bras de fer

jeudi 24 janvier 2008 12:00 par JPJ    Metz

" Et d'abord, qui c'est ce Mittal ? ". Oui je sais,  je pousse un peu en parodiant à l'extrême la gouaille avec laquelle Nicolas Sarkozy a pris l'habitude de répondre aux situations les plus difficiles, allant même jusqu'à inviter  parfois ses détracteurs à venir, s'ils en ont le courage,  le lui " dire en face ".   " Pour une fois qu'à l'Elysée il y a quelqu'un qui  en  a et qui s'en sert " aurait-il même déclaré, selon le Canard Enchaîné, il y a quelque temps. Pas forcément à propos du même sujet d'ailleurs.
 C'est en vertu de ce grand principe qu'au cours des derniers jours Nicolas Sarkozy nous a gratifiés d'une sortie pleine de bon sens populaire sur les quotas de pêche. Il  a assuré qu'on pourrait sûrement les faire évoluer vu que c'est nous qui présiderons bientôt et pour six mois l'Union européenne. Sûr qu'à Bruxelles ils ont dû trouver ça drôle et que la Slovénie se dit qu'elle ferait bien de  profiter encore de sa présidence d'ici le 30 juin pour arranger deux ou trois coups de ce calibre.

Mais revenons à Mittal et à Gandrange. Près de 600 emplois sont menacés de suppression même si leurs titulaires doivent être reclassés à Florange et au Luxembourg. Une saignée de plus dans le tissu industriel lorrain et français. Une situation qui, pour les uns, tient du paradoxe dans un marché mondial porteur. Pour les autres elle  découle d'une succession de mauvais choix ou d'erreurs.  " Un certain nombre de décisions " seront prises prochainement avait dit le chef de l'Etat l'autre jour à Sens. Jusque-là, cela n'en manque  pas, de sens. Même si ce type de phrase n'engage pas à grand-chose. En tous cas l'ouverture  n'a pas échappé aux différents responsables syndicaux et politiques de notre région. En trois jours Nicolas Sarkozy  est devenu la clef magique du problème : charge à lui, au cours d'une entrevue, de convaincre Mittal, de renoncer à son funeste projet ou  pour le moins  d'obtenir  le gel des suppressions d'emplois. Le temps  pour "  les organisations syndicales de présenter un contre-projet industriel permettant de sauver l'usine ".  Un bras de fer qui,  nouveau clin d'œil de l'histoire, se situe à la veille du déplacement du chef de l'Etat en Inde.  

Au-delà du caractère préoccupant voire dramatique de cet enjeu il est symptomatique de voir comment, quelque 25 à 30 ans après, les mêmes demandes et les mêmes constats émergent de la bouche de nos élus. "  Il faut une zone franche,  il faut une aide spécifique à notre région ". En clair, il faut nous défendre contre la mondialisation et peut-être en même temps contre le  Luxembourg qui est pourtant régulièrement présenté comme un de nos plus grands atouts.  " Il faut plus d'Etat, faire entendre raison aux grands capitaines de l'industrie ".
" Demain, vous nous demanderez la lune " disait un slogan il n'y a pas si longtemps en parlant de la Lorraine. Pour quelque temps encore, c'est nous qui la demandons et ces images là, sont de celles qui restent. Qui se véhiculent plus vite encore au temps du TGV.  Alors, pourvu que  ça marche.  Au moins n'aurons-nous pas tout perdu dans l'histoire. Et Sarko non plus !