la vérité ou presque

samedi 22 septembre 2007 19:00 par Fernand-Joseph Meyer    

de Sam Karmann
avec Karin Viard, François Cluzet, André Dussolier, Brigitte Catillon, Sam Karmann, Julie Delarme.

On revient à Lyon, accueillante cité cinématographique, après avoir croisé la fille coupée en deux façon Chabrol. On ne change pas de milieu. Bourgeoisie plus ou moins grande appuyée sur la télé locale, le bâtiment et aussi l’université car ça surdose la valeur symbolique.

Comme on est à Lyon, les traboules ont évidemment plus d’importance que les bouchons. Elles sont le lieu privilégié où  les secrets taquinent quelques fantasmes téléphonés. Ainsi suit-on les intermittences conjugales d’un quintette fort sympathique. Anne, journaliste à la télé, est l’ex de Marc qui a la libido en poupe, et l’actuelle épouse de Thomas, doué pour les accouchements en tout genre.  

Caroline, la femme de Marc, est enceinte jusqu’aux yeux. Celle-ci soupçonne Marc de la tromper. Elle se confie à Anne qui sait calmer Marc. Arrive Vincent, qui vit mal une liaison avec Lucas. Il est écrivain et universitaire, son dernier livre est un succès et  il travaille sur la biographie d’une chanteuse de jazz oubliée originaire de la région, Pauline Anderton.
Malgré lui, il est mêlé aux histoires de nos deux couples qui naviguent dans une hétérosexualité bien policée…

C’est ce qu’on appelle un scénario bien ficelé. On ne s’ennuie guère.
Il y a même des rebondissements et -c’est dommage- une intrigue parallèle qui boursoufle le récit. Sam Kermann, réalisateur et interprète, adapte et transpose en Rhône-Alpes un best-seller anglo-saxon de Stephen McCauley. L’opération est concluante. Tout fonctionne. L’essentiel du film est consacré à la peinture de cinq personnages en crise affective passagère avec de dramatiques symptômes qui musclent le scénario après la mi-temps.  C’est plaisant, c’est agréable et parfois c’est drôle car les dialogues charrient quelques bons mots. Le sommet est atteint par André Dussolier/Karin Viard quand, dans l’épilogue, ils comparent les histoires des couples aux cycles d’une machine à laver : elle attend le rinçage et lui, l’essorage.
Du jazz bien tempéré aère le tout. Chabrol et Sautet sont proches et fort heureusement, ça n’a rien à voir avec Lelouch. Les acteurs tous réunis tablent sur la sobriété. Voilà du cinéma français bien cuit, odorant comme du pain de tradition qui devrait beaucoup plaire dans les capitales étrangères.