Bertrand Mertz

dimanche 28 septembre 2008 10:30 par RS    Thionville

Demain une gare TER à Scholtès ?.

A Portes de France, il est vice-président en charge des transports. C’est donc presque logiquement que le regard du nouveau maire de Thionville se tourne vers le Luxembourg. Mais loin de vouloir se limiter à une politique frontalière, Bertrand Mertz voit dans ce rapprochement l’opportunité de développer une stratégie nationale. A appliquer à l’échelle de la Grande Région. Retour sur les ambitions d’un des nouveaux hommes clef du paysage politique nord-mosellan, à commencer par les éventuelles sources de divergences.

Vous avez dit, lors d’une conférence des maires ne pas vouloir d’un « système Weiten ». Depuis, vos rapports sont-ils toujours aussi bons avec le maire de Yutz ?
Honnêtement, Patrick Weiten est un bon président d’agglo. Mais je refuse un système où une seule personne a toutes les casquettes. La politique reste un rapport de force qui nécessite parfois quelques recadrages et je veille au grain. Quant à savoir si je l’ai, par mon discours, incité à ne pas se présenter, je ne sais pas. Il a en tout cas bien fait de ne pas être candidat.

à Portes de France, vous êtes en charge des transports. C’est pourtant Patrick Luxembourger qui a présenté récemment un projet de tram-train. Vous ne vous marchez pas un peu sur les pieds ?
Patrick Luxembourger a présenté son projet de Vital ainsi que l’y avait invité Patrick Weiten. Je présenterai pour ma part une réflexion globale sur le transport car nous ne pouvons pas seulement raisonner à l’échelle de Portes de France – Thionville. En tant que maire de la troisième ville de Lorraine, j’ai le devoir de penser d’abord au développement de la Grande Région. Et jusqu’à présent, aucune solution digne de ce nom n’a été apportée aux transfrontaliers sur la question structurante des transports. Ni l’A32 qui s’arrêterait à Richemont, ni le Contournement Ouest de Thionville ne régleraien le problème des embouteillages à la frontière.

des solutions que vous avez pourtant jugées viables ont été avancées…
Bien sûr et heureusement. Il y a la mise à deux fois trois voies de l’A31 jusqu’au Luxembourg, le principe d’une voie dédiée aux transports en commun et puisque vous en parliez, le projet Vital de Patrick Luxembourger. Toutes ces pistes sont intéressantes mais elles ont été pensées jusqu’à la frontière. Rien n’a été fait en collaboration avec le Grand-Duché. Et puisque nous sommes demandeurs, ce n’est pas à eux de regarder sur nous mais bien à nous de les solliciter, provoquer les collaborations.

on vous sait ami avec Lucien Lux, le ministre des transports luxembourgeois. Cela aide ?
Il est certain que lorsque le dialogue n’est plus à instaurer, ça avance plus vite. Patrick Luxembourger m’a dit que de tous les ministres luxembourgeois à qui il avait écrit pour son projet de tram-train, le seul à ne pas lui avoir répondu était Lucien Lux. Je suis sûr que c’est parce qu’il ne peut pas engager son gouvernement aussi simplement. Je vais arranger une rencontre entre eux et on avancera. S’il faut parfois être trait d’union au lieu d’être chef de file, je saurai l’être. Le Luxembourg travaille en ce moment  à la création d’une nouvelle gare. Je souhaite que l’on se rattache à ce projet. A côté de cela, il faudra une solution pour desservir Esch-Belval. Pourquoi pas en utilisant les anciennes voies de la sidérurgie. Cela coûte cher :100 millions d’euros pour un tram-train vers Belval, 200 millions pour le Vital. Mais le projet de TCSP de Metz est chiffré à 130 millions d’euros, ce n’est donc pas hors de portée. A condition que l’Etat, la région, le département et les collectivités mettent tous la main à la poche.

concrètement, quels sont les dossiers qui peuvent aujourd’hui avancer sans trop de blocages ?
Avec la création d’un SMOT (Schéma de Mobilité Transfrontalière) qui se réunira en novembre et où je siègerai aux côtés de Jean-Pierre Masseret et Lucien Lux, nous avons de bonnes chances d’avancer. Et puis surtout, je vais proposer une piste de réflexion à moyen terme avec la transformation du TER en RER et la création d’une gare de RER sur le site de Indesit-Merloni, anciennement Scholtès à Manom. C’est une solution dont l’intérêt m’a pour la première fois été confirmé par le directeur régional de la SNCF lors d’un entretien tout récent.

vous semblez plus à l’aise dans votre collaboration avec le Luxembourg que dans celle avec Metz et Nancy. Plus LELA + que sillon lorrain ?
Je n’ai pas de mépris pour le sillon lorrain. La population thionvilloise est tournée vers le Luxembourg mais Thionville peut sans problème jouer les deux cartes. Il n’y a pas contradiction du fait de sa position centrale. Jean-Pierre Masseret m’a dit que notre ville était celle qui a le plus d’avenir en Lorraine. Simplement, pour que le sillon ait plus de force, il faudrait un vrai projet commun. Je me fous de l’A32 qui relie Nancy à Richemont ! Nous avons nos propres problématiques de transport. La Lorraine n’a pas de grande métropole urbaine. Donnons un poids économique et une dynamique à la conurbation urbaine Nancy - Epinal - Metz - Thionville ! Il faut qu’on nous identifie depuis Toulouse.

n’est-ce pas tout simplement le conflit des générations qui pose problème ?
J’ai une manière différente d’assumer mon rôle de maire. 20 ans de différence avec le maire de Nancy, cela fait une génération. Patrick Luxembourger et moi voulions imprimer un nouveau style, plus direct, plus simple. Je ne me vis pas comme un notable, je ne me dis pas tous les jours que je suis le maire. D’ailleurs quand je l’oublie, les gens savent me rappeler ce qu’ils attendent de moi. Il me faut trouver un modus vivendi entre simplicité et distance. L’autre jour, j’ai fait 50 bornes en vélo et je suis allé en tenue de cycliste à l’assemblée générale d’une association qui m’avait invité. J’ai une vie à côté de ma fonction.

… votre fonction justement. Y a-t-il des nouveautés à Thionville ?
Je viens de faire le tour de toutes les écoles pour prendre la mesure leur état. Nous allons mettre en place une charte sur la téléphonie mobile visant à réglementer l’installation des antennes relais. Les thionvillois pourront consulter les émissions d’ondes. Les pistes cyclables continuent d’avancer. Le plan de déplacement en mode doux et la médiathèque aussi.

un mot sur le SCOT. Les intercommunalités voisines de Portes de France semblent s’impatienter. Qu’est ce qui fait blocage ?
Le problème vient du nombre de délégués de chaque ville. Sur les 10 que doit nommer Portes de France au Schéma de Cohérence Territorial, je dis que Thionville doit en avoir 5 car cette ville représente 60% de la communauté d’agglomérations. Or, Patrick Weiten veut que chacune des 10 premières communes aient 1 délégué. Ce n’est pas sérieux ! J’en ai parlé à André Rossinot qui m’a dit qu’il avait fait comme moi à Nancy. Je demande 5 délégués, point. Ce n’est pas négociable !

une fois le syndicat créé, serez-vous candidat à sa présidence ?
Non mais je ne suis pas non plus favorable à celles de Philippe Tarillon ou de Patrick Weiten. Il faut un président qui soit un animateur du débat et seulement cela. Si je vois qu’il n’y a pas de solution, j’étudierai la possibilité de me présenter quand même. La ville la plus importante reste Thionville.

serez-vous candidat à une autre élection ?
J’ai lu dans vos colonnes que Patrick Luxembourger visait les législatives. Je proposerai aux socialistes de Cattenom, Sierck-les-Bains, Thionville, Terville et Yutz d’être leur candidat pour cette élection. Et j’ai la faiblesse de penser que les choses pourraient ne pas trop mal se présenter. Le maire de Thionville doit avoir plus de poids pour défendre notre territoire auprès des décideurs parisiens.

et le gouvernement ?
J’y ai déjà pensé. Je préfèrerais me jeter à la Moselle tout de suite plutôt que de rejoindre celui de Nicolas Sarkozy mais je serai un soutien de Ségolène Royal lors du prochain congrès. Alors qui sait, si la gauche revient…