j’aurais voulu être patron !

lundi 12 mai 2008

Appelons le Bernard. Bernard, 55 ans, est au chômage. Comme deux millions d'autres Français. La faute à la conjoncture économique. Bernard s'est inscrit aux Assedic et à l'ANPE. Bien sûr Bernard peut toucher des allocations de chômage. Mais ce quinquagénaire préférerait retrouver un nouvel emploi. Mais dans sa branche, c'est quasiment impossible. Aussi Bernard s'est-il inscrit à un " atelier " pour tenter de devenir son propre patron.  Coulisses !
 
Rue Saint-Charles. Une petite rue qui borde la place Coislin à Metz. Bernard pousse la porte de l'ANPE, Agence nationale pour l'emploi, avec quelques minutes de retard. Son atelier a déjà commencé. Une bonne douzaine de personnes dont cinq du sexe dit faible, sont autour d'une grande table. Les unes ont sorti un calepin et un crayon. Les autres comptent sur leur mémoire. Tous les participants ont la même volonté : ouvrir une boîte, un magasin, une entreprise. Bref, ne plus être salarié, encore moins chômeur, mais devenir patron. Patron ou chef d'entreprise. Et même Vizir à la place du vizir en reprenant une entreprise.

Claude, appelons-le Claude, qui intervient au nom de l'ANPE va donner en une heure et demie, de nombreuses pistes. Au préambule,  il prévient : " Vous voulez créer votre entreprise ? Il faut bien penser à tout ". En vrac il cite l'emplacement : " Un magasin à Metz fonctionne mieux qu'à Rémilly ou Moyeuvre ".  Une zone franche ? : " Vous avez vraiment envie de vous installer à Borny ? ". Il parle d'étude de marché et donne sa recette : " Vous vous mettez au coin de Virgin et vous demandez aux gens : est-ce que vous serez clients si j'ouvre tel magasin? " Par contre pour une entreprise de service ou de bâtiment il dit : " Pas besoin d'être rue Serpenoise ou rue des Clercs. "

Pédagogue en diable, Claude poursuit : " Quelles sont vos motivations ? Devenir riche ? Etre tranquille. Si vous devez gagner moins que le SMIC, restez salarié. "  Plus réaliste encore : " Avez-vous les capacités à gérer ? Dans une entreprise, Il faut trouver un chantier, travailler, faire les devis, puis les factures. Etre patron, cela suppose des journées de 15 ou 16 heures de travail... "

Les méandres du labyrinthe
On sent déjà une certaine déstabilisation chez les stagiaires. " Je vous donne un excellent site : www.apce.fr, il est très bien fait. " L'animateur parle aussi de l'INPI, Institut national de la propriété industrielle. " Vous ne pouvez pas choisir n'importe quel nom. Ainsi un procès a opposé le Bristot " du " sommelier de Paris au Bistrot " des " sommeliers  de Metz, ou la marque Céline à Paris avec la boutique du même prénom à Nancy. "

Pour avancer encore, Claude explique quelques méandres du labyrinthe. " Il faut se déclarer à des endroits différents selon son activité. Une entreprise à la Chambre de métiers, un commerce à la CCI, une profession libérale à l'Ursaff, une activité d'artiste ou d'auteur aux Impôts. " Bref le parcours n'est pas simple.
" Quelles sont les aides ? " demande un stagiaire. " Une exonération des charges  la première année, sous certaines conditions. Et même un petit " pactole " si on a droit à l'ACCRE, une aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise, avec une exonération des cotisations sociales pendant 12 ou 24 mois. "

Sans oublier les aides... paradisiaques de l'EDEN (Encouragement au développement d'entreprises)  d'un montant de 6098 euros, les chèques conseils d'une valeur de 45 euros et qu'on ne paie que 15 euros, les prêts à la création d'entreprise de différents organismes, les aides pour se former. Bref , un listing plutôt large qui donne le sentiment qu'un chômeur  peut être épaulé, à condition de le vouloir.

Presque en bon père, Claude recommande  : " Il ne faut pas confondre chiffre d'affaires et bénéfices. Je ne veux pas vous voir rouler en Porsche et six mois plus tard en vélo. "  Claude rappelle qu'il faut établir un bilan au bout d'un an. " Avoir un expert n'est pas indispensable. Et si vous constatez que ça ne marche pas, ce n'est pas déshonorant d'arrêter. " ? Puis il laisse la parole aux " stagiaires ". " Est-ce que je peux ouvrir une entreprise si je suis interdit bancaire ? " demande l'un ?  " Peut-on faire un prêt dans un autre pays que la France. " demande un autre. " Dans les deux cas, la réponse est oui."

Une dame a une idée originale de commerce : " Ça existe en Angleterre, pas en France. " On n'en saura pas plus.  Un jeune homme,  viré de la sidérurgie veut se reconvertir dans l'informatique.
Un stagiaire regrette que l'ANPE ne lui ait pas procuré beaucoup de travail :" Je suis en intérim depuis 22 ans. Je voudrais maintenant ouvrir ma boîte. "
Et à la fin de la séance, Claude assène une vérité : " Seules 3,8% des entreprises survivent au-delà de cinq ans. " Un peu pessimiste ?

Mais Bernard est confiant. Il va encore suivre un " atelier de création d'entreprise " pour affiner son projet et peut-être ouvrir sa boîte.  
Merci l'ANPE !

    soyez le premier à réagir à cette information.
Ajouter un commentaire
 
Objet:
   
Nom:
E-mail:
Site Web:
 
(pas d'HTML - les liens sont convertis si ils sont préfixés par http://)
 
se souvenir?