silence on tourne...

samedi 21 avril 2007 15:40 par la Semaine    Metz

... la page au RL !

Une dépêche AFP à 19 h 00 jeudi dernier pour annoncer qu'après le feu vert de Bercy la vente venait d'être définitivement signée. Quelques lignes anodines dans un coin de page du Républicain Lorrain le lendemain pour confirmer.  Le Crédit Mutuel est devenu officiellement propriétaire de 100 % du quotidien mosellan en rachetant la totalité des actions de la famille Puhl-Demange. " No comment "  de part et d'autre. Les grandes douleurs sont muettes parait-il. Les grandes stratégies aussi. Du côté du personnel on s'interroge. Du coté des lecteurs, on attend d'être informé.

" Dès vendredi l'ours sera modifié " : en  confirmant à l'AFP la finalisation de la vente, jeudi à Paris, des actions de la famille Puhl Demange au Crédit Mutuel le directeur de la communication du Républicain Lorrain rajoutait que dès le lendemain l'ours, c'est-à-dire le petit encadré dans lequel figurent obligatoirement  les noms de l'éditeur et du directeur de la publication d'un journal  serait modifié. L'ours du RL est resté, jusqu'ici obstinément identique à ce qu'il était  et les lecteurs, même les plus assidus ont eu de bonnes chances de passer à côté de l'information publiée sur une colonne  vendredi pour confirmer la vente.  Une cession  dont le projet n'avait été admis que du bout des lèvres, sur deux colonnes quand même,  en décembre dernier.  Rien à voir avec les titres ronflants qui, quelques jours auparavant et en pleine négociation de vente, saluaient l'attachement indéfectible de la famille Puhl à son journal, à ses équipes et à sa région.
Déjà actionnaire à 49 % du groupe de l'Est républicain qui contrôle aussi les dernières Nouvelles d'Alsace ( Strasbourg)  et s'en porté acquéreur du tout le pôle Rhône Alpes de l'ancien groupe Dassault, le Crédit Mutuel Centre Est Europe, propriétaire du journal l'Alsace à Mulhouse, a donc acquis le RL. Il s'agit en fait de l'ensemble des sociétés du groupe de presse resté jusque là indépendant, employant  626 personnes et ayant réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 88 millions d'euros.

Avant les élections

Conclu fin novembre l'accord aurait du entrer en vigueur dès mars mais un retard du  Ministère des Finances pour donner son feu vert avait  décalé le calendrier. Entre temps en effet le Conseil d'Etat avait cassé une autorisation donnée par Bercy au groupe Ebra ( Est Républicain et Crédit Mutuel) pour le rachat du pôle des quotidiens de la région Rhône-Alpes. Même si les deux affaires n'étaient pas directement liées ni techniquement identiques on avait pu penser  qu'aucun feu vert dans ce domaine réputé délicat des concentrations de presse ne serait donné avant les élections. L'argument contraire avait aussi ses défenseurs et il a été entendu : Bercy a donné son aval et la vente a été signée. Le montant n'en est toujours pas officiellement connu. Certains parlent de 100 millions d'euros ce qui serait dans la logique du chiffre d'affaires. Des sommes nettement plus importantes, de l'ordre du double sont aussi évoquées par des milieux financiers souvent bien informés.


Au niveau pratique cette vente va se traduire par le départ de Claude Puhl PDG et de Mathieu Puhl, directeur général du R.L.  Le nom de Michel Lucas ou  celui d'Etienne Pflimlin sont le plus souvent cités pour prendre la présidence. Pour la direction opérationnelle, la question de posait de savoir si c'était la filière financière ou professionnelle presse qui serait privilégiée. Le nom de Jean Dominique Pretet, président du directoire de l'Alsace avait été cité mais le choix s'est porté sur  Pierre Wicker, un financier de tempérament.  C'est le conseil d'administration du RL, dans sa nouvelle composition qui devra valider cette nomination.
En interne, un comité d'entreprise extraordinaire avait été envisagé pour ce dernier jeudi mais n'a pas pas été convoqué. C'est un CE ordinaire qui aura lieu lundi prochain.

Des sensibilités différentes

Les différents collèges ne sont pas logés à la même enseigne. Les journalistes (150 personnes)  bénéficient d'une clause de cession permettant un départ volontaire avec indemnité. Celle-ci doit être mise en route de façon imminente et le préavis, selon le syndicat CFDT sera de un à deux mois. Une trentaine de personnes pourraient être concernées. Au-delà de l'aspect financier, c'est  le nouveau recul du pluralisme dans la presse quotidienne régionale qui est mis en évidence par les syndicats ainsi que leur attente d'une politique rédactionnelle cohérente.
Le collège des techniciens, dont la réduction était programmée compte tenu des nouveaux matériels s'inquiète de conditions de départ, de la poursuite du plan d'investissements et de l'acquisition d'une nouvelle rotative qui devait permettre le changement de format et le passage en quadrichromie. Les personnels des services administratifs et publicitaires partagent ces interrogations sur les conditions de l'exercice de leur métier même s'ils s'avèrent plus immédiatement sensibles aux garanties de continuité de l'entreprise qu'apporte l'arrivée du Crédit Mutuel.
Les prochains jours ou les prochaines semaines devraient permettre aux vendeurs comme aux acquéreurs d'expliciter leurs points de vue et leurs intentions... histoire de faire un peu meilleure impression.