ASNL ...

samedi 21 mars 2009 10:27 par PT    Nancy

flirte avec la zone dangereuse du championnat

Jacques Rousselot :« il faut sauver le soldat ASNL »

« De longs silences valent mieux que de folles paroles. » Jacques Rousselot le  président de l’ASNancy Lorraine, n’en dira pas plus.


Depuis la défaite face à Sochaux, « il a fermé la porte, il ne parle plus à personne. » Retenu à Paris par ses affaires, il a laissé son entraîneur Pablo Correa s’expliquer devant les médias. Il lui a confié, une fois de plus, le soin de trouver l’étincelle qui permettra à un groupe secoué, fragilisé, déboussolé après la vraie-fausse démission de son coach. De retrouver les vertus qui, il y a un an à peine, faisait sa force.

A peine Jacques Rousselot consentira-t-il à lâcher : « il faut sauver le soldat ASNL. » Et pour cela, il y a du boulot.

Samedi, le club nancéien aux portes de la Ligue 2 - un seul point d’avance sur le premier reléguable – va vivre un match irrespirable. Un de ces quitte ou double, qu’il pensait plus connaître après avoir terminé quatrième la saison dernière. Seulement voilà des joueurs importants : Puygrenier le roc sur lequel reposait une défense intraitable et Kim l’artiste trop souvent blessé mais tellement talentueux qu’il illuminait un match, sont partis. Ils n’ont pas été remplacés ou si mal, que ce qui s’est construit depuis ressemble à une faute de goût.

l’ASNL n’est tout de même pas Cosette

Alors cette ASNL qui ne peut exister que si les joueurs sont unis par des liens aussi forts que l’amitié, la solidarité, le respect et l’humilité, s’est mise à tanguer. Du coup la peur s’est installée, Pablo Correa n’a plus trouvé de solution pour conjurer le mauvais sort. Peut-être son discours apparaît-il trop répétitif pour surprendre et motiver un effectif, dans lequel beaucoup d’éléments vivent avec lui depuis 2002.

De temps à autre, l’entraîneur hier porté aux nues et aujourd’hui moins admiré s’énerve d’impuissance. Certains reprochent à Correa d’avoir voulu une équipe à sa main, sans gros tempéraments. Lui répond qu’il fait avec ce qu’on lui donne et que Nancy n’a pas les moyens de s’offrir des pointures qui échappent au lot commun des bons joueurs de Ligue 1.

Sauf que l’ASNL n’est tout de même pas Cosette. D’ailleurs Jacques Rousselot dans une interview qui a fait du bruit et probablement beaucoup de mal, a récemment déclaré que ses hommes, dont tous ont vu leur contrat réévalué en fin de saison dernière, sont des enfants gâtés.

Et puis ce sont les risques de la consanguinité. A force de garder les bons serviteurs à la maison, la formation nancéienne manque d’oxygène. C’est comme un vieux couple qui tourne en rond dans ses habitudes. Pire, les cadres hier entraînants, n’entraînent plus personne. Pablo Correa est un technicien reconnu. C’est aussi un homme rigoureux qui ne badine avec la discipline interne. Jaloux de ses prérogatives. Il n’aime pas qu’on envahisse son espace qui englobe l’équipe, les joueurs, la gestion de l’effectif, ses choix, ses idées, ses envies. Strict jusqu’à la rigidité, il punit celui qui arrive en retard à la causerie d’avant match. Au fond, il déteste qu’on le contrarie et surtout qu’on le conteste, même lorsqu’il persiste dans ses erreurs.

remettre le baromètre sur la tranche beau temps

Samedi à Sochaux, lorsqu’il a présenté sa démission à Jacques Rousselot qui ne l’a pas acceptée, on a cru au clash, à la fin d’une belle histoire d’amitié, d’estime réciproque, de confiance partagée. Mais non, dit Jacques Rousselot, qui fait mine d’oublier les divergences sur le recrutement, « Tout va bien entre Pablo et moi. »

On veut bien le croire. Sauf, qu’une nouvelle défaite contre Monaco samedi serait une catastrophe qui pourrait amener Correa à partir pour de bon.

Les supporters, les vieux de la vieille, ceux qui ont vu le club faire l’ascenseur entre la Ligue 1 et la Ligue 2, comme les plus fraîchement convertis qui n’ont connu que le meilleur : la victoire en finale de la coupe de la Ligue, l’Europe et un fantastique parcours en 2008, sont inquiets. L’avenir est en suspens. Ils se demandent si l’opération commando déclenchée pour samedi, n’intervient pas trop tard.

Alors, peut-on dans ces conditions parler de gâchis ?

Oui, car l’ASNL jadis intraitable sur sa pelouse est devenue une machine à revers. Une seule victoire depuis janvier, des contre-performances à la pelle, une fessée à Paris. Sans oublier une gestion humaine bizarre et un système arrivées-départs dont le bilan est extrêmement négatif.



L’an dernier, l’ASNL planait. Il lui faut à présent redescendre sur terre, mobiliser les énergies, effacer les rancoeurs de vestiaire, respecter les règles qui régissent tout sport collectif, effacer les doutes qui la ravagent. Nul ne peut imaginer un retour en Ligue 2 avec ses matches au couteau et ses galères. Voilà pourquoi il faut remettre immédiatement le baromètre sur la tranche beau temps, batailler contre l’adversité avec les armes traditionnelles de l’ASNL qui sont l’ardeur, l’engagement de tous, la solidarité et une part d’orgueil .Les soldats de l’ASNL ont beaucoup à prouver et à se faire pardonner. Le stress et le poids de l’enjeu ne doivent pas les inhiber. Au contraire pour se sauver, il faut éviter les zigzags du mental et se dire que le seul combat qui est perdu est celui qu’on ne livre pas.