analyse - Jean-Marie Rausch

vendredi 21 mars 2008 18:10 par JPJ    Metz

Pourquoi Jean-Marie Rausch a-t-il perdu ?

  • A  cause de la division de la droite, bien sûr...
  • A cause de la vague rose
  • Parce qu'il n'a pas voulu entendre la lassitude qui s'exprimait
  • Parce qu'il a mal géré deux ou trois tournants psychologiques importants dans sa campagne
  • Parce que toute démarche porte en elle sa propre fin...
  • A cause du caractère people de la campagne

1. A  cause de la division de la droite, bien sûr...
La preuve : la gauche l'emporte avec 48,3 % des voix.  Cela étant, JMR porte lui-même une part de responsabilité dans cette division ! Et pas seulement  entre le dimanche soir du premier tour et le mardi,  à l'heure du dépôt  des listes.  La droite, il l'a laissée s'effilocher, l'a contemplée en train de se désagréger tout au long de l'automne dernier en se disant qu'il en récupérerait d'autant plus facilement les morceaux. Prêt officiellement à toutes les discussions mais refusant de se prononcer pour lui-même ou pour ceux qu'il souhaitait vraiment mettre en place,  JMR distribuait les bons et les mauvais points du haut de son fauteuil.
Une situation qui pouvait être légitime il y a une bonne dizaine d'années, au moment où JM Rausch tirait son essence même de sa nature centriste.  Il n'était alors ni vraiment de droite et encore moins de gauche. Avec l'originalité  d'avoir  toujours (ou presque) vaincu aux municipales des adversaires des deux camps.
Mais là les choses avaient changé.  L'alignement de JMR  sur Sarkozy au moment des présidentielles a constitué une entorse destinée  à le soulager d'un front mais le rendant  politico-dépendant.  

2. A cause de la vague rose
La poussée socialiste a été plus spectaculaire qu'on ne le pensait en Moselle. Le fait d'avoir vu deux autres " seigneurs " politiques locaux, Jean-Marie Demange et Charles Stirnweiss passer à la casserole est une consolation de forme.

3. Parce qu'il n'a pas voulu entendre la lassitude qui s'exprimait
Lors de deux sondages parus dans nos colonnes  au mois de mars 2006 comme en septembre 2007 il était apparu qu'une majorité de Messins ne souhaitaient pas, au fond d'eux-mêmes, que Jean Marie Rausch se représente à 78 ans pour un septième mandat. 49 % contre, 21 % pour et 30% d'indécis.
" Moi on ne me dit pas la même chose... "
avait répondu le maire de Metz mettant en cause les " mauvais sondages et les mauvaises questions ",  se raccrochant à son propre  taux de notoriété forcément spectaculaire. "  Autour de moi on me dit que je suis le seul à pouvoir mener à bien ce qui a été entrepris " n'a-t-il cessé de répéter.  Choisissant  d'ignorer ce que cette proximité pouvait comporter comme part de soumission et de flatterie au bout de tant d'années, le maire de Metz avait  fait comme si de rien n'était. Il  espérait que la tenaille politique dans laquelle il voulait enserrer ses adversaires de droite condamnerait les Messins, dans un refus de la gauche, à voter pour lui.  

4. Parce qu'il a mal géré deux ou trois tournants psychologiques importants dans sa campagne
Manque de flair, fatigue  ou mauvais conseils.  Les trois peut-être. La sortie sur les policiers municipaux qui n'ont pas fait les grandes écoles, l'installation de sa permanence de campagne  dans un local de la fédération des commerçants, la prétention à être irremplaçable étaient pour le moins malvenues.
S'y est rajouté  un phénomène nouveau qui est celui des intérêts financiers considérables actuellement en jeu : privatisation  partielle de l'UEM, délégations de services publics, grands chantiers et opérations avec les investisseurs immobiliers, partenariats publics privés, Centre Pompidou, futur centre des congrès... Rarement autant de sommes auront été en jeu  dans un paysage contrôlé par si peu d'hommes : le maire et ses collaborateurs directs. Un poids phénoménal  qui aurait pu être  atténué par une liste ouverte mais qui n'a fait que se concentrer dans la mesure où une grande partie des nouveaux avait, de près ou de loin, quelque chose à attendre de la ville au niveau de leurs engagements professionnels ou de leur carrière politique. Enfin les conseillers étaient presque tous  en service commandé. Une réalité et un danger  que la clairvoyance du prince suffisait jusqu'ici à circonvenir.  Une vista qui cette fois,  même si elle apparaissait au cours de discussions que nous avons pu avoir avec JMR,  s'est moins bien traduite dans les faits.

5. Parce que toute démarche porte en elle sa propre fin...
" Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel "
disait Dominique Gros. JMR a longtemps  eu la coquetterie d'hésiter, craignant le mandat ou la candidature de trop. Sans préparer réellement pour autant une autre solution. Il avait certes réuni ses adjoints au printemps dernier  pour un repas où ils lui ont dit qu'il était le seul à pouvoir y aller. Il s'est finalement contenté d'un avis médical encourageant et d'un sondage resté flou. Il n'imaginait tout simplement pas de ne pas y aller.  
Au printemps dernier, parlant de JMR comme de Carlo Molinari nous avions fait le parallèle entre leur situation et celle de ces enfants qui veulent toujours faire un tour de manège de plus... " Juste un, s'il te plaît ",  oubliant qu'il faut parfois descendre avant d'avoir le tournis faute de quoi on a de bonnes chances de se casser la figure.

6. A cause du caractère people de la campagne
Petits piques et grandes vacheries... la campagne des municipales à Metz a été en bonne partie rythmée par la parution d'indiscrétions dans les colonnes de nos confrères du RL plus que par un débat sur les problèmes à moyen terme. Un terrain de confidences et d'info distillées qui était un des domaines de prédilection de JMR au cours des dernières années mais qui s'est révélé incontrôlable dès lors qu'il s'est emballé. Finalement il a eu le plus à y perdre car sa parole s'est banalisée.