le patron de Suez à Metz

dimanche 23 décembre 2007 11:10 par JPJ    Metz

les yeux ouverts

"  Lorsqu'un projet est intrinsèquement justifié il finit par être compris par tout le monde ". Quand il tire les leçons des turbulences qui ont parfois accompagné la fusion du groupe Suez qu'il préside avec GDF, Gérard Mestrallet affiche la sérénité de ceux qui sont sûrs de la pertinence de leurs choix stratégiques. Un état d'esprit et des analyses qu'il a fait partager a ses interlocuteurs lors de sa visite à Metz.

Des " Matinales " studieuses à l'Arsenal devant une belle assemblée d'invités, des rencontres sur les sites des entreprises du groupe, des contacts avec les clients, un déjeuner avec Jean-Marie Rausch... La tournée messine du grand patron de Suez n'a pas manqué de consistance. Avec  2500 collaborateurs dans 15 filiales, Suez est le cinquième employeur privé de Lorraine.  Après  la fusion avec GDF, le nouveau groupe  devrait même se hisser au troisième rang.

5e rang européen
Au coeur de l'actualité des derniers mois, des derniers jours comme des prochains, Gérard Mestrallet a rappelé tout simplement comment Suez avait fait le choix,  il y a dix ans, de passer d'une activité diversifiée et à forte connotation financière à une activité industrielle et de service entièrement axée sur l'énergie et l'environnement. "  Nous avons quitté l'activité bancaire les yeux ouverts. Nous sommes entrés dans l'énergie les yeux ouverts.  Nous ne pouvions pas savoir à l'époque que les coûts de l'énergie s'envoleraient à ce point mais nous étions certains que ces deux domaines d'activité étaient absolument essentiels ".

" Même si nous ne représentons que 7 % de la capacité de production d'électricité sur le territoire français, nous nous situons aujourd'hui  au cinquième rang européen et présentons la caractéristique d'avoir une dimension mondiale. A la différence des autres nous sommes aussi aux USA, au Canada, au Brésil et au Moyen-Orient souligne Gérard Mestrallet. Et nous sommes bien décidés à développer notre capacité de production aussi bien par le nucléaire (notamment en Roumanie, Bulgarie et au Moyen-Orient puis en France) que dans l'hydraulique (au Brésil), le thermique et les énergies renouvelables ".

Une fusion naturelle
A l'aspect quantitatif s'ajoute une approche qualitative d'ailleurs partagée avec GDF : " l'efficacité et la performance énergétique au lendemain d'un troisième choc pétrolier équivalent à la somme des deux premiers ".
La fusion avec GDF ?  Elle était "  naturelle. Tous les électriciens sont devenus gaziers et vice versa. Nos clients nous demandent à la fois de l'électricité et du gaz ". Elle devrait  être effective au premier semestre de l'année prochaine.

Etats-Unis et états d'esprit
Pour ce qui est du volet environnemental Gérard Mestrallet insistera sur la dimension internationale de la question mettant en évidence le caractère " intenable" de la position américaine. "  On ne peut pas demander à la Chine de réduire sa croissance au nom de la préservation de l'environnement tant que les USA ne feront pas un effort massif ". Des signes positifs apparaissent néanmoins " dans les têtes et dans certains Etats aux USA " tout comme dans les plus importantes agglomérations chinoises. "Leur ambition d'être des villes lumière s'accommode mal d'un laisser aller environnemental. Nous pouvons les accompagner dans cette évolution et le faisons déjà ".

Suez et l'UEM : avant comme après
"  Nous avons l'expérience du partenariat avec les collectivités dans le domaine de l'énergie et nous savons respecter l'identité de nos interlocuteurs ". Suez s'est donc intéressé " naturellement " à l'ouverture du capital de l'Usine d'Electricité de Metz. Tout d'abord il y a quelques mois lorsque la ville avait fait étudier les opportunités de s'appuyer sur un partenariat industriel. Aujourd'hui encore, puisque pour l'instant une solution de portage financier temporaire par la Caisse des Dépôts a été retenue. "  Ces décisions sont lourdes et nous comprenons qu'il y ait une réflexion de la part des collectivités surtout lorsque les règles du jeu édictées par la communauté européenne sont elles-mêmes susceptibles d'évolutions ".

Quand les villes chinoises s'éveillent
"  Je suis président du conseil du maire de la plus grande ville du monde ". Pas l'ombre d'une forfanterie dans la voix ni dans l'attitude de Gérard Mestrallet.
Simplement le fait que le groupe Suez, impliqué sur le marché asiatique et chinois depuis plus de 20 ans au niveau des villes de Hong Kong, de Macao et de Shanghaï notamment accompagne le nouveau maire de Chong Qing, la plus grande ville du monde avec 34 millions d'habitants.

" Je l'avais connu lorsqu'il était maire adjoint de Shanghai et que je figurais avec des représentants de grands groupes mondiaux dans le conseil du maire de la ville. Quand il est parti à Chong Qing il m'a demandé d'y présider son conseil ".  "  C'est fascinant, ce qui se passe en Chine, confie Gérard Mestrallet. Chaque semaine ils construisent une nouvelle centrale électrique, au charbon dans 80% des cas, ce qui est synonyme de rejets de CO2. Mais cela étant, le jour où ils se mettent sur un sujet, ils avancent. Et il commence à y avoir une prise en compte des nécessités environnementales. Dans les villes plus que jamais rivales pour apparaître en pleine lumière tout comme dans les orientations du dernier congrès du parti communiste chinois ". Une attitude que les jeux Olympiques de Pékin devraient encore renforcer.?