Luxo les coeurs !

jeudi 23 août 2007

Parus juste avant le début de l'été,  les résultats d'une enquête effectuée pour le compte de notre confrère " Le Jeudi " auprès de 500 Luxembourgeois sur leur sentiment d'identité, n'avaient pas suscité un intérêt particulier du côté de chez nous. On y parlait pourtant assez abondamment de la perception des travailleurs frontaliers dont les Lorrains fournissent, on le sait, un contingent appréciable ! Mais il est vrai que les présidentielles puis, à degré moindre les législatives, nous avaient sollicité le nombril  encore un peu plus que de coutume.
Alors,  avant de replonger dans la rentrée, en attendant le prochain caprice de Cécilia ou la dernière trouvaille de Jean-Marie (Rausch pour les Messins, Demange pour les Thionvillois ; ailleurs, vous changez le prénom, ça marche aussi) je vous propose d'y jeter un coup d'oeil un peu plus approfondi.
" Le Luxembourg c'est comme une Mobylette, ça marche au mélange " écrivent nos collègues pour rappeler avec humour qu'un quart des Luxembourgeois peut se prévaloir d'avoir un de ses parents étranger.
Alors, dans ces conditions, être luxembourgeois aujourd'hui c'est quoi ? " Parler le luxembourgeois " répondent 86% des sondés lorsqu'on leur propose un choix de plusieurs critères. Et ils rajoutent en deuxième facteur "  le fait  d'apprécier la qualité de vie et le fait de vivre dans le pays ". N'arrive qu'en troisième position le fait d' y être né (61%). Autrement dit une conception plutôt ouverte de la nationalité ou de l'appartenance qui pourrait se traduire par une formule triviale du genre : " parlez notre langue et ne crachez pas dans la soupe ".
Fiers d'être Luxembourgeois, très fiers même dans 62% des cas,  nos voisins n'en sont pas moins taraudés par le sentiment que leur identité n'est pas respectée par les résidents étrangers. Une  perception exprimée par 60 % des Luxembourgeois et qui est encore plus nette chez les femmes (65%). Cette identité ne serait  pas respectée non plus, et dans des proportions plus impressionnantes encore, par les travailleurs transfrontaliers. On frôle les trois-quarts des opinions exprimées avec 72 %. " La fracture semble sévère entre ceux qui font en grande  partie tourner l'économie et les Luxembourgeois " écrivent nos confrères. Et le sentiment, assez généralement partagé que  l'identité luxembourgeoise est en train de se perdre (39 % contre 34 % d'un avis contraire) ne devrait pas arranger les choses.

Des leçons à en tirer ? Pas forcément mais une autre qualité d'attention à apporter à certaines choses peut-être. Frontières psychologiques, susceptibilité linguistique ont pris le relais des barrières et des douaniers  malgré la richesse partagée. Curieusement, c'est au moment même où les frontaliers ressentent parfois une forme de condescendance dans l'accueil qui leur est fait par nos voisins que les Luxembourgeois disent souffrir dans leur identité. Où est l'origine où est la conséquence ? "  A partir de neuf heures du matin nous ne sommes plus chez nous " disait avec plus d'humour que d'acrimonie Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois il y a quelques années.
Autant de sentiments qui méritent mieux qu'une pirouette ou que d'être balayés d'un revers de main... Une réalité subtile qui demande manifestement à  être transcendée  par des démarches concrètes et simples. Comme celles du Quattropôle et de l'apprentissage par internet du luxembourgeois. Comme cette rencontre entre Yutz et Dudelange cette semaine.
Des petits pas plutôt que le fantastique sur-place qu'a constitué par exemple le fait que Luxembourg et la grande région soient capitale européenne de la culture en 2007. Un symbole cantonné à l'hermétisme. Autant une ville comme Lille, lorsqu'elle en avait été le siège, avait su capitaliser la sympathie, autant là  on a le sentiment d'avoir voulu se la jouer plus haut que notre culture.
" Nous aurons gagné le jour où nos  concitoyens iront boire un coup ensemble " déclarait Hajo Hoffmann l'ancien maire de Sarrebruck. Et il n'avait peut être pas tort. Alors, santé !

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