municipales à L’Hôpital

lundi 25 février 2008 18:12 par MV    L'Hôpital

Un climat nauséabond.

Rien ne va plus entre Gilbert Weber (ici à gauche), le maire sortant, principal du collège Garang, et son opposant, Philippe Gonigam (à droite sur la photo), travaillant à la Ligue nationale d'athlétisme. Ils s'opposent pour la mairie de L'Hôpital. Et les arguments volent bas au pied des tours de la  plate-forme chimique de Carling. Dette communale, lettres anonymes,  dénonciation pour des faits de moeurs... Autant de faits ou d'allégations qui pourrissent depuis de nombreux mois déjà la vie quotidienne de cette commune de Moselle-Est. Les candidats se répondent par tracts et rien ne semble apaiser cette rivalité exacerbée. Résultats dans moins d'un mois. Et après ? L'apaisement, enfin ?

A L'Hôpital, il n'y a pas que les rejets de la plate-forme chimique de Carling qui alourdissent l'ambiance. En cette dernière ligne droite de campagne municipale, l'air est électrique, tant le fossé se creuse entre la majorité sortante emmenée par Gilbert Weber et la liste de l'opposition, avec comme chef de file Philippe Gonigam. Tout est sujet à différends, arguties juridiques et surtout crispation tout azimut. Les deux équipes se répondent par tracts, frappent comme des sourds, usent de grosses ficelles, tirant la campagne vers le bas. Tout semble permis tant l'antagonisme est grand. Et aujourd'hui bien malin l'électeur qui saura démêler le bon grain de l'ivraie, forger sa conviction pour choisir tel ou tel bulletin.

L'enjeu de la dette
Pourtant, la posture des deux candidats est identique. Ils se présentent comme véritablement au-dessus de tous soupçons, salissant l'autre de tous les noirs desseins imaginables. Cela passe bien sûr par la gestion des finances de la commune. C'est l'angle d'attaque choisi par l'équipe de Philippe Gonigam. Dans un tract diffusé à la population, il décortique la gestion municipale de Gilbert Weber et annonce que " la dette atteindra en mars 2008 la somme phénoménale de 10,3 millions d'euros. " Soit un montant supérieur à celui constaté en 2000 avec 9 millions d'euros. Toujours selon Gonigam, différents remboursements auraient dû " ramener la dette à 5 millions d'euros soit 811 euros par habitant. " Simplement impossible de savoir si ce montant est avéré. Le maire sortant répond tout de go qu'il s'agit " d'une supercherie comptable " et annonce de son côté une dette de 5,7 millions d'euros.
Seul fait vérifié, celui du placement de la commune dans le réseau d'alerte de la préfecture et de la Trésorie générale à partir de décembre 2005. Il s'agit d'un dispositif qui concerne de nombreuses communes de Moselle et accompagne celles qui présentent une fragilité financière. Simplement, Gilbert Weber annonce " n'avoir aucune information là-dessus. Je n'ai lu de courrier, je n'en ai pas connaissance. " D'après nos informations d'origine fiable et surtout neutre, il paraît impossible qu'un premier magistrat ne soit pas au courant de la mesure dont fait l'objet sa commune.
Ironie de l'histoire, c'est justement la gestion communale de son prédécesseur que Gilbert Weber avait attaquée en 2001 pour déboulonner Jean Schuler de son trône avec 179 voix d'avance. Et sept ans plus tard, ses détracteurs ont retenu cet angle d'attaque. Une analyse que le maire sortant réfute avec force. " A l'époque, c'était une véritable dette. J'ai réalisé plus de choses pour mes administrés que pendant les trois mandats précédents. ", souligne-t-il en présentant un document de huit pages distribué aux habitants. Et Gilbert Weber d'annoncer la poursuite de la politique de réduction de la dette, afin de la ramener proche de la moyenne départementale, avec 750 euros par habitant.

Simplement glauque
On passera sur les lettres anonymes dont s'accusent les uns et les autres. Une des dernières en date a été reçue par  une membre de l'équipe du maire sortant qui vient de renoncer à son mandat d'adjoint. Le ton est simplement ignoble. Mais impossible de savoir qui en est l'auteur... On passera aussi sur les suspicions d'être suivies dont se disent victimes les deux candidats à l'élection.
On reviendra peut-être sur les deux éléments que Philippe Gonigam s'est permis de reproduire dans un tract. Tout d'abord une fausse accusation de pédophilie dont il aurait fait l'objet émanant de Gilbert Weber.
L'origine de l'histoire serait des photos  du maire de L'Hôpital, prises à son insu à la sortie de l'établissement scolaire à Creutzwald dont il est responsable. Une salariée du collège reconnaît derrière l'objectif Philippe Gonigam et en fait part à Gilbert Weber. Ce dernier porte plainte dans un premier temps avant de se rétracter quelques mois plus tard, comme le prouve le procès-verbal d'audition reproduit par son opposant. Aujourd'hui, Weber livre sa version. " Ce jour-là, ma voiture était au garage. J'avais alors emprunté un véhicule de ma commune. Lorsqu'on m'a parlé d'un individu qui prenait des photos à la sortie de l'établissement, c'était ma responsabilité de principal que de dénoncer ces faits. " Soit...
Second élément, une partie de lettre manuscrite reproduite par Philippe Gonigam où on utilise à son endroit et à celui de son jumeau Emmanuel, on y évoque "un tandem de bâtards." Référence au fait que les deux frères ont été adoptés. Gilbert Weber se défend être l'auteur de la lettre alors que son opposant annonce avoir fait effectuer des études graphologiques. "Je ne suis pas l'auteur de cette lettre, il s'agit de Lucien Rezzadore." Un ancien membre de son équipe qui a rejoint le premier son opposition. On est bien loin de la politique paillettes et la responsabilité est clairement partagée par les deux candidats. Il est tout aussi dommageable de relayer ces affaires sur la scène publique et de rendre le climat un peu plus nauséabond encore.

Et l'avenir ?
Le 9 et le 15 mars, les électeurs de L'Hôpital devront choisir. Les deux candidats rappelleront très certainement une nouvelle fois les  nombreuses procédures judiciaires qui les ont renvoyés dos-à-dos. Un climat des plus délétères qui laissera des traces. Et, même si Gilbert Weber et Philippe Gonigam prônent l'apaisement à l'issue du scrutin,il en restera toujours et pour longtemps quelque chose. La vie politique de L'Hôpital n'a pas fini de faire parler d'elle. Malheureusement.