Lust, Caution

mercredi 23 janvier 2008 10:04 par Fernand-Joseph Meyer    

d’Ang Lee
avec Tony Leung, Joan Chen, Tang Wei.

Que retenir de ce grand drame historique et lancé comme un joyau sensuel?
Des bribes de l’histoire de Chine, de Taïwan et de Hong-Kong aussi compliquée pour nous que peuvent l’être Vichy, Pétain et l’Occupation allemande pour un Chinois normalement constitué.
Avec le cinéma, la magie passe plus facilement. Encore que....
Nous voilà à Shangaï, dans les années 40, quand le Japon occupe la Chine et que des réseaux de résistance s’organisent.

Une étudiante, Wong intègre une troupe de théâtre qui cache un noyau d’étudiants nationalistes et résistants. Elle est chargée d’approcher M. Yee, homme politique chinois qui collabore sans problème avec l’ennemi, et de le faire tomber. Avec quelles armes ? Le sexe ! Elle prépare le terrain pour ses amis résistants. Ses manœuvres d’approche attisent M.Yee, du genre taciturne quoique séduisant. C’est compter sans le désir qui s’en mêle.
Le sentiment amoureux, malgré quelques péripéties sado-masochistes, déjoue la stratégie terroriste…

... Et le film n’est toujours pas terminé. Ang-Lee, prototype du cinéaste éclectique et international, a fait fort. Près de centsoixante minutes de reconstitution historique à la manière de Martin Scorsese ou de Sergio Leone, une histoire languide lestée par les troubles de l’Histoire chinoise et plein d’exercices sexuels vaguement explicites pour un gros gâteau qui a bien gonflé, qui est retombé et qui nous reste en travers de la gorge et du reste. Ang Lee qui a toujours aimé les histoires ambiguës avec leurs personnages déchirés entre deux cultures (« Salé sucré ») ou deux sexualités (« Le Secret de Brokeback Mountain »), poursuit de plus belle son travail de cinéaste expert qui survole genres, continents et périodes historiques pour perdre plus que son âme. On peut s’intéresser à l’histoire de l’occupation de la Chine durant la Seconde Guerre mondiale comme on s’est intéressé, ici, aux histoires de « collabos » avec « Lacombe Lucien ». Comme Louis Malle, Ang Lee a scandalisé ses compatriotes. Ang Lee doit avoir une vision plus mondialiste de son travail. Les longues séquences de sexe garantissent au film une diffusion presque planétaire et dédouanent ses spectateurs de toute attitude culpabilisante. Le sexe - quand il est artistique - passe la rampe. Surtout s’il est filmé proprement avec d’infimes détails X et, de la sorte, propice pour s’encanailler à bon compte. Le cinéma ne peut pas nous offrir tous les ans un « Dernier tango à Paris », à Shangaï ou ailleurs.