municipales à Rombas

mercredi 27 février 2008 15:00 par AS    Rombas

L'heure des réglements de comptes.

10 000 habitants et un duel entre deux membres de l'équipe actuelle. Lionel Fournier (photo à gauche), le maire, face Alphonse Monaco (ici à droite), adjoint à la culture. Avec en toile de fond une sombre histoire de détournement de fonds. La campagne à  Rombas s'emballe.

Les municipales à Rombas comme un combat de boxe ? L'image est signée Lionel Fournier, candidat à sa propre succession. " Cela va être sportif ", poursuit celui qui achève son premier mandat à la tête de la mairie. Deux forces en présence : Lionel Fournier, 53 ans, 1m92, " la carrure d'un rugbyman ", c'est lui qui le dit, et Alphonse Monaco, 48 ans, plus souriant il faut bien l'avouer. Auxquelles, il faut ajouter deux autres listes. Une menée par Gilles Meyer, l'autre par Victor Villa. Mais ces deux-là devraient jouer un rôle moindre dans le scénario rombasien. Un scénario où se mêlent politique, justice et règlements de comptes.

s'il était parti...
C'est Alphonse Monaco et six autres membres de l'équipe municipale qui accusent. L'actuel adjoint aux affaires culturelles à la mairie dénonce les agissements de son maire. Dans un tract à destination des Rombasiens, il accuse : " Lionel Fournier vous a trompés et a trahis votre confiance. Au mois de mai 2007, les services de la Ville ont découvert une facture d'essence anormale : il y figurait un véhicule n'appartenant pas à la ville. Après enquête interne menée par Christian Henry, adjoint aux finances, il est apparu que le maire faisait le plein de son véhicule personnel le faisant facturer à la Ville. Impossible de le remarquer car il a bénéficié de la complicité du pompiste qui inscrivait toujours le numéro d'immatriculation du véhicule de service du maire. Ils faisaient donc des faux indécelables ".
Voilà pour les accusations qui auraient dû rester étrangères à la campagne. A une seule condition : que Lionel Fournier ne se représente pas. " S'il était parti sur la pointe des pieds, nous n'aurions rien fait ", explique Alphonse Monaco. Raté : le maire a choisi de rempiler. Décision qui a déclenché la révélation de cette affaire aux Rombasiens. " Nous ne voulons pas que Lionel Fournier avance masqué. Les gens doivent savoir. Ce n'est pas de la calomnie. Ce sont juste des faits ". Des faits à propos desquels Lionel Fournier ne tient pas à s'expliquer. " Tout est entre les mains de mon avocat ", répond laconiquement l'intéressé. " Depuis deux mois, je suis devenu l'homme à abattre. Et les tireurs sont des personnes qui travaillent depuis 13 ans avec moi. S'ils n'étaient pas d'accord, il fallait qu'ils partent ", lance-t-il. " Nous ne sommes pas partis car nous n'avions rien à nous reprocher ", explique, pour sa part, Alphonse Monaco.

je suis un bosseur
Mais la liste de ses critiques à l'encontre de Lionel Fournier ne s'arrête pas là. Sa politique menée à Rombas est également visée. " Il s'est autoproclamé architecte de la ville. Dès qu'il s'agit de prendre une décision en matière d'urbanisme, il la prend seul. Il a fait de Rombas un décor de western avec de belles façades mais derrière des quartiers complètement délaissés. Il préfère se soucier de l'esthétique de la ville plutôt que des préoccupations des gens. Il ne va à aucune réunion de quartier. D'ailleurs, Monsieur Fournier n'aime pas les gens ", énonce Alphonse Monaco.
" C'est une légende " répond Lionel Fournier. " Je suis un bosseur qui passe du temps à monter des dossiers pour qu'ils aboutissent. Je ne suis donc pas tout le temps sur le terrain. Ma carrure et le fait que je sois un homme de l'Est font qu'il est peut-être difficile de m'aborder. Mais c'est plus une question de forme que de fond. Car sur le fond j'ai développé des services publics à destination de tous les Rombasiens ".
9000 colis offerts aux plus de 70 ans, 4000 livres à la médiathèque, 6300 portages de repas au domicile des personnes âgées, Lionel Fournier joue des chiffres pour montrer son amour pour les gens. Le maire avance aussi son projet basé sur quatre axes : les services de proximité, le développement économique, l'environnement et le lien social. Il se targue surtout d'être une exception dans le paysage politique rombasien.
"  Je suis le seul à avoir un projet ". Ce qui n'est pas tout à fait vrai. Alphonse Monaco aussi a ses axes : le renforcement de la solidarité, le développement de la ville, le développement durable, le pari de la culture et du savoir et une gestion rigoureuse des finances. Et un atout de plus : l'investiture du Parti socialiste, accordée en 2001 à Lionel Fournier. Une privation qui ne gêne en rien ce dernier. " Après réflexion, je me suis rendu compte que cela ne m'ennuie pas. Rombas vaut plus qu'une étiquette politique ".