" Il n'est pas de problème aussi difficile soit-il qu'une absence de décision ne finisse par résoudre " disait Lao Tseu, un philosophe chinois. Cette maxime mêlant une sagesse apparente à une résignation élevée au rang de culte semble être devenue la philosophie des appareils politiques régionaux en cette veille de législatives. La désignation d'Aurélie  Filippetti comme candidate du PS dans la circonscription de Bouzonville-Rombas en est une illustration. Nous allons y revenir.
Mais le plus amusant c'est qu'un jeu du même registre, même s'il était moins instantané, a eu lieu    dans la même circonscription pour aboutir à l'investiture d'Alain Missoffe par l'UMP. A l'arrivée cette confrontation de deux jeunes pousses à filiation et à image nationales nous offre un match plutôt people, un duel à même d'attirer sur la Lorraine des projecteurs nationaux qui auraient sans doute hésité à s'y arrêter.
Dans un environnement où les structures politiques locales essayent tant bien que mal de jongler avec les privilèges des sortants, les consignes nationales, les obligations liées à la parité et le besoin souvent exprimé de renouvellement (chez les autres !)... la saga de Rombas est une belle histoire. Saga de Bouzonville-Rombas devrait-on dire puisque cette circonscription (la 8e de la Moselle) se coule de la vallée de l'Orne à celle de la Nied en passant par Hagondange
Il y a cinq ans, pour la deuxième fois consécutive, le PS, en l'occurrence Jean-Marie Aubron, y faisait mordre la poussière à l'homme qui était incontestablement la référence du secteur : Jean Kiffer le mirobolant maire d'Amnéville. Malgré des scores spectaculaires au premier tour le Docteur ne parvenait plus à passer le second. Pour cause de soutien ou de sanction, parfois les deux,  du Front national. Toujours est-il que Jean Kiffer, élu pour la première fois député en 1973 en battant Jean-Marie Rausch, a décidé il y a quelques mois de ne plus y aller.
Et du coup la candidature d'Alain Missoffe qui planait depuis quelques années au dessus de la Moselle, a trouvé terrain à s'exprimer au grand soulagement de certains éléphants bleus. Autant les UMP historiques, gaullistes et centristes du coin étaient unanimes à louer les vertus de la famille Missoffe, du père et de la mère anciens ministres de De Gaulle, de la sœur Françoise de Panaffieu et même du beau-père Ernest-Antoine Sellières ancien patron du Medef, autant ils montraient peu d'empressement à accueillir le rejeton sur leur propre territoire. Sait-on jamais ! La création d'une entreprise dans le domaine médical avait beau être la version officielle, économique et vérifiée de l'implantation d'Alain Missoffe en Lorraine, le volet et la passion politiques étaient tellement évidents qu'ils ne trompaient personne.

Alors bienvenue Alain mais pas à Metz, pas à Woippy, pas en Moselle-Est, pas  vraiment à Thionville non plus.  Dans la Fensch, noyau dur résistant de la gauche c'était un peu dur. Alors ? Rombas-Bouzonville bien sûr ! Une évidence biblique appuyée par la proposition d'élus locaux ruraux et qui avait fait naître des regrets de dernière minute du côté d'un Jean-Jacques Aillagon qu'on avait presque oublié. Trop tard.
 
Le même scénario, mais en accéléré vient donc d'avoir lieu à gauche. Jean-Marie Aubron ayant finalement décidé de ne pas se représenter,  Aurélie Filippetti, écrivain, fille d'un historique du PCF et ancien maire d'Audun-le-Tiche a été investie sur Rombas-Bouzonville.  Membre du staff de Ségolène Royal lors de la dernière campagne, conseillère de Paris, plutôt jolie et branchée, celle dont la candidature à Longwy bien que parrainée par Paris était assez mal engagée, sera donc miraculeusement la femme de la situation. Du coup le PS lorrain respire et Aurélie peut enfin partir à l'attaque d'un territoire. " Les derniers jours de la classe ouvrière ", titre de son premier roman lui inspirent déjà ses premières piques contre le descendant des Wendel et même Ségolène pourrait être appelée à la rescousse avant la lutte finale.
Il va y avoir de la Rombas dans l'air !