Michael Clayton

mercredi 24 octobre 2007 09:51 par Fernand-Joseph Meyer    

de Tony Gilroy
avec George Clooney, Tom Wilkinson, Tilda Swinton, Sydney Pollack.

“Je ne fais pas de miracles, je fais le ménage”, c’est ce que précise l’anti-héros, avocat d’un cabinet juridique à New York. Le spectateur est réduit à faire la même chose car le scénario complexe est un peu coincé sur ses rails. Michael Clayton démêle les situations d’urgence de quelques clients privilégiés comme U/North, une firme agro-agroalimentaire championne de la pollution, responsable de l’empoisonnement d’une famille d’agriculteurs. C’est un nettoyeur qui allie abnégation et discrétion et son professionnalisme ne confond guère éthique d’entreprise et morale à la petite semaine.

La nouvelle affaire dérape quelque peu car Michael Clayton connaît des états d’âme. De plus, un de ses collègues vacille car il a su que la firme incriminée a mis sciemment en vente un produit pesticide. Notre mélancolique héros peine à le ramener à  la raison. Le patron du cabinet d’affaires s’impatiente  pendant que la directrice juridique de la U/North trouve des solutions plus radicales... Le doute assaille Michael Clayton...

C’est ce qui nous arrive aussi quand on tente de se plonger dans ce film qui a toutes les apparences d’un thriller à connotation politique et qui peine à nous emballer. Le suspense reste désespérément mou et on n’arrive pas plus à croire qu’on est embarqué dans une aventure métaphysique. George Clooney et ses acolytes co-producteurs – Sydney Pollack, Steven Soderbergh, Anthony Minghella - récidivent avec un film à forte teneur “démocrate”, d’apparence politiquement incorrecte, mais qui n’arrive pas à la hauteur de “Good Night, And Good Luck” ou même de “Syriana”. C’est la rançon qui oblitère les films produits en série.

Après le “biopic” et la comédie ado-acnéique, le cinéma américain qui se veut politiquement critique connaît les passages à vide. Tony Gilroy est d’abord un scénariste et ça ne fait pas forcément le cinéaste rêvé pour traiter un sujet aussi corrosif.

On se console avec un filmage fluide, des couleurs splendides, une musique qui détonne. George Clooney, avec ses ridules cinégéniques, reste une icône qui jure avec l’accroche publicitaire du film. Il est bien entouré. Sydney Pollack campe comme un pro un boss féroce. Tilda Swinton sort du lot. Qui d’autre qu’elle aurait pu jouer avec autant de précision une femme d’affaires qui mesure sa médiocrité à l’aune de ses aisselles humides ?