carte militaire en Moselle

dimanche 24 août 2008 15:00 par MV & JPJ    Metz



Les élus de Bitche ont décidé la restitution de la Légion d’Honneur décernée à la ville.  Des élus de l’agglo messine mobilisés pour la BA 128 avec pétition et réunion publique. Alors que la délégation mosellane pourrait être reçue à l’Elysée le 29 août, le mouvement contre la carte militaire reprend de l’ampleur.

Bitche en attendant le 29 août
« Dans les circonstances de l'actualité afghane, il serait indécent de renvoyer une médaille militaire à la figure de Sarkozy. Nous vivons un drame local et la France vit un drame national. » Roland Hoff, le premier adjoint du maire de Bitche, n'est pas connu pour manier la langue de bois. Mais même si la colère du Bitcherland est plus que jamais présente, l'enterrement vendredi prochain à Castres des dix soldats tués lundi en Afghanistan rend impossible une manifestation à Paris contre la fermeture du 57e régiment d'artillerie.

En début de semaine, le comité de mobilisation emmené par Gérard Humbert annonçait pourtant plus d'une vingtaine de bus réservés pour les personnes de l'arrondissement de Sarreguemines. Ce qui représentait près de 1 200 Mosellans faisant le déplacement dans la capitale.
Parmi les actes symboliques, était programmée la restitution à l'Elysée de la Légion d'honneur délivrée à Bitche pour l'héroïsme de ses habitants en 1870 et la Croix de guerre 39-45 donnée à la ville. Une décision symbolique que l'Etat a bien essayé de contrer dans un courrier transmis aux élus locaux il y a quelques jours. En substance, la préfecture de Moselle y explique que ce type de distinction est reçue à perpétuité. Elle a été remise aux auteurs d'actes héroïques et leurs successeurs ne peuvent intervenir. Un petit argument juridique qui ne pèse pas bien lourd face à la détermination des élus de Bitche.
Vendredi prochain, pour marquer le coup, « la ville restera ville morte durant l'enterrement des soldats à Castres. Les commerces devraient fermer pour l'heure de la cérémonie funèbre », reprend Roland Hoff. L'adjoint au maire annonce également que la manifestation à Paris pourrait être décalée d'une semaine et reportée au jeudi 28 août.
« Cette date serait également symbolique car elle tomberait la veille de la réception à l'Elysée de la délégation des élus mosellans concernés par les restructurations. »
Une rencontre pendant laquelle Bitche compte présenter des arguments de poids pour faire revenir le président Sarkozy sur sa décision. « Notamment économiques, à savoir que dans une conjoncture générale de réduction des coûts, c'est de l'argent gaspillé que de reconstruire des bâtiments ailleurs alors que ceux de Bitche sont neufs. »
En parallèle, les manifestants avaient prévu de mobiliser également les représentations françaises à Sarrebruck, Luxembourg et Bruxelles.
Une manière de faire du bruit médiatique mais également de « préparer l'opinion publique à l'éventualité de l’arrivée d'un régiment allemand à Bitche. Nous avons écrit en ce sens au ministre de la Défense d'Angela Merkel», espère Roland Hoff.
Quant à une action de grande ampleur comme celle menée par les élus du Saulnois, à savoir une démission en bloc des élus concernés, «nous avons tout de suite exclu cette alternative. Il y a quelques années, lorsque la maternité a fermé, c’est ce que nous avions fait... Cela n’avait rien changé.» Bitche est bien décidé à ne pas rendre les armes.

agglo messine sur plusieurs fronts
BA 128 : faire décoller la mobilisation
« Plus de 400 signatures revenues en mairie en quelques jours suite à un appel diffusé en plein mois d'aout à Marly »
. Thierry Hory, maire de cette commune riveraine de la base de Metz Frescaty ( BA 128)  mesure la mobilisation de ses concitoyens. Il espère qu'ils seront nombreux à participer ce jeudi aussi à une  réunion publique du comité de défense de la base  à la salle des fêtes d'Augny.  Le relais sera pris le lundi 25 par une réunion extraordinaire du conseil municipal de Marly. A Augny aussi, dont 20 % de la population serait concernée par la disparition de la base la mobilisation est forte même si elle reste avant tout teintée encore d'incompréhension. L'espoir que ces décisions seront remises en question, l'hypothèse de voir les choses se débloquer après l'entrevue qui doit avoir lieu fin août entre des responsables mosellans et le Président de la République. François Henrion, la maire d'Augny ouvrira ce jeudi la réunion publique.

Metz ville morte le 6 septembre ?
L'onde de choc des annonces de suppressions d'emplois militaires dans la région messine a été forte…mais elle demande à présent à être relayée par un certain nombre d'initiatives si elle veut prétendre déboucher sur autre chose que de la compassion. On a vu par ailleurs les mobilisations pour Bitche et pour la BA128.

A Metz, c'est le conseil municipal qui devrait être réuni le 4 septembre pour adopter une motion et c'est une journée de protestation qui sera organisée le 6 septembre. L'espoir est de réunir dans les rues de la ville autant de monde qu'à l'époque des grandes manifestations contre les fermetures dans la sidérurgie. Journée ou pour le moins matinée à rideaux baissés aussi dans le commerce…pas évident un samedi.

On devrait savoir au cours des prochains jours si une mobilisation de la CA2M, celle des communes riveraines de la base aérienne et l'initiative messine peuvent trouver une vraie cohérence de message. L'importance de l'hémorragie humaine et professionnelle devrait être  un facteur facilitant les choses. La notion de ville morte pour autant est à manier avec précaution si elle n'est pas au service d'une cause précise.