Robert Schuman

vendredi 20 février 2009 12:34 par AS    Metz

« 60 bonnes raisons de ne pas fermer le collège»

de gauche à droite, Jean-Michel Leibhardt, Sabri Mahouachi et Bérangère Gori : 3 professeurs en lutte.

Même en vacances, ils continuent d’organiser la résistance. Les parents d’élèves et les professeurs de Schuman font tout pour que leur collège ne soit pas celui désigné par la troisième commission du conseil général. Ils luttent depuis le 17 novembre 2008, date où ils   ont appris que Schuman était sur la liste noire du conseil général.

Deux collèges de l’agglomération messine devront fermer leurs portes   d’ici 2011 et Schuman est dans la ligne de mire. Devant la fronde provoquée par cette décision, le conseil général avait décidé le 2 décembre de remettre le choix à plus tard. Il sera fait le 11 mars, la troisième commission proposera deux noms. Juste un sursis peut-être,   quelques mois pour espérer et pour organiser la résistance. A Schuman, elle prend d’abord la forme d’un dossier. 60 pages pour le   maintien du collège, 60 raisons pour ne pas fermer l’établissement. Il sera remis à tous les intéressés : l’inspecteur d’académie, le maire   de Metz, le président de l’agglo, le président du conseil général et   d’autres élus.

Jean-Michel Leibhardt est professeur de technologie depuis 7 ans à   Schuman. « Tout le monde a participé », explique-t-il. « Nous avons passé pas mal d’heures dessus. Ce dossier est le fruit du travail d’enseignants et de parents qui pensent que ce collège a non seulement une âme, mais une nécessaire présence dans ce quartier de Metz». A l’intérieur, est inscrit tout ce que fait Schuman en plus des autres collèges. Entre autres, le pôle espoirs de handball, la présence   permanente d’une infirmière, la disposition d’un amphithéâtre,   plusieurs moniteurs de secourisme et quelques projets réalisés récemment : le jardin des collégiens ou le concours national de la   résistance et de la déportation. Mais surtout, professeurs et parents   d’élèves mettent en avant le fait que Schuman est une cité scolaire «  avec des espaces spécifiques pour les différents niveaux tout en étant   ensemble, avec un partage de matériel et d’espaces ». Une cité scolaire avec des élèves de la 6e à la terminale qui permet « aux 3es   de ne pas faire les malins face aux 6e car ils savent très bien que   pas très loin, il y a plus grand qu’eux. Et qui permet aussi à ces   mêmes troisièmes de ne pas avoir le stress de l’entrée en seconde,   quelquefois plus grand chez certains enfants que  le passage en 6e », explique Jean-Michel Leibhardt.

profond sentiment d’injustice
Il souligne « qu’un profond sentiment d’injustice » habite les   professeurs. Un argument avancé par le conseil général pour la fermeture de Schuman lui reste particulièrement en travers de la gorge : Schuman serait un collège d’évitement. Dans le dossier de défense, une large place est consacrée pour contrecarrer ce point. Il rappelle que « c’est par l’assouplissement de la carte scolaire souhaité par le président de la République Nicolas Sarkozy et mis en   application à la rentrée 2008, que des élèves de catégories   socioprofessionnelles défavorisées (élèves boursiers) ont pu obtenir   une dérogation de secteur scolaire et intégrer le collège Robert   Schuman ». Bérangère  Gori, documentaliste à Schumann, souligne : « En   cas de fermeture, on nous dit que les élèves seront replacés à Philippe de Vigneulles mais cela ne concerne que ceux qui viennent de   Vallières. Ceux de Borny iront au collège des Hauts de Blémont. On   leur ôte donc une chance d’avoir une scolarité différente. J’ai rencontré des familles qui m’ont dit : on nous referme un couvercle   sur la tête ».

Les élèves aussi ont réagi à la probable fermeture de leur collège,   les 6es surtout. « Ils ont fait le calcul et vu qu’ils seraient les victimes. Ils sont nombreux à m’avoir demandé d’en parler pendant la classe », explique Sabri Mahouachi, professeur de technologie. Et si Schuman fermait ? Les professeurs ne songent pas encore à cette hypothèse. « Quoi qu’il arrive, on ne perdra pas notre poste mais nous   ne sommes pas sûrs d’avoir le même investissement ailleurs », soulignent –ils . Ils seront tous réunis le samedi 7 mars pour la   journée portes ouvertes organisée au collège de 9h à 13 « pour mettre   en valeur nos réalisations ». Et marquer un peu plus les esprits. Profs et parents d’élèves sont déjà prêts à ressortir les banderoles   en cas de décision défavorable. « Dans ce domaine, nous avons fait   d’énormes progrès », lancent-ils  ironiquement.