Petruzzi démissionne du CA du club
vendredi 23 mai 2008 11:10 par JPJ | Metz |
« Le FC Metz est en péril car il est figé » .
Au même titre que Bernard Serin mais dans un autre registre, on l’a présenté comme l’un des successeurs possibles, voire probables, de Carlo Molinari. Jean Louis Petruzzi, patron d’un groupe national spécialisé dans les ressources humaines, vient de démissionner de ses fonctions d’administrateur du FC Metz.
« C’est le chef d’entreprise qui parle, pas le passionné de foot ou l’amoureux du FC Metz... Je reste actionnaire mais pour l’heure je considère que le club est dans une situation totalement figée. Sa gestion à caractère personnel, même si elle est passionnée, empêche tout véritable projet de reconstruction. L’entreprise comme le football est une démarche collective ».
Explications.
Samedi soir dans les tribunes de Saint-Symphorien, Jean-Louis Petruzzi a le cœur gros. La veille, il a prévenu Carlo Molinari qu’il allait démissionner de son poste d’administrateur du FC Metz. Un déchirement pour ce patron d’entreprise à l’allure juvénile, à la carrière jalonnée de succès impressionnants. Une décision qu’il ressent comme une nécessité de mise en cohérence par rapport à ses propres conceptions de l’entreprise et de l’efficacité dans le travail.
Cette équipe grenat, ces spectateurs et ces jeunes qui foulent la pelouse après une victoire moins dérisoire qu’on aurait pu le craindre: autant de symboles de cette culture qu’il s’était réjoui de retrouver en juin 2007 lorsque Carlo Molinari l’avait invité à entrer dans le tour de table du club messin. En même temps que Jean-Luc Muller, un autre chef d’entreprise messin et pour la même proportion de 7 % du capital. A côté d’anciens plus historiques comme Albin Cavada, Alain Falc et bien sûr Carlo, le duo avait rejoint Bernard Serin rentré un an plus tôt à hauteur de 5 % en qualité de vice président. Un autre homme d’entreprise, et qui avait déjà mis en route le projet «grand stade ». A Saint-Symphorien à l’époque.
Juin 2007. Les Grenats viennent de regagner brillamment leur place en Ligue 1 mais les cafouillages sportifs et les défaites de la fin de saison trahissent déjà une fragilité endémique. Rentré au FC Metz pour « accompagner la reconstruction de l’entreprise au coté de son président », Jean-Louis Petruzzi retrouve un club qu’il avait failli intégrer 35 années plutôt. Cadet de Lorraine, il avait été sollicité par Victor Genson, un des entraîneurs de jeunes les plus mythiques du FC Metz . Entre temps il a peut-être manqué une carrière de footballeur ... mais réussi celle de chef d’entreprise. Un itinéraire à double détente qui le voit créer dans une première période un groupe de travail temporaire « Pro consultant ». Avec ses équipiers il en fera le sixième au niveau national alignant 435 millions d’euros de chiffre d’affaires et 165 agences en France. Il le cédera en l’an 2000 à un groupe étranger puis se lancera dans la constitution d’un pôle de ressources humaines, le groupe «Hominis » dont le siège est à Metz.
Ce groupe compte aujourd’hui 450 permanents pour 200 millions d’euros de chiffre d’affaires . Ajoutez-y des participations dans des secteurs d’activités aussi divers que l’industrie avec Simec, la programmation TV avec Pro consultant informatique, l’ internet , le contrôle de surfaces avec « Visual technologie », la presse ( il fait partie des actionnaires de La Semaine) et vous aurez une idée du personnage. L’homme est aussi chaleureux que discret. Le strict opposé d’une culture strass, paillettes et coup d’éclat. Tout au long de l’année il a travaillé au sein du club, écoutant, observant, proposant.
Au même titre que Bernard Serin mais dans un autre registre, on l’a présenté comme l’un des successeurs possibles, voire probables, de Carlo Molinari. Jean Louis Petruzzi, patron d’un groupe national spécialisé dans les ressources humaines, vient de démissionner de ses fonctions d’administrateur du FC Metz.
« C’est le chef d’entreprise qui parle, pas le passionné de foot ou l’amoureux du FC Metz... Je reste actionnaire mais pour l’heure je considère que le club est dans une situation totalement figée. Sa gestion à caractère personnel, même si elle est passionnée, empêche tout véritable projet de reconstruction. L’entreprise comme le football est une démarche collective ».
Explications.
Samedi soir dans les tribunes de Saint-Symphorien, Jean-Louis Petruzzi a le cœur gros. La veille, il a prévenu Carlo Molinari qu’il allait démissionner de son poste d’administrateur du FC Metz. Un déchirement pour ce patron d’entreprise à l’allure juvénile, à la carrière jalonnée de succès impressionnants. Une décision qu’il ressent comme une nécessité de mise en cohérence par rapport à ses propres conceptions de l’entreprise et de l’efficacité dans le travail.
Cette équipe grenat, ces spectateurs et ces jeunes qui foulent la pelouse après une victoire moins dérisoire qu’on aurait pu le craindre: autant de symboles de cette culture qu’il s’était réjoui de retrouver en juin 2007 lorsque Carlo Molinari l’avait invité à entrer dans le tour de table du club messin. En même temps que Jean-Luc Muller, un autre chef d’entreprise messin et pour la même proportion de 7 % du capital. A côté d’anciens plus historiques comme Albin Cavada, Alain Falc et bien sûr Carlo, le duo avait rejoint Bernard Serin rentré un an plus tôt à hauteur de 5 % en qualité de vice président. Un autre homme d’entreprise, et qui avait déjà mis en route le projet «grand stade ». A Saint-Symphorien à l’époque.
Juin 2007. Les Grenats viennent de regagner brillamment leur place en Ligue 1 mais les cafouillages sportifs et les défaites de la fin de saison trahissent déjà une fragilité endémique. Rentré au FC Metz pour « accompagner la reconstruction de l’entreprise au coté de son président », Jean-Louis Petruzzi retrouve un club qu’il avait failli intégrer 35 années plutôt. Cadet de Lorraine, il avait été sollicité par Victor Genson, un des entraîneurs de jeunes les plus mythiques du FC Metz . Entre temps il a peut-être manqué une carrière de footballeur ... mais réussi celle de chef d’entreprise. Un itinéraire à double détente qui le voit créer dans une première période un groupe de travail temporaire « Pro consultant ». Avec ses équipiers il en fera le sixième au niveau national alignant 435 millions d’euros de chiffre d’affaires et 165 agences en France. Il le cédera en l’an 2000 à un groupe étranger puis se lancera dans la constitution d’un pôle de ressources humaines, le groupe «Hominis » dont le siège est à Metz.
Ce groupe compte aujourd’hui 450 permanents pour 200 millions d’euros de chiffre d’affaires . Ajoutez-y des participations dans des secteurs d’activités aussi divers que l’industrie avec Simec, la programmation TV avec Pro consultant informatique, l’ internet , le contrôle de surfaces avec « Visual technologie », la presse ( il fait partie des actionnaires de La Semaine) et vous aurez une idée du personnage. L’homme est aussi chaleureux que discret. Le strict opposé d’une culture strass, paillettes et coup d’éclat. Tout au long de l’année il a travaillé au sein du club, écoutant, observant, proposant.
- Alors pourquoi cette démission, cette prise de position par rapport
au FC Metz et plus précisément par rapport au management de Carlo
Molinari un an tout juste après l’avoir rejoint ?
La piètre performance sportive de cette année a-t-elle été un élément déterminant de votre décision ?
Non. Le sport est un type d’activité à cycles, avec des phases de croissance comme de décroissance qui ne sont pas toujours contrôlables. Le FC Metz a connu aussi une malchance assez exceptionnelle dans le domaine des blessures. Cela étant je regrette quand même une forme de déstructuration de la direction sportive du club. Les conditions du départ de Francis de Taddéo m’ont laissé un goût amer. Je pense que c’était une richesse pour le club et qu’on pouvait le garder. Cela n’enlève rien aux qualités d’Yvon Pouliquen. Je continue à ne pas très bien comprendre le positionnement exact de Joël Muller. Je considère que notre recrutement n’a pas été à la hauteur...
Côté positif, je citerai notre outil de formation. C’est pour moi le socle de l’entreprise. En termes de performance il est le neuvième au niveau européen.
- Le projet grand stade à Saint-Symphorien était déjà lancé quand vous êtes arrivé. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que c’était un bon projet sur le principe mais difficile à réaliser du fait de la déstructuration actuelle du club.
- Qu’entendez vous par déstructuration ?
Je viens de l’évoquer au niveau sportif mais elle est aussi financière. Les deux descentes en L2 ont laissé des traces phénoménales sur le plan financier. A chaque fois nous avons fait le pari de remonter en restant sur un pied proche de celui de la L1 malgré les baisses des droits télé. On ne pourra pas recommencer. Cette fois-ci il faut d’urgence restructurer l’entreprise, lui donner des moyens nouveaux. Sans recapitalisation le club ne pourra élaborer et encore moins mener à bien ses projets.
- Le club c’est à la fois une association et une société anonyme. Y a-t-il une distinction à faire entre les deux ?
L’association, qui regroupe les sections amateur, le centre de formation et l’immobilier du club est plutôt bien pilotée et gérée. Un travail sérieux sur la durée y est fait. Quant à la Société anonyme, celle du club pro dont Carlo Molinari est l’actionnaire majoritaire, tout y est figé. Elle me semble manquer cruellement d’un vrai projet sportif et économique.
- Une question de personne ?
Plutôt d’histoire et de mode opératoire. Carlo Molinari s’est tellement identifié au club et le club s’est tellement identifié à Carlo que ce club a du mal à fonctionner comme il le devrait, c’est à dire comme une entreprise. Avec un conseil d’administration mensuel, avec un ordre du jour précis et un travail collectif. C’est peut-être sympathique et touchant mais quand cela bloque toute évolution c’est gênant. Qui plus est cela amène le président à se retrouver caution personnelle pour une situation de plus en plus délicate. Cette année nous avons perdu plusieurs millions d’euros que le transfert de Pjanic comblera en partie ou en totalité. Si on ne remonte pas tout de suite il faudra s’habituer à vivre avec un vrai budget de Ligue 2 et ensuite tenter de s’en sortir un jour.
- Autre question de personne. Y avait-il une rivalité entre Bernard Serin et vous pour la présidence ?
Non. C’est ridicule. Bernard Serin a un projet personnel depuis longtemps, c’est celui de prendre la majorité du club et son contrôle. De mener à bien son projet de stade. Il y a peut-être une possibilité d’être retenu pour un nouveau stade si l’Euro 2016 se déroule en France. Jouer cette carte peut se défendre mais je le répète, aucune prospective n’est possible si on ne structure pas l’entreprise, c'est-à-dire le club, en conséquence. Moi je vois les choses de façon plus collective et d’autres actionnaires partagent mon point de vue.
- Vous démissionnez de votre poste d’administrateur mais restez actionnaire. Pourquoi ?
J’ai un moment pensé partir mais je reste actionnaire car j’ai des liens affectifs profonds avec ce club. Je ne veux pas me retirer au moment où c’est difficile.
Cela étant, en démissionnant du CA au bout d’un an et en m’exprimant je veux marquer mon désaccord parce que les choses n’avancent plus. Ma décision est celle d’un chef d’entreprise qui a fait une analyse technique et financière. Or celle-ci met en évidence le fait que, malgré la qualité de certains hommes parmi lesquels le directeur général Patrick Razurel, cette entreprise est aujourd’hui victime d’une absence de leadership compétent. Cela empêche tout projet économique viable tout calendrier. Ce qu’il faut au FC Metz, c’est un conseil d’administration qui fonctionne comme un conseil d’administration, qui regroupe des expériences pour un projet commun. Ce n’est pas d’un homme seul, quel qu’il soit, mais d’ une équipe avec un leader que viendra la solution.