hors jeu

jeudi 20 décembre 2007 12:00 par JPJ    Metz

Rarement vu un stade aussi vide, même au plus creux des deux brefs séjours en Ligue 2. Pas un chant, pas un encouragement sauf ceux d'une poignée de scolaires perdus dans un coin, en haut de la tribune autoroute.
Rarement observé une corbeille officielle aussi désertée, même par certains monuments de fidélité. Le froid nous dira-t-on, ou un rhume qui avait incité à se replier sur les loges. Admettons. Le FC Metz depuis quelques mois semble à la dérive.
Nous avons parfois ironisé ici sur l'avantage qu'il y avait d'être à la dernière place ce qui permettait de ne plus reculer au classement malgré la succession des défaites. Aujourd'hui on n'en est plus là... Le FC Metz connaît une crise comme il n'en a pas vécue depuis plus de 50 ans, une crise de foi en son propre avenir et en ses hommes.

Faillite sportive avec des chiffres qui finissent par faire honte. Quand on regarde le classement aujourd'hui, Metz n'est plus seulement dernier mais il est hors jeu. Il y a manifestement tous les autres d'un côté et Metz de l'autre. Un nombre de buts réussis qui frise le ridicule et dont une bonne partie a été marquée alors qu'il n'y avait même plus d'enjeu ; des défaites alignées avec une régularité de métronome...

Faillite psychologique d'un club qui n'a pas été fichu d'utiliser l'année dernière les deux mois pendant lesquels il était assuré, avant les autres, de monter en L1; pas fichu de retrouver une certaine joie de jouer depuis ce début de saison.  Pas fichu d'annoncer un changement de tactique ou d'entraîneur, grillant des cartouches parfois payées au prix fort avant même de les avoir tirées. Pas fichu d'expliquer à des gens qui ne demandent pourtant qu'à comprendre comment marche le club, où il en est, et ce que veut en faire son président. Une roublardise parfois touchante tant l'homme au cur du problème est humain mais qui a fini par ressembler à une invraisemblable complaisance par rapport à lui-même. En ne passant pas la main par exemple quand le contexte psychologique était peut-être plus facile. Fluctuat nec mergitur. Carlo Molinari est toujours là et prêt à se battre pour son club.
Difficulté financière enfin avec un budget qui comptait sur la prime de maintien, qui n'imaginait pas un nombre aussi ridicule d'abonnés pour une année de remontée en L 1. Qui n'avait pas pris en compte un débord de recrutement fait à la va-vite. S'y est rajoutée une absence de visibilité sur les petits écrans qui n'est pas seulement frustrante mais pénalisante. En restant 20 ème Metz toucherait cette année quelque 500 à 600 000 euros seulement contre plus de 7 millions à Nancy pour l'instant en troisième position des retransmissions.

La descente en Ligue 2 risque donc d'être bien plus qu'un accident sportif et amène à se poser cette question : que vaut, aujourd'hui et dans ce contexte, le FC Metz ? Il paraît qu'on travaille dur au sein du club pour refaire de l'aventure longtemps intuitive d'un homme une entreprise avec des méthodes et des repères. Sans pour autant renoncer à l'enthousiasme et aux sentiments. Carlo Molinari a beau dire qu'il ne partira que quand il le décidera, le club est en train de lui échapper. Tout simplement parce qu'il se décompose.
Peut-on en sortir par le haut ? On a parlé de l'arrivée d'un mécène de l'Est qui injecterait de très fortes sommes dans le club. Fantasme probablement. " Si un Pinault arrivait et était décidé à aider le club je lui laisserais la place " dit Carlo. Doit-on s'en sortir par le bas, recommencer à zéro en créant un autre club à Metz si le FC était bloqué ? Question totalement folle et taboue !
La vérité est sûrement ailleurs. Plus simple. Au coeur même de l'attachement de tous à ce club. A condition que cette relation soit un peu moins muette ou aveugle qu'elle ne l'est en ce moment. Carlo aura 75 ans au mois de février. Il y aura 41 ans ce printemps qu'il est arrivé à la tête du club. Sûr qu'il ne voyait pas les choses comme ça. Nous non plus !