allumeurs de réverbères

jeudi 22 janvier 2009

Sur sa toute petite planète où le jour et la nuit se succédaient à une allure folle, le petit prince du roman de Saint-Exupéry  observait fasciné le manège de l'allumeur de réverbères. Imprégné de l'importance de sa mission, celui-ci  apportait puis ôtait la lumière au rythme de jours et de nuits minuscules. Si cette image me revient à l'esprit, c'est parce qu'on a beaucoup parlé des réverbères messins ces jours-ci et que, sur une autre échelle,  on semble attendre énormément de la flamme que Barack Obama  fait briller depuis  mardi sur Washington. Un peu  comme si elle devait être tout à la fois le prolongement de la flamme de la statue de la Liberté à New York,  celle de la conscience politique et de la vie ensemble.

Et c'est vrai qu'il  ressemblait à un feu nouveau  en ce jour d'installation officielle. Sa façon d'être, son extraordinaire allocution urbi et orbi (Rome faisait pâle figure pour mille raisons), son invitation au dépoussiérage et aux valeurs. Incroyable assurance et décontraction mêlées,  tonus et simplicité quasi surnaturels. Il y a deux ans, dans un restaurant de Metz, Philippe Labro, connaisseur d'Amérique et expert en hommes me parlait avec émotion de cette aura  peu commune.
Le risque pour nous tous  est d'oublier peut-être que si les valeurs et la séduction de cet élu sont universelles,  son camp n'en est pas moins clairement  défini. Quand il dit « yes we can », ce n'est pas précisément de nous qu'il  parle, du moins lorsque nous nous limitons   à notre culture restrictive et à notre espace de confort. L'Amérique a retrouvé une fierté et un leadership que nous lui reconnaissons  volontiers car il est  bien moins tortueux que les systèmes de pouvoir qui se sont mis en place en Chine comme ailleurs. Mais attention à l'armada qui risque de se  mettre en route !
Deux mots sur les histoires de réverbères à Metz.  On nous  explique aujourd'hui sur un ton de vérité révélée qu'il faut totalement revoir   un éclairage public qui consomme trop, dont le rythme d'entretien  est quasi suicidaire. Un peu  le même air que celui utilisé il y a un mois pour nous parler de l'eau et de ses mauvaises conduites.  Pas encore au point d'essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes… mais quand même !
Ainsi donc, et en attendant que les lampadaires nous tombent sur la tête, on découvre un  JMR qui pendant tous ses mandats, non content de ne pas avoir été un fan de la démocratie directe, du social,  des jeunes, des bus ou de la concertation, aurait laissé aller à vau-l'eau les réseaux, le patrimoine, les toits des écoles. Les lanternes et les conduites ! Tous ceux qui, à droite comme à gauche, ont  participé à  l'aventure vous diront que l'analyse est un peu  insolite. Avec son  bon sens de Sarregueminois  JMR avait fini par faire de la ville sa propre maison.  Il l'a dans l'ensemble correctement entretenue et a surtout voulu  la rendre belle. Les efforts sur les premiers mandats ont plus concerné la gestion de l'eau et la sécurisation de l'approvisionnement par le Rupt de Mad que les conduites. Idem pour les équilibres financiers de l'UEM et le chantier de mise en lumière plutôt que la santé des candélabres à remplacer théoriquement au bout de 30 ans…

En guise de conclusion pourquoi pas une passerelle entre ces deux lumières, entre nos réverbères et la flamme ? La sélection de Metz  par le New York Times parmi  la liste des quarante endroits  où il faudra aller en 2009. A partager en France avec la seule ville de Deauville. Les  planches et Pompidou… Une illustration de la pertinence qu'il y a eu à faire certains paris audacieux  même si  pendant ce temps-là on s'est un peu moins occupés des tuyaux.

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