la Semaine Numérique

Pierre Aubert

jeudi 12 avril 2007

Il y a 20 ans, j'avais affiché au mur de mon bureau un plan du parc et des jardins du château de Versailles, édité vers 1690, au firmament des fêtes de Louis XIV. Ce illustre l'aboutissement de tout ce qu'un jardin peut révéler de plus original et de plus abouti. Mais j'ai été frappé par une image de "déjà vu" dans cette gravure. Ca a pris des semaines, mais j'ai trouvé. La formule tient en une phrase: Walt Disney s'est littéralement inspiré des fêtes de Louis XIV pour réinventer le concept à Disneyland. Sous pour faire plus court encore: Disneyland c'est Versailles tous les jours. J'ai appris ce plan par coeur. Sous toutes ses coutures, depuis l'époque des marécages jusqu'à aujourd'hui. J'y ai découvert plusieurs degrés de lecture. Par exemple, le bassin de Latone (mère de Diane et d'Apollon) et les quinconces du nord et du midi, ressemblent étrangement à la tête de Mickey. Plus étonnant, voulu par Le Nôtre, c'est l'architecte Richard Mique, de Nancy qui a construit ce bassin de Latone. Plus immuable, à la boutique du château, on peut acheter un porte-clefs du jeton qu'il fallait impérativement remettre pour avoir accès aux festivités, comme les billets d'entrée à Disneyland. Plus sérieusement, il y a peu de différences entre les attractions à Versailles en 1690 et celles de Disneyland en 2007: jeux, feux d'artifice, batailles navales, théâtre, poésie, musique, danse, gastronomie, déguisements et autres masques. Plus touchant enfin, le mot d'un roi adolescent, à Le Nôtre qui lui présentait les plans des jardins : "j'y voudrais plus d'enfance". Récemment était présentée un exposition au Galeries Nationales du Grand-Palais intitulée: "Il était une fois Walt Disney", qui faisait apparaître les références aux origines artistiques européennes de son inspiration. On n'y a rien vu sur Versailles ou Le Nôtre, au milieu des Dürer, Bruegel le jeune, Perrault, Grimm, Viollet le Duc, Hugo, Doré, Dali, Lichtenstein. Des historiens de l'art devraient travailler sur cette hypothèse. Je suis confiant sur les suites de ce collage, dont l'original est exposé dans les bureaux de La Semaine.