qui veut gagner la Présidence ?

jeudi 22 février 2007 16:00 par JPJ    Metz

10,5 millions de spectateurs. Ce n'est pas encore autant que la Coupe du Monde de foot mais le score d'audience  réalisé lundi soir par l'émission de TF1 " J'ai une question à vous poser " qui recevait Ségolène Royal a de quoi vous couper le souffle. A Nicolas Sarkozy aussi d'ailleurs puisque pour une fois, il a fait un peu moins bien qu'elle. Et ça, il n'aime pas trop surtout au moment où, comme il dit, il commence à bien la sentir, cette élection.
A 21 h 30 donc, d'après Médiamétrie ils étaient ( ou plus exactement nous étions) 10,5 millions à regarder. 21h 30, c'est suffisamment loin après la météo pour ne pas y être par erreur. 21 h 30, c'est à peu près le moment où, telle la Madone, Ségolène s'est avancée vers un de ses interlocuteurs atteint de sclérose en plaques,  installé dans un fauteuil roulant, pour le toucher, le consoler.  Stressé par l'enjeu et la gorge soudain nouée par l'émotion au milieu d'une phrase cet homme ne réussissait plus à trouver ses mots. D'où cet élan de la candidate manifestement rodée aux débats participatifs. On a presque été surpris que l'homme en question ne se lève pas aussitôt après, ce qui nous aurait permis d'assister au premier miracle de Ségolène en direct.
Je sais que je risque de vous choquer en disant cela car la compassion qui était dans ce geste, l'élan qui a fait avancer Ségolène Royal vers cet homme avaient probablement une bonne part de sincérité. Ils n'étaient ni totalement faux ni feints. Simplement, cela faisait un peu beaucoup. Déplacé ou pour le moins décalé. … L'arène dans laquelle s'était débattu Nicolas Sarkozy il y a quinze jours n'avait plus le même caractère. Les morsures des lions semblaient  moins féroces, moins longues et moins obstinées.  Bravitude ou bravoure de la candidate ? …En tout cas formidable numéro  jamais véritablement remis en cause même par ceux qui l'ont titillée sur le chiffrage des mesures ou sur les bisbilles au sein de l'équipe dirigeante du PS. Poivre d'Arvor qui paraissait gris et tout fatigué pendant son journal, quelques minutes auparavant, était ragaillardi et sous le charme.
Dès le lendemain TF1 claironnait sa satisfaction d'avoir réconcilié les Français avec l'enjeu politique, d'avoir redonné la parole aux vrais gens. Qui plus est, les intentions de participation au vote seraient actuellement supérieures de 10 points à ce qu'elles étaient à la même époque en 2002. On aura au moins gagné cela dans l'histoire! Et les sondages vont probablement reprendre leur valse à l'envers cette fois.

En attendant cette gadgétisation  du débat me laisse dubitatif.  "  L'émission s'apparente à un spectacle, à un grand oral de concours où l'on est capable de répondre à n'importe quoi et très vite " commentait un professeur de la Sorbonne. C'est ce match-là qui fait le succès, ce " qui veut gagner la présidence " qui fait de l'audience. Le rythme de l'émission aussi . Plus le temps de reformuler une question, de mettre un candidat en face de ses contradictions. Une puis deux, puis trois questions suivantes apparaissent en même temps. Questions courtes s'il vous plaît. Réponses brèves, merci.
Au sortir de tout cela je repensais à un programme de la télévision belge sur lequel j'étais tombé il y a quelques jours. Une interview de près de deux heures de l'ancien Premier ministre Wilfried  Martens. Entretien tranquille dans un bureau, mené en prenant le temps de poser les questions, d'écouter les réponses. Voire de les commenter. Le tout mené par une journaliste plutôt jolie mais sans pour autant qu'on la réduise à ses lèvres, à ses yeux ou à sa poitrine. Une vraie discussion…. Ce qui chez nous doit maintenant se produire avant ou après l'émission, quand ils se retrouvent entre eux. Mais pas en public, vous rêvez.