université de Metz

vendredi 23 novembre 2007 14:15 par Aurélia Salinasl    Metz

" Pas là pour faire la révolution "

A 19 ans, Marc Sthelin préside l'Unef à Metz et en Lorraine,
le syndicat étudiant majoritaire. Contre la loi Pécresse oui mais l'urgence est aussi de s'attaquer aux deux problèmes majeurs de l'université : la réussite en licence et la précarité des étudiants.
65% des étudiants messins ont répondu oui à la question :

êtes-vous pour l'arrêt du blocage de l'université ?
Qu'en pensez-vous ?


C'est intéressant de savoir que 65 % des étudiants pensent cela. Mais certains de ceux qui sont allés voter étudient dans les IUT ou en droit et ne sont donc pas directement concernés par le blocage. Ensuite, c'est un peu dommage d'avoir organisé ce referendum un lundi en ne prévenant les étudiants que le vendredi. Et, qui plus est, la veille d'une journée nationale de mobilisation. Au total, le scrutin a enregistré un taux de participation de 16 %.

Concrètement aujourd'hui, où en est la fac de Metz ?
Plus rien n'est bloqué. Des vigiles de la fac sont intervenus dans la nuit de lundi à mardi. Mais les étudiants restent mobilisés. Une manifestation devrait être organisée ce jeudi.

Quelles sont vos revendications ?
Avoir plus de démocratie étudiante. La loi sur l'autonomie des universités a considérablement réduit la part des étudiants dans les différents conseils de l'université. Un cadrage national des diplômes pour qu'un diplôme obtenu à la Sorbonne ait la même valeur que son équivalence à Metz, et enfin une revalorisation des bourses.

Cette dernière demande dépasse le cadre de la loi Pécresse.
Cette loi cristallise toutes les attentes des étudiants. Nous voulons des réformes mais pas celles-là. L'essentiel est de résoudre les deux problèmes des étudiants aujourd'hui : la réussite en licence et la précarité des étudiants. En six ans, les bourses ont augmenté trois fois moins vite que le coût de la vie étudiante.

Rapprocher le monde de la fac et celui de l'entreprise, n'est-ce pas une bonne chose ?
Si. Nous sommes pour une professionnalisation des diplômes. Mais nous voulons aussi pointer du doigt les risques : que les entreprises décident du contenu des diplômes, que les filières pas rentables passent aux oubliettes. Ce qui risque aussi d'arriver, c'est que les grandes universités fassent un partenariat avec les grandes entreprises pour ne former que des élites laissant de côté les petites universités.

Que proposez-vous pour rendre l'université plus professionnalisante ?
Des choses simples pour commencer. Des cours pour apprendre à faire un CV, des cours de langues étrangères bien plus approfondis, la création d'un bureau des stages qui aide les étudiants dans leur recherche de stages.

A l'intérieur même des opposants à la loi, le mouvement étudiant semble divisé.
Certains groupuscules d'extrême gauche se greffent à notre mouvement pour défendre leur lopin de terre. Mais les vraies décisions sont prises lors de vraies assemblées générales avec de vrais étudiants. On ne suit pas la voie de l'extrême sinon les choses n'avancent pas.

On a tendance à comparer ce mouvement avec ce qui s'est passé au moment du CPE. Etes-vous d'accord ?
Je trouve cette mobilisation encore plus radicale. Ce qui n'est pas toujours très productif. Il y a chez les étudiants un état d'esprit anti-Sarkozy. Ils ont besoin de faire ressortir quelque chose, de gueuler.

A 19 ans, comment se retrouve-t-on à la tête de l'Unef de Metz et de Lorraine ?
J'étais déjà engagé au lycée et je continue à l'Unef car c'est la plus grande organisation étudiante de France, la plus structurée. Mon but est de défendre les étudiants mais je ne suis pas là pour faire la révolution.