municipales - Rombas

samedi 22 mars 2008 15:00 par AS    Rombas

Lionel Fournier s'en sort.

Une mairie peut se jouer à rien. Cinquante-huit voix permettent à Lionel Fournier de gagner un deuxième mandat. Son élection met fin à une campagne qui n'a fait que monter en pression au fil des semaines pour connaître son dénouement dimanche soir. Dans une ambiance toujours aussi tendue.

Vidé un comme sportif après un marathon ou un Johnny Hallyday après un concert. Assis sur le coin d'une table, le front perlant de sueur, la tête baissée, Lionel Fournier respire. Comme s'il avait tout donné dans cette dernière semaine de campagne. Tout donné pour gagner. Ca vaut le coup. Il la garde sa mairie pour 58 petites voix mais il la garde quand même.
" Je savais que ce serait difficile. Tout l'a été dans cette campagne faite de on-dit, de promesses démagogiques, d'attaques personnelles. C'était une sacrée compétition que j'ai gagnée au finish. Là j'ai une impression de vide. Je suis dans une phase de décompression "
, analyse Lionel Fournier.
Il aura attendu que le dernier bureau de vote, celui de la mairie, ait rendu son verdict pour venir fêter sa victoire acquise avec 45,77% des suffrages. Quelques bises et quelques serrages de mains plus tard, il est au téléphone avec Jean-Pierre Masseret, "un ami qui ne m'a pas trahi".

trahison
Trahison : sans doute le mot le plus utilisé au cours de la campagne rombasienne. Trahison du maire envers ses concitoyens qui aurait détourné des fonds de la mairie puis a choisi de constituer une alliance avec Victor Villa, après le premier tour. Cet heureux détenteur de 8% des voix, candidat plutôt à droite voire très à droite selon les dires de certains. Victor Villa pas franchement à son aise dimanche soir. Faut dire que Gilles Meyer, candidat UMP, qui s'en sort finalement avec 9% de voix à l'issue de ce second tour , l'a accueilli avec la manière et le verbe. "J'ai envie de lui mettre mon poing dans la gueule. Il marche pour le Front national".

Pas de poing dans la gueule mais une belle agitation qui ne fait que s'intensifier à mesure que les résultats des bureaux de vote sont connus. L'autre homme de cette campagne n'affiche pas un grand enthousiasme. Alphonse Monaco,  ancien adjoint à la culture de Lionel Fournier, prof de maths soutenu par Aurélie Filippetti  se sent et se sait déjà battu , dès le début de soirée. "Ca va se jouer à trente voix près. Trente voix qui seront en ma défaveur", annonce-t-il. La suite  lui donnera raison. Il termine cette folle semaine à 44,54%.

Que  retient-il de cette campagne et de ce résultat? "Je suis déçu évidemment mais j'estime que l'on a tout de même fait un très bon score. Lionel Fournier ne gagne que parce qu'il a fait alliance avec Victor Villa. Il a fait le choix de s'allier avec l'extrême droite. Moi je reste digne. J'attends avec impatience le troisième tour car je sais qu'il y aura un troisième tour judiciaire. Les Rombasiens se rendront compte que tout ce que j'ai dit n'était pas de la calomnie mais la vérité", anticipe Alphonse Monaco.

En ce dimanche de mars, Lionel Fournier est bien loin de penser à tout cela. Même si quasiment la moitié de la ville a choisi de ne plus lui faire confiance. Il préfère voir le verre à moitié plein  plutôt qu'à moitié vide. "C'est ça la démocratie", coupe-t-il. Son alliance avec Victor Villa ne prête pas, non plus, à beaucoup de discussions. "C'est un centriste qui a voté non à l 'Europe. Je ne pense pas à ce qui  ce serait passé sans lui, je ne suis pas là pour faire de la prospective". S'est-il vu perdant? "Oui. Avec mon état d'esprit de sportif, je sais qu'on peut perdre ou gagner.Je reviens de loin, j'en suis conscient." Son sentiment sur  l'ambiance nauséabonde de la campagne? "J'ai préféré être quelqu'un de carré, de solide plutôt que de sonore et clinquant. Mais je ne pense pas que beaucoup d'hommes politiques se seraient relevés après de telles attaques. Tout au long de ma campagne, j'ai opté pour le savoir-faire plus que le faire-savoir".

discussion
Et pour une certaine idée du rassemblement. Il faudrait être sourd pour ne pas s'en rendre compte. Lionel Fournier  répète ce mot sans cesse. Comme un leitmotiv.  A ses colistiers, à ses concitoyens, à ses électeurs: rassembler. A ses jeunes "des quartiers" qui l'attendent après la proclamation des résultats "pour discuter". "Nous voulons un gymnase", demande Jad. "On a essayé de vous voir. Mais vous ne nous avez jamais reçus", poursuit le jeune homme.  "Je vous recevrai lundi. Je veux faire des city-stades car je veux être présent avec les jeunes", lui répond Lionel Fournier. Promesse de candidat fraîchement élu. Mais déjà en action.