en passant par la Sorbonne

jeudi 26 février 2009

«  Non, pas par là ». La grille de l’escalier près du vestiaire est à présent fermée. Les hommes en uniforme  nous invitent à traverser  le  grand amphi puis à emprunter un petit couloir pour quitter la Sorbonne ce jeudi soir. Ils nous feront déboucher   dans la rue des Ecoles au milieu d’une  vingtaine de voitures de police alignées le long du trottoir. Sans que nous le sachions, au moment même où le Syndicat de la presse hebdomadaire régionale proclamait dans la salle des Autorités  de la Sorbonne son deuxième prix littéraire,  l’amphi Turgot, à l’autre bout de l’université était envahi par 200 manifestant issus d’un cortège de protestation étudiante et enseignante contre la réforme de la recherche.  Un parfum de mai 68 a flotté  dans l’air pendant quelques heures… Avant l’évacuation.

Il  a rendu rétrospectivement un peu plus magique encore ce morceau de soirée qui semblait en lui-même  arraché  aux pesanteurs du  temps. « L’ami de jeunesse »,  un  roman d’Antoine Sénanque  couronné par un  jury où figurait une jeune  lectrice de la Semaine ; les propos de Loïc de Guebriant, président de notre syndicat sur les vertus de l’écrit qui « laisse libre celui qui le reçoit » ;  la présence et l’expression  élégante  d’Olivier Nora,   patron de Grasset venu recevoir le prix, celle d’un éditeur de presse qui me disait sa joie d’avoir revu sur France 3 pour les Victoires de la musique,   l’Arsenal de Metz découvert lors du congrès en mai dernier ; celle  de Jacques Toubon ancien ministre de la Culture. Et puis cette traversée inattendue du grand amphi désert dans un halo de lumière au début de la nuit… près de mille cinq cent places, les  sièges au velours  vert amande désuet,  les tribunes, les statues,  « le bois sacré », fresque  de Puvis de Chavanne qui s’étire sur plus de 25 mètres de longueur et représente la Sorbonne sous la forme d’une femme entourée de personnages allégoriques incarnant les lettres, les sciences et les arts. J’y serais bien resté en otage quelques heures.  Quelques jours même  s’il avait fallu et je vous aurais raconté tout cela de l’intérieur… Pas de quoi en faire forcément un roman mais un édito à coup sûr.

Je me consolerai en vous parlant de  l’Arsenal et de Patricia Kaas. Une voix peut-être moins dense ou moins physique  qu’il y a quelques années  mais une présence  qui a gagné en finesse. Le plaisir d’un spectacle presque intime dans cette salle-là.  « L’amour ne se dit pas »… alors la fille de l’Est le chante, le danse, le  respire et le promène tout autour du monde.  Et elle le vit, laissant à son visage le soin de refléter son cœur. Et la liste des concerts emblématiques à travers la planète,  défilant sur l’écran pendant que mademoiselle chantait le blues, avait de quoi coller définitivement des complexes à tous ceux qui réfléchissent à la façon de promouvoir la Lorraine dans le monde.


Puisqu’il reste deux lignes : Slumdog millionnaire. C’est un peu comme un kiné ou un masseur qui vous martèle les abdominaux (ou ce qui en tient lieu) avec la tranche de ses mains. Un peu de mal à respirer, à retrouver son  souffle.  Mais après, mes amis, qu’est-ce que c’est bon…

Encore une ? «  le code a changé ». Du ciné bien de chez nous. Du sourire et plus de tendresse qu’il n’y paraît.

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