à l’intérieur

mercredi 20 juin 2007 16:45 par Fernand-Joseph Meyer    

de Julien Maury & Alexandre Bustillo
avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle,Nicolas Duvauchelle.

Le cinéma dit de genre va-t-il enfin trouver sa place dans le cinéma français dont certains louent parfois hâtivement la diversité ? Avec « A l’intérieur », nous voilà comblés. C’est l’horreur poussée à tous les paroxysmes. Le pitch est simple. Sarah, photographe de presse, vit un réveillon de Noël cauchemardesque. Elle est enceinte. Quatre mois auparavant, elle a survécu à un accident de la route.  

Ce matin même, elle a consulté son gynécologue. L’accouchement aura lieu le lendemain. Dans la salle d’attente, une infirmière allumée lui raconte ses grossesses. Pour le premier, dit-elle, « je suis restée douze heures dans la salle de travail… le résultat ?... il est mort-né ! ». Elle quitte Sarah non sans la conforter : « Profitez bien de votre dernière nuit au calme ! ». Sarah rejoint son pavillon de banlieue… Au loin, les voitures brûlent dans les cités…

Le cauchemar commence…  Nous sommes loin des petites agitations à la Tarantino. Pour leur premier film, les deux jeunes cinéastes ont misé très haut. Dans le générique final, ils remercient trois pointures qui se sont penchées sur leur œuvre naissante : Claude Chabrol, Gaspard Noé et Sam Raimi, de grands amateurs du cinéma de genre. « A l’intérieur » brûle de la même intensité qu’ « Evil Dead », le film-culte de Sam Raimi. Le choc cinématographique est pleinement assumé. Les âmes trop sensibles se consoleront avec les prochaines « harry-potteries ». Car « A l’intérieur » tourne comme un conte macabre à l’excès. Sa radicalité est époustouflante et on baisse les yeux plus d’une fois face à tant de brutalité filmée frontalement. L’écriture du scénario est  méticuleuse à souhait et tout est filmé au cordeau. Sans temps morts ni bavures. Hormis les trombes de sang déversées durant les séquences les plus effroyables… Au conte de Noël complètement dévoyé, les deux cinéastes ajoutent un autre méfait : démolir le tabou de la femme enceinte menacée par une psychopathe. Béatrice Dalle en ogresse sanguinaire accomplit la besogne. Actrice atypique, elle réactive toutes les grandes prêtresses du cinéma d’horreur et, avant tout, Barbara Steele, l’égérie du grand Mario Bava.

Comme tous les films d’horreur, celui-ci est court et sa vision n’en est que plus lancinante. Les amateurs pointilleux apprécieront. Après « Haute tension » (2003) d’Alexandre Aja, Julien Maury et Alexandre Bustillo maintiennent haut la barre du thriller horrifique à la française.
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