Patrick Luxembourger

lundi 26 janvier 2009 07:50 par Gilbert Mayer    Terville

un plan Schuman pour le secteur

Le fait transfrontalier est une réalité quotidienne pour des dizaines de milliers de Lorrains. Pourtant si cette respiration est essentielle au dynamisme de la région, il reste du chemin à parcourir pour profiter vraiment de cette situation en matière de développement cohérent et intégré du territoire. Patrick Luxembourger, maire de Terville, appelle de ses vœux un véritable « plan Schuman pour le secteur ».

En portant le patronyme qui est le sien, le maire de Terville est en lui-même une déclaration de principe transfrontalier. Au-delà de l’anecdote, le développement de cet espace est aussi une idée qu’il chérit et défend depuis une décennie. Il ne faut donc pas s’étonner de le voir ferrailler en assemblée de la communauté d’agglomération de Portes de France sur ce thème. Ni même de le voir aujourd’hui rebondir à propos du dossier  paru dans La Semaine (15 janvier 2009). S’il ne méconnaît en aucun cas que « le sujet est politiquement sensible et qu’il constitue parfois un fonds de commerce électoral. » Patrick Luxembourger maintient que « si cette compétence a été adoptée par la communauté d’agglomération, c’est bien parce que j’ai beaucoup tiré dans ce sens là.  Désormais tout le monde en parle, mais on a trop tendance à n’y voir qu’une question de transport. Moi je pense qu’il s’agit bien plus d’une affaire d’aménagement du territoire, de développement. » Pour en arriver là cependant, il est indispensable pour toute la partie Nord de la Lorraine de se doter de l’outil juridique qui permettra l’action. Sur ce plan, le maire de Terville estime que c’est au «  au préfet que nous devons de disposer de l’établissement de coopération transfrontalière. Ajoutons à cet outil juridique, un véritable plan Schuman qui nous fournira les armes pour aller de l’avant. »

patronat franco-luxembourgeois
Considérant qu’actuellement les différentes collectivités se contentent d’accompagner le fait transfrontalier plus qu’elles ne s’emploient à le développer pour structurer, aménager tout un secteur de la région, Patrick Luxembourger pense que : « l’espace doit être intégré de Longwy à Sierck, C’est là que se situe le territoire existant de façon concrète. Revenons aux solidarités humaines qui ont tissé l’histoire de ce secteur. » Pour l’élu, il y a urgence à progresser sur ce chemin, car ce n’est qu’en se donnant les moyens d’agir ensemble que les collectivités de tout l’espace frontalier pourront ensuite construire des politiques concrètes et opérationnelles. Ce sera aussi la faculté d’assurer le développement, l’équipement et la promotion d’un réservoir de population, qui profite déjà largement des retombées de sa migration quotidienne. « J’ai proposé à la communauté d’agglomération Portes de France, qu’un groupe de suivi de la situation économique luxembourgeoise soit constitué » annonce Patrick Luxembourger. Un outil qui serait précieux pour guider l’action dans l’avenir et dans les prochains temps, en cas de revers économiques au Grand-Duché, pour prendre en compte l’impact en retour qui risque de se produire.

Au-delà la structure, le maire de Terville imagine une sorte de patronat franco-luxembourgeois œuvrant de concert au développement croisé des affaires et intervenant de la même manière lorsqu’il y a transmission-reprise d’entreprises. « Dans le cas d’Arcelor, cela autoriserait une vision plus réaliste de la situation, tant que les manières d’agir et les conditions sont différentes dans chaque pays » plaide Patrick Luxembourger.

déjà 400 élus
Elu d’une zone urbaine, où le grand commerce assure une bonne part de la richesse économique, le maire de Terville sait bien que plusieurs grands projets d’implantation au Luxembourg, un temps gelés, vont voir le jour : « Quel sera alors leur impact ? » interroge-t-il. Quand se pose la question de l’aménagement de l’espace lorrain en face de Belval, les réponses ne sont pas nécessairement pertinentes du point de vue de Patrick Luxembourger : « Le préfet parle d’une ville nouvelle à caractère écologique alors qu’entre Terville et Florange, un tel programme est déjà très avancé. Quand on aborde ces questions, on tombe invariablement sur la question du Schéma de cohérence territoriale (SCOT) et là, c’est très sensible. Le préfet a manifesté une ouverture sur le sujet transfrontalier, sachons avancer de façon positive. »

Pas moins de 400 élus locaux réunis au sein de l’association des élus frontaliers manifestent leur foi et leurs attentes à propos d’un fait transfrontalier plus actif que passif. Dans ce paysage on pourra compter sur Patrick Luxembourger  mais aussi  Jean-Luc André, conseiller régional et ancien premier adjoint au maire de Longwy pour porter la bonne parole…et l’action.

Déjà en 2004, le maire de Terville a proposé la création d’une vraie plate-forme hospitalière entre les établissements du secteur de Thionville et ceux d’Esch-sur-Alzette et de Luxembourg ville.
« Voilà qui aurait permis de répondre aux problèmes de soins de tout un espace tout en résolvant la question du maintien des professionnels de santé » constate l’élu. Rien de semblable n’a pour l’instant abouti et la dualité du Centre hospitalier régional – fait unique en France – est de plus en plus difficile à vivre, tandis que le corps médical est happé par le Luxembourg. « C’est une idée crédible et réalisable puisque cela a été accompli à la frontière espagnole » insiste Patrick Luxembourger.