraîneur et un dirigeant devient aussi affective. " Et Molinari de sceller la fin d'une histoire qui a débuté en 1986 avec l'intégration du coach en tant qu'entraîneur de l'équipe jeune. " C'est la loi du milieu sportif, l'intérêt d'un club prime. "

Un tandem qui se connaît
Alors que l'arrivée d'Yvon Pouliquen se murmurait depuis quelques jours dans les couloirs de Saint-Symphorien, les deux parties sont visiblement arrivées rapidement à un accord, après l'entrevue de lundi dernier. " Il s'agit maintenant de retrouver des résultats rapidement, ceux de la voie de la victoire qui nous a manqué depuis le mois d'avril. " Quant à Michel Ettore, qui s'était éloigné de l'encadrement à la suite d'une divergence de points de vue avec Francis De Taddeo en juin dernier, il revient en tant qu'entraîneur adjoint. Le Messin historique aura notamment comme rôle de renouer les liens avec les supporters mais aussi de rassurer des sponsors visiblement déroutés par le piteux résultat en ce milieu de saison. Le duo se connaît bien puisqu'ils ont déjà travaillé ensemble au RC Strasbourg, lors de la saison 2000-2001.
"  Il s'agit que l'équipe retrouve une sérénité, qu'on enlève la chape de plomb. "